L’Université d’été du CECA donne les pleins pouvoirs à ses « grands témoins »


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L'Université d'été du CECA donne les pleins pouvoirs à ses "grands témoins"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 29/07/2017 PAR Romain Béteille

@qui.frLe questionnement de cette année est donc centré autour de la relation entre l’homme et le pouvoir. On ne peut s’empêcher de penser que le choix de ce thème correspond à un contexte très particulier, post-électoral, dans lequel l’hégémonie présidentielle est fortement discutée. Pourquoi avez-vous choisi ce thème ?

Christophe de La Chaise, directeur du CECA – On avait déjà un peu traité le thème du pouvoir il y a une dizaine d’années en questionnant sur la responsabilité entre pouvoir et devoir. On s’est dit que ça pouvait être intéressant à développer dans l’entreprise. Il y a deux ans, on avait traité la question du bonheur au travail et, indirectement, celle de la transformation des pouvoirs. Il y avait évidemment une actualité chargée autour des élections mais on ne savait pas qu’elles allaient donner autant de place au rapport très particulier, parfois un peu ambigu, entre le pouvoir et les médias. On l’a vu avec l’affaire Fillon, notamment. Dans la notion de pouvoir, il y a aussi souvent celle d’une certaine exemplarité. Quand on écrit ce qui fait la qualité d’un chef d’entreprise, on la cite souvent, ne pas faire soi même ce qu’on ne veut pas que ses collaborateurs fassent. Beaucoup plus récemment, avec le limogeage du chef d’État Major des armées, on voit bien que ce dernier est dans son droit de dénoncer l’incohérence de la réduction du budget des armées. Si on est obligé de rappeler, de façon un peu brutale, qui est le chef, dès ce moment là on perd un peu de crédibilité. 

@qui.frParmi les sous-thèmes que vous allez aborder au travers de l’intervention de deux témoins au discours très divergeant, le transhumanisme paraît un peu hors contexte. Pourquoi avoir choisi d’en parler ? 

Cristophe de La Chaise – C’était très important de l’aborder, même s’il va être présenté de façon un peu spéciale avec un témoin vidéo et l’autre sur place. À travers ce thème, on traite de plein de sujets : le pouvoir de l’homme et son immortalité par exemple. Laurent Alexandre dit que c’est la première fois qu’une machine a battu un humain au jeu de go. On sait que dans ce jeu, il y a beaucoup plus de données non maîtrisables que dans le jeu d’échecs. Selon lui, ces constats vont s’accélérer avec les milliards investis, notamment chez Google dans la recherche de l’amélioration de l’homme. C’est finalement une notion de pouvoir et d’éthique qui est posée. Laurent Alexandre ne dit pas que le robot va remplacer l’homme dans l’entreprise mais pose la façon de rendre l’homme beaucoup plus intelligent pour qu’il ne soit jamais dépassé par la machine et que cette dernière ne puisse jamais en prendre la commande. On voulait avoir quelqu’un de tranché qui ait des convictions en face, en l’occurence Hadjadj, qui puisse replacer le débat à l’échelle humaine, notamment autour de la question de l’éthique.  Jusqu’il y a vingt ou trente ans, on savait qu’à chaque fois que l »homme inventait, c’était pour le bien de l’humanité. Aujourd’hui, on se pose parfois la question. 

@qui.fr – Vous privilégiez, au travers d’une dizaine d’invités chaque année, des témoignages et histoires fortes, racontées par des personnalités qui ont, souvent, une leçon à tirer de leur vécu. Pour quelle raison avoir choisi cette méthode et quels témoignages sont susceptibles d’être le plus retenus cette année selon vous ?

Dans les plus connus, Raphaël Enthoven va certainement marquer le public parce que c’est un magicien des mots. Je ne suis pas d’accord avec toutes ses idées, mais je pense qu’il est très à l’écoute et qu’il a un don pour faire passer des choses. Forcément, les témoins de vie font partie de la liste, dont notamment Chekeba Hachemi, cette femme qui a quitté à onze ans son pays occupé par les soviétiques et est revenue un jour chez elle pour devenir diplomate par la suite. Idriss Aberkane (chercheur en neuro-sciences) est aussi quelqu’un de jeunes qui apporte de nouvelles idées sur la connaissance, l’amour de ce qu’on fait. Il travaille sur le biomimétisme -la tendance qu’à l’homme d’être un prédateur par rapport à la nature et comment il serait intéressant pour lui de la copier- et l’économie de la connaissance – le seul domaine, selon lui inimité. En fin de compte, on a voulu, comme chaque année, avoir une dizaine de personnes qui soient, sinon les plus expertes dans leur domaine, en tout cas celles qu’on attend. On voulait avoir le panel le plus large possible. Cette année, on a par exemple trouvé trois philosophes, mais ils sont tous les trois très différents. Raphaël Enthoven est très médiatique mais n’a, par exemple, rien à voir avec Christian Monjou, enseignant à Henri IV et spécialiste des civilisations anglo-saxonnes. Il va parler de l’exemplarité du pouvoir en décrivant des tableaux de maîtres. Enfin, Fabrice Hadjaj est, lui, un philosophe chrétien qui s’intéresse énormément à l’homme. Les gens sont très sensibles au langage vrai, à la fragilité et à l’émotion. 

Christophe de La Chaise – On sait que ce qui fait la réussite d’une université, ce sont des experts, des spécialistes. Comme Claude Onesta sur la réussite d’une équipe : ce n’est pas simplement parce qu’elle est performante, c’est aussi parce qu’il y a une notion de « management libéré » en laissant beaucoup d’autonomie aux joueurs pour prendre une décision. Dans son livre, il dit qu’aujourd’hui, tout est filmé et les équipes adverses arrivent très bien à décrypter les stratégies, d’où l’importance que les gens aient une certaine liberté pour décider de ce qu’ils veulent faire. C’était intéressant de connaître sa manière de rester à un très haut niveau sur la durée (il a été manager de l’équipe pendant dix ans). Concernant Claire Ly et Ladji Diallo, on sait que nos participants attendent ces témoignages de vies, ce sont des gens qu’ils n’ont pas l’habitude de rencontrer dans la vie de leur entreprise, même les grosses boîtes qui font de plus en plus souvent appel à des grands témoins. Tous ces témoins ont un rapport avec le pouvoir. Claire Ly a subi le pouvoir de la dictature des khmers rouges; son mari, ses deux frères et son père ont été fusillés. Il y a d’une part la question de la survie dans un pouvoir qui détruit l’homme mais aussi la manière dont on peut reconstruire sa vie. Dans le cas de Ladji Diallo, il s’agit plutôt d’une histoire individuelle, celle d’un garçon qui était extrêmement violent à l’adolescence. Son unique but, c’était la castagne, que ce soit dans la rue ou dans le cadre scolaire. C’est une histoire de rencontres, il a pu avoir l’opportunité avec ses frères et soeurs de partir en colonie de vacances dans les Pyrénées et en observant d’autres jeunes qui allaient à l’église la nuit pour prier, lui qui n’avait jamais connu ça a découvert quelque chose et s’est converti. On est plutôt dans le pouvoir de changer de vie, on aime bien aussi pouvoir transmettre de belles histoires. 

L’info en plus : Pour ceux qui souhaiteraient en savoir plus, l’intégralité du programme (comprenant notamment les horaires des conférences et l’ordre de passage des différents intervenants) de cette vingt-troisième Université Hommes-Entreprises est disponibles sur le site www.universitehommes-entreprises.com.

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