L’agriculture biologique sort de sa niche


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L'agriculture biologique sort de sa niche

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/12/2016 PAR Solène MÉRIC

D’ici 2020, toutes les cantines et restaurants collectifs de France auront l’obligation de servir 40 % de produits locaux, dont 20 % de produits biologiques. L’amendement de la loi « égalité et citoyenneté », proposé par la député périgourdine Brigitte Allain est depuis quelques jours définitivement adopté. Une première nouvelle rappelée par Stéphanie Pageot, qui a enthousiasmé les participants à cette journée d’échange. Une bonne nouvelle qui en avait suivi d’autres : « le marché de la bio est en forte progression. Il est estimé à 7Mds d’euros à fin 2016, soit une progression de 20% sur un an ».
Des chiffres enthousiasmants également à l’échelle régionale, puisque Dominique Marion, le Président de la Fédération Régionale de l’Agriculture Biologique Nouvelle-Aquitaine, souligne graphique à l’appui, qu’en 2016 ce sont plus de 650 producteurs qui sont entrés dans l’agriculture biologique pour un total de 4867 producteurs occupant un peu plus de 207 000 ha, soit 5,53% de la surface agricole utile de la grande région.

« Tenter de construire avec la GMS une filière équitable »
Un double constat tant sur le terrain que dans les paniers des consommateurs que la profession qualifie volontiers de « changement d’échelle ». En d’autres termes la bio sort peu à peu de son marché « de niche » : « la progression de la bio est très importante dans les circuits spécialisés, et en vente directe », appuie la présidente de la FNAB, qui note aussi avec une satisfaction avouée, que le rythme de cette progression est moindre dans les grandes et moyennes surfaces. Cependant des rencontres avec ces acteurs sont organisés, afin justement « de tenter de construire avec eux une filière équitable », et ainsi d’éviter les travers que subit régulièrement l’agriculture conventionnelle en termes de marges, de prix et de rémunération des producteurs… en la matière ajoute-elle « tout est à construire avec eux ».
Au niveau régional, pour répondre à une demande du Président de la FRAB sur le lancement possible d’une « démarche cohérente et solidaire entre distributeurs et agriculteurs bio visant à une rémunération équitable de ces derniers», Philippe Lassalle Saint-Jean, Président d’Interbio, a fait part, à regret, de son scepticisme en la matière… tout en acceptant d’organiser des réunions au regard d’une « forte attente régionale ».
Au rayon des bonnes nouvelles, Dominique Marion, suivi par les autres acteurs présents a tenu à souligner que le passage au format grande région n’a pas remis en cause les engagements politiques de « maintenir les enveloppes d’aides à l’agriculture biologique par la Nouvelle-Aquitaine ». Comme l’a rappelé la Directrice adjointe de la DRAFF, Pascale Cazin : « aides de l’Etat, fonds Feader, aides de la Région et des Agences de l’eau confondues, l’agriculture biologique régionale a bénéficié de 94,8M€ de subvention en 2015. Pour 2016, sur la seule partie des aides de l’Etat, après un période d’incertitude, l’enveloppe des aides pour l’AB sera de 20M€ en Nouvelle-Aquitaine. Nous ne sommes plus inquiets, cela permettra de répondre aux besoins », a-t-elle assuré.

Les aides 2015 versées en février 2017
Pour autant, sur cette question des aides de l’Etat, les agriculteurs eux sont inquiets et ont élevé la voix sur un problème volontiers reconnu par la DRAAF adjointe : le retard des versements de ces aides. « En raison de retard sur le instructions de dossiers, les aides pour 2015, seront versées en février 2017 », a-t-elle annoncé… Quant à celles de 2016, « aucun calendrier n’est fixé ». Un problème d’autant plus aigu dans le département de la Creuse où il a été annoncé à des agriculteurs témoignant dans la salle que le paiement des aides pour 2015 ne pourrait pas avoir lieu avant le 3ème trimestre 2017. « Dans ces conditions même nos banques, à force d’attendre et de ne rien voir venir refusent de nous suivre pour du court terme afin que nous puissions assurer nos charges de roulements. Et quelque part on les comprend ! »… Sur le cas précis de la Creuse, une rencontre avec le Préfet du département est prévu ces jours-ci.

Un sujet qui a réveillé la fibre syndicale de Dominique Marion. Refusant de laisser prendre à partie la fonctionnaire, il a tout de même annoncé à la salle qu’« une action est en train de se monter, a minima au niveau de la Nouvelle-Aquitaine. Alors que les consommateurs veulent de plus en plus de bio, il faut aussi qu’ils se rendent compte de notre réalité. Certains sont menacés de faillite du fait du défaut de paiement de l’Etat… Et s’il faut attaquer l’Etat en justice, nous le ferons !», a-t-il prévenu. La bio sort de sa niche, mais parfois s’apprête à mordre pour défendre son os.

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