La justice restaurative pour réapprendre la liberté


Après un premier cercle de soutien et de responsabilisation lancé à Mont-de-Marsan en 2018, Limoges est la deuxième ville de la région à proposer ce dispositif complémentaire à la justice pénale destiné à d’anciens détenus en vue de leur réinsertion

Hélène Taesch et Sarah TrouvéThierry Laporte. Ville de Limoges

Hélène Taesch directrice adjointe du SPIP 87 et Sarah Trouvé médiatrice à la Ville de Limoges sont partie prenante de ce dispositif de justice restaurative.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/02/2024 PAR Corinne Merigaud

Comment aider des personnes sortant de prison à retrouver leur place dans la société ? Ce sera l’objectif du cercle de soutien et de responsabilisation qui va être formalisé cette année à Limoges. Cette mesure de justice restaurative vise à accompagner une personne qui sort d’une longue période de détention, à faciliter sa réinsertion sociale dans les actes de la vie quotidienne. Après des années derrière les barreaux, les anciens détenus doivent réapprendre à vivre dans une société qui a changé.

Initié par le Service Pénitentiaire d’Insertion et de Probation (SPIP) de la Haute-Vienne, ce projet a débuté par la formation des coordinateurs chargés d’encadrer les cercles animés par des bénévoles. Des personnels du SPIP, de la Ville de Limoges et du Secours Catholique ont d’abord été formés par l’Institut français pour la justice restaurative.

Une personne qui a passé 10, 20 ou 30 ans en détention ne sait plus vivre à l’extérieur. Il faut l’accompagner dans sa nouvelle vie

Ce dispositif fait partie du Plan local de sécurité et de prévention de la délinquance mis en place par la Ville de Limoges. Un appel aux bénévoles avait été lancé pour animer ce cercle dans les prochains mois. « La spécificité de ce cercle d’aide et de soutien est qu’il n’accueillera pas de victime mais un seul auteur précise Sarah Trouvé médiatrice municipale de quartier. Une personne qui a passé 10, 20 ou 30 ans en détention ne sait plus vivre à l’extérieur. Il faut l‘aider dans son quotidien. Elle ne sait pas utiliser une caisse automatique d’un supermarché ou rédiger un CV. L’idée est de former autour d’elle une communauté qui l’accompagnera dans sa nouvelle vie de citoyen. »

Douze places étaient proposées aux bénévoles qui ont suivi une formation de 21 heures. Les candidatures ont afflué, surprenant les porteurs du projet. La sortie, l’an dernier, du film « Je verrai toujours vos visages » de la réalisatrice Jeanne Herry a contribué à faire connaître la justice restaurative au grand public. Ce dispositif, lancé en France en 2014, monte en puissance depuis la circulaire du 15 mars 2017 qui encadre sa mise en œuvre.

Initiée au Canada dès 1994, la justice restaurative a été développée en France par le professeur de criminologie Robert Cario présent à Limoges, le mois dernier, pour former les bénévoles. « L’objectif est de lutter contre la récidive, d’éviter qu’il y ait d’autres victimes en travaillant avec l’auteur indique-t-elle. Les bénévoles seront en sécurité grâce à la présence des coordinateurs. »

Une heure par semaine durant 6 mois

Après une carrière dans le social, Jean-Luc retraité de 66 ans, s’est porté volontaire. Une décision dont il mesure pleinement l’engagement. « La personne qui sort de prison a sa place dans la société estime-t-il, elle a payé sa dette. Nous allons l’accompagner vers l’autonomie et le vivre ensemble pour qu’elle ait une vraie chance de retour à la normalité. Elle pourra ainsi sortir de l’isolement et de son milieu d’origine. Ce cercle est novateur et positif. »

L‘accompagnement va durer six mois à raison d’une heure par semaine. Au cours de sa carrière, Jean-Luc a été confronté quelques fois à des auteurs de violences mais cette configuration est inédite pour lui. « J’ai un peu d’appréhension, c’est bien légitime » avoue-t-il. Avant la rencontre avec l’ex détenu, il compte visionner le film « Je verrai toujours vos visages ».

La prochaine étape est prévue le 20 mars, le groupe de coordinateurs et les bénévoles se retrouvera pour préparer la rencontre avec l’ancien détenu. Quatre à cinq bénévoles seront ensuite chargés de l’accompagner. « C’est positif si on arrive à remettre quelqu’un debout confie Jean-Luc, la personne aura besoin d’écoute et de prévention.» Les bénévoles devront attendre quelques mois avant de rencontrer la personne choisie par le SPIP.

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