La fermeture de la piscine Galin à Bordeaux-Bastide fait débat


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La fermeture de la piscine Galin à Bordeaux-Bastide fait débat

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 27/01/2015 PAR Romain Béteille

« Cette histoire de piscine a commencé en septembre avec un imprévu désagréable, on a donc fait fermer par mesure de précautions. Il a fallu faire quelques petits travaux sur les gaines de ventilation, à cause de l’amiante », résume Arielle Piazza, adjointe au maire en charge des sports, de la jeunesse et de la vie étudiante. Il faut dire que depuis quelques semaines, la piscine Galin, située au niveau de La Bastide-Benauge, quartier considéré comme « défavorisé » de Bordeaux, suscite la polémique. Sur place, une habitante d’un logement social mitoyen nous confie que « tous les utilisateurs habituels ont migré vers d’autres piscines. Ici, ça fait des mois qu’il n’y a plus personne ». Seules rescapées, ces affiches placardées aux vitres : « Les résultats des analyses ont révélé qu’agents et usagers n’avaient à aucun moment été exposés à un risque sanitaire. Cependant, du fait de la dégradation des canalisations datant de la construction de la piscine en 1966 (…) la piscine ne devrait pas rouvrir avant fin 2015 ». 

Mais il y a quelques jours, coup de théâtre : finalement, les travaux ne seront pas uniquement concentrés sur la vidange, le remplacement de la centrale de traitement d’air et le fameux désamiantage, mais à une « totale refonte de l’établissement » selon la municipalité. Les études sont en cours et la fermeture pourrait durer jusqu’en 2017, en raison de la pression budgétaire qui règne sur le secteur, et les « mutualisations » des équipements sportifs annoncés sur la Métropole. Une situation que dénonce Emanuelle Ajon, conseillère PS : « La municipalité trouve le moyen de financer la Cité des Civilisations et du vin pour 20 millions d’euros mais on voit bien que la réponse n’est pas la même selon les moyens. Avec la future rénovation urbaine du quartier, le prix de l’immobilier grossit, le moindre espace donne envie. La Benauge va donc détruire des logements sociaux, et cette population partira à l’extérieur de Bordeaux. Moderniser un équipement, ça se prévoit. On va encore enlever un établissement public, c’est un choix d’investissement municipal, un choix politique », dénonce l’élue socialiste par ailleurs en campagne pour les élections départementales prochaines dans le canton de Bordeaux 5. « Ca fait 7 ans que je dénonce cet abandon de la proximité. Déjà, avec cette « amiante farceuse » qui n’apparaissait pas dans le premier rapport mais qui a été constatée sur place, je me posais des questions. Mais cette fermeture fait sérieusement réfléchir à l’éventuelle disparition de cette piscine… ». 

De l’importance du coûtArielle Piazza tempère : « Ca nous coûterait plus cher de fermer 2 fois, nous voulons donc nous servir de cette fermeture pour engager une réhabilitation de la piscine, l’adapter aux nouvelles normes d’accessibilités, en améliorer la sécurité, construire des jeux aquatiques, étendre la terrasse, créer un solarium… Le projet est à hauteur de 7 millions d’euros. C’est évidemment une de nos priorités, on ne peut pas se passer de cet équipement qui a beaucoup de valeur. On est prisonniers des procédures obligatoires. On sait ce que ça coûte en termes de valeurs sociales, mais il n’y a aucune raison pour que Galin soit une exception ». Et ce bâtiment n’est pas un cas unique dans le quartier. Déjà, en novembre dernier, le stade Galin, situé non loin, rue Petit-Cardinal, était l’objet d’une plainte de riverains qui dénonçaient des nuisances sonores. Plus d’une centaine d’entre eux avaient d’ailleurs signé une pétition pour dénoncer le problème. 

Mézine Salim réside depuis 40 ans dans le quartier. Quand on lui demande ce que lui inspire cette situtaion, il n’hésite pas à dénoncer : « La piscine fermée, il n’y a plus grand chose ici pour les jeunes. Certains traînent dans la rue, sont désoeuvrés. On a l’impression que la ville ne met pas les moyens pour que la situation évolue ». D’autant que la majorité aura fort à faire pour se détacher de ses « contraintes administratives » depuis le renforcement drastique de la législation concernant le désamiantage. Durcissement des procédures d’intervention, multiplications des analyses de l’air… La France, sur le sujet, possède d’ailleurs la législation la plus protectrice du Monde, avec des seuils limites dix fois supérieurs à des pays comme l’Allemagne ou la Suisse. Depuis juillet 2012, les plaques en amiante non friables doivent obligatoirement être retirées par une entreprise spécialisée… et la facture peut monter très vite,  

Un épiphénomène ? En attendant d’avoir une échéance plus claire qui permettrait de dissiper les incertitudes, le personnel du collège Jacques Ellul, situé à quelques rues de la piscine, envisage d’adopter des solutions alternatives. Pascal Mercier, le principal, essaye de trouver des compromis. « On va reporter l’utilisation de la piscine, même si on a des programmes à respecter. On va devoir aller dans d’autres établissements, ce ne sera pas aussi pratique. Mais la réalité, c’est que beaucoup de nos élèves ne sont pas des nageurs. Plein d’établissements n’ont pas nécessairement de piscines à proximité. Si le calendrier confirme la fin des travaux pour 2016, nous ne devrions pas être pénalisés. Plus tard, ça m’inquiètera peut-être un peu plus ». Le dirigeant de l’établissement va même plus loin : pour lui, cette « migration sociale » dénoncée par Emanuelle Ajon n’est peut-être pas si négative. « Le quartier va certainement changer de visage, attirer une population plus favorisée. Il n’y aura pas d’abandon de terrains, ça va même le dynamiser. Le collège prévoit d’être déplacé pour la rentrée 2018, un pôle culturel sera créé à la place ». Pascal Mercier parle déjà d’investissements programmés : une opération « Bouge ta santé » à Bastide, sorte de « semaine du vivre ensembles entre la mairie, les clubs sportifs et les associations du quartier, prévue entre mars et avril. De quoi, peut être, donner une autre image des habitants de ce quartier qui vont tout de même, s’ils sont nageurs, pendant un certain temps, devoir aller nager ailleurs. 

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