L’INSEE se penche sur la mobilité des jeunes après le bac


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L’INSEE se penche sur la mobilité des jeunes après le bac

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/06/2018 PAR Nicolas Laplume

En 2015, plus de la moitié des bacheliers de Nouvelle-Aquitaine, soit 55% d’entre eux, ont dû déménager pour poursuivre leurs études. Ils représentent la plus grande part de mobilité chez les jeunes puisque c’est logiquement après le bac qu’ils sont poussés à déménager pour accéder aux études supérieures (73,6% des diplômés aquitains poursuivent leurs études après le bac). Le plus souvent, ils se dirigent naturellement vers les grandes villes, où l’offre de formation est la plus large : Bordeaux, Poitiers et Limoges. Parmi ces bacheliers qui changent de résidence, ils sont 28% à se diriger vers une autre zone de la région, 13% à rester dans la même zone et 14% à sortir de la région. L’offre de formation organise donc les différents flux de mobilité étudiante. Il en est de même pour les bacheliers (principalement issus des filières professionnelles) qui s’orientent vers une insertion dans la vie active car ce sont aussi dans ces villes que se concentrent les pôles d’emplois.

Forcément, ces flux ont un impact important sur les zones où l’offre de formation supérieure est quasi nulle. Pour les néo-bacheliers résidants dans ces secteurs, le déménagement devient presque obligatoire s’ils veulent éviter des déplacements quotidiens trop longs ou trop couteux. Les étudiants de Nouvelle-Aquitaine qui ont décidé de déménager parcours en moyenne 10,4 km (aller simple) quotidiennement pour atteindre leur lieu d’enseignement. C’est deux fois moins long que pour ceux qui ont décidé de ne pas déménager (20,4 km). Parmi les étudiants qui n’ont pas déménagé et qui vivent dans les zones d’offres peu diversifiées comme à Marmande, Jonzac, Royan, Bressuire ou Pauillac, les distances moyennes s’accentuent encore plus. En effet, un étudiant vivant dans une de ces zones doit parcourir en moyenne entre 65 et 80 km pour se rendre sur son lieu d’étude. Une distance qui peut notamment avoir des répercussions sur leur implication et leur poursuite des études supérieures, tant la qualité du trajet (réseau routier et ferroviaire, présence ou non de transports en commun) peut varier selon les coûts et les délais . Ils sont donc le plus souvent contraints à changer de résidence ou à adapter leurs études en fonction de leur situation géographique.
Si l’offre de formation apparaît comme le principal organisateur de ces flux de mobilité, l’étude de l’INSEE montre qu’ils sont aussi influencés par une dimension plus sociale, particulièrement de l’environnement familial.

Un facteur social déterminant de cette mobilité

Ce n’est pas un secret, les grandes écoles, universités de sciences et de santé sont en grande partie choisies par des étudiants issus de la catégorie socioprofessionnelle « très favorisée » (parents cadres, enseignants, chefs d’entreprise…). Ces formations se concentrent principalement à Bordeaux, Poitiers et Limoges. A l’inverse, les sections de techniciens supérieurs (STS) sont plus fréquentées par les étudiants issus de la catégorie « défavorisée » (parents ouvriers où n’ayant jamais travaillé). Ces STS ont la particularité d’être accessible sur une grande partie du territoire en Nouvelle-Aquitaine, y compris dans les zones où l’offre de formation est peu diversifiée. Les bacheliers de la catégorie « défavorisés » et résidants dans ces zones sont plus nombreux à se diriger vers une formation STS (40%), plus accessible et sans contraintes de déménagements, que dans les zones où l’offre est plus complète (34%). Pour résumer, ils adaptent leurs études en fonction de leur situation sociale et géographique. Ainsi, le capital économique, éducatif et culturel des parents impacte la mobilité et le choix des études supérieures. Dans les zones où l’offre de formation est moyennement diversifiée (La Rochelle, Bayonne, Pau, Agen…) les bacheliers issus de la catégorie « très favorisée » sont 60% à changer de résidence, contre seulement 45% pour ceux issus de la catégorie « défavorisée ».

Ce travail d’observation apporte des précisions sur les facteurs géographiques et sociaux qui conditionnent les flux de mobilités des jeunes en Nouvelle-Aquitaine. Cependant, il ne faut pas oublier d’autres paramètres nationaux qui viennent s’ajouter à ces facteurs, comme la présence ou non d’entreprises sur le territoire, le besoin en diplômés selon la spécialisation géographique, ou encore le degré d’autonomie de chaque étudiant.

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