La maltraitance des enfants, un sujet encore tabou


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La maltraitance des enfants, un sujet encore tabou

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/01/2013 PAR Nicolas César

Chaque jour, un enfant décède suite à des violences familiales. C’est ce qu’affirme le psychiatre Gérard Lopez dans son livre « Enfants violés et violentés : le scandale ignoré » aux éditions Dunod, qui vient de paraître. Pour lui, comme d’autres professionnels, les statistiques et les enquêtes concernant la maltraitance infantile ne sont ni assez nombreuses ni assez complètes pour évaluer l’ampleur de ce problème de santé publique qui serait largement sous-estimé. Des centaines de milliers de victimes seraient « oubliées »… Or, « le coût pour la société en matière de santé publique est très important. Et ce fléau touche toutes les couches sociales », rappelle le Dr Labri Benali, médecin-légiste au Cauva (Centre d’accueil d’urgence des victimes d’agression) à Bordeaux. « Que devient une fille violée à 10 ans quand elle a 30 ans ? Lorsqu’un enfant est maltraité, cela le marque à vie », poursuit-il.

Les prisons sont pleines d’adultes maltraités enfantLa recherche démontre que les enfants maltraités présentent de graves troubles du comportement. Devenus adultes, ils risquent 5 fois plus d’états dépressifs, 12 fois plus tentatives de suicide, 7 fois plus d’être alcoolique, 5 fois plus d’être toxicomane, 4 fois plus d’être bronchitique chronique, 2 fois plus de présenter un cancer, etc. En fait, les prisons sont pleines d’adultes maltraités enfants. Les chiffres délivrés par ces professionnels sont édifiants : 1 à 2 enfants meurent par jour sous les coups. Malgré tout, les signalements sont rares. Il n’y a eu aucun signalement à Paris en 2006.
Comment expliquer que le sujet reste encore tabou ? « Nos politiques n’ont pas encore pris la mesure du problème », déplore le Dr Labri Benali. « Il y a aussi une idéologie aujourd’hui qui fait croire que les enfants sont dangereux… pour les parents », s’indigne Gilles Lazimi, médecin généraliste du Centre Municipal de santé de Romainville et membre du Collectif féministe contre le viol et de SOS femmes 93. Il suffit de prendre, sans recuil, la Une du Nouvel Obs de cette semaine pour s’en convaincre. Le titre de Une est édifiant : « Nos enfants, ces tyrans ». « La maltraitance des enfants découle aussi d’une forme d’éducation qui est axée domination. Dans les cas de maltraitance qui bien souvent durent parfois sur plusieurs années, l’enfant devient un objet », analyse Gérard Lopez, psychiatre, directeur du centre de psychothérapie de l’institut de victimologie.
Les raisons de ce déni s’enracinent dans la culture. L’enfant doit respecter ses parents comme l’affirment les 10 Commandements et… le Code civil, et en toutes circonstances. Aujourd’hui, même les institutions ne jouent pas toujours leur rôle. « Un enfant a été enfermé pendant un an, mais l’école ne s’en est pas préoccupé ! », regrette-t-il. A l’évidence, la prévention est nécessaire pour faire changer les mentalités. Et, pour cela, il faut un message fort des politiques et une vraie formation des médecins au problème.

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