L’Arbre et la Forêt, où la déportation pour homosexualité est enfin évoquée au cinéma


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L'Arbre et la Forêt, où la déportation pour homosexualité est enfin évoquée au cinéma

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2010 PAR Thomas Guillot

A la fin du film, un carton nous informe que l’Etat français a attendu 2001 pour reconnaître ses torts dans les déportations pour homosexualité. Les réalisateurs ont rajouté ensuite, lors de l’échange avec le public, que les chiffres ne seront sûrement jamais connus puisque les témoignages manquent terriblement. L’histoire du film se déroule en 1999, dans une ambiance de fin de millénaire et de tempête. Le discours de Lionel Jospin n’a pas encore été prononcé et cela fait plus de 50 ans que Frederick, le père, garde son secret.

Le film débute par un deuil, celui du fils ainé. Comme dans Crustacés et Coquillages, un de leurs précédents films, moins grave mais tout aussi juste, le spectateur habitué des films français prévoit sans peine la suite des évènements. On se dit que la famille va pleurer, beaucoup, s’engueuler, se réconcilier et nous montrer ses blessures grandes ouvertes. Et comme dans Crustacés et Coquillages, le film nous surprend par sa justesse, sa déprime et sa retenue (seul le benjamin délaissé et alcoolique se laisse aller à des accès de rage). Le deuil n’est pas oublié au bout de deux scènes et il reste présent tout au long du film en filigrane. Mais le deuil est tout simplement mis en sourdine par le secret, thème moins larmoyant et plus énigmatique (forcément). Une ambiance assez lourde, ponctuée par des moments de grâce, d’humour mais surtout de contemplation intense. Ici, un plan de deux minutes au dessus de la cime des arbres sur fond de Wagner ; là, le visage parcheminé de Guy Marchand qui regarde par la fenêtre.

Le casting, mélange d’acteurs que l’on voit trop peu et de jeunes pousses prometteuses s’en sort merveilleusement bien dans ce décor simple. Une maison au milieu de la forêt et un arbre planté en 1943 comme seul repère symbolique. Pas de reconstitutions, juste le témoignage d’un homme (qu’on aurait aimé appuyé par quelques entretiens réels avec des rescapés, comme dans Shoah, pour plus de force). Sans misérabilisme, sans pathos, juste des mots et la figure grave de Guy Marchand. A la sortie du film, on croisera par un heureux hasard une classe de lycéens en larmes à la sortie du film La Râfle sur le Vel d’Hiv. Sûrement la différence entre le devoir de mémoire sans finesse (mais nécessaire pour les plus jeunes) et la mise en lumière subtil d’un sujet tabou.

Thomas Guillot

l’Arbre et la forêt, drame en huis clos d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau avec Guy Marchand, Françoise Fabian, Sabrina Seyvecou

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