L’agriculture d’Aquitaine au coeur de la crise, s’engage sur la voie d’une réflexion stratégique


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L'agriculture d'Aquitaine au coeur de la crise, s'engage sur la voie d'une réflexion stratégique

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 09/09/2009 PAR Joël AUBERT

Dominique Graciet le président de la Chambre régionale a donné le ton en évoquant la « crise la plus médiatique » celle du lait où le revenu en quelque sorte a disparu : une baisse de 17% du prix payé au producteur, entre 270 et 280 euros les 1.000 litres au mieux en 2009 mais qui ne peut faire oublier que le prix est tombé jusqu’à 220 euros. « En deçà de 300 euros le travail n’est pas rémunéré » ; en effet les charges sur la même période ont cru de 10%. Et Dominique Graciet, en accord avec ses collègues, et en premier lieu Jean-Pierre Raynaud, président de la chambre de la Dordogne et de la coopération régionale, a pointé les entreprises qui « sous paient »le lait, une distribution qui « ne joue plus jeu » ; la situation étant aggravée par la loi de modernisation de l’économie.

La production laitière en grand danger
La question de fond n’est, ni plus ni moins, aujourd’hui, que celle de la survie d’une filière qui représente 2.800 livreurs, une collecte de 700 millions de litres et quarante entreprises de transformation employant 6000 personnes. La suppression des outils de gestion au niveau européen, l’ouverture à la concurrence mondiale viennent percuter la production nationale et, singulièrement, celle de l’Aquitaine. Les enjeux du maintien des exploitations sont d’autant plus importants que, déjà, malgré de grands efforts de modernisation, celles-ci ne peuvent atteindre le niveau des quotas disponibles pour la région. Ils le sont, bien plus encore, lorsque l’on sait, à quel point, le lait est souvent la production la plus adaptée à des zones menacées par l’abandon des terres et l’absence de succession.

Une conférence régionale


La profession juge cette situation si importante qu’à l’initiative, en particulier du syndicalisme, elle va se retrouver autour d’une conférence régionale sur le lait. Non point que toutes les solutions soient d’essence régionales dans un marché de plus en plus mondialisé mais parce qu’il s’agit, selon le mot de Dominique Graciet de « se faire respecter ». Respecter en ne demandant pas aux producteurs de « geler les quotas » alors que ceux-ci n’ont pas été atteints ces deux dernières années ; respecter en « faisant prendre conscience aux élus des dangers dont ils ne se rendent pas compte » ; utiliser des enveloppes régionales prévues pour accompagner les investissements et qui, n’ayant pas pu être consommées, devraient pouvoir maintenat soutenir des trésoreries exsangues.

Quand la viticulture produit à perte


Ce qui vaut pour la production laitière vaut aussi pour la viticulture, aujourd’hui aux abois alors que se profile en quantité et qualité une récolte très prometteuse.
Bernard Artigue président de la chambre d’agriculture de la Gironde, quelques chiffres à l’appui, a montré combien la viticulture était en grande difficulté, coincée entre des coûts de production élevés, de l’ordre de 1.000 euros le tonneau de 900 litres dans l’appellation Bordeauxet jusqu’à 1200 euros et un prix de vente qui oscille, aujourd’hui, entre 750 et 950 euros le tonneau … Les besoins de liquidités poussent les exploitants à vendre quand même quand ils trouvent acheteurs ! Des stocks élevés, une baisse des sorties à un niveau jamais atteint depuis dix ans, avec des transactions inférieures de 29% à celles de la campagne 2007/2008. Et, dans le même temps le recul de la consommation du Bordeaux AOc dans la grande distribution, à hauteur de 6% tandis que celle-ci augmentait ses prix, en moyenne de 5%. Un tableau très sombre, notamment pour les ventes en vrac. Pour ajouter à celui-ci, la situation dans le secteur des fruits et légumes, en Lot-et-Garonne, s’est beaucoup dégradée à partir de juillet août avec en particulier des prix inférieurs à ceux de 2008 et des cinq dernières années. Une table ronde nationale est d’ailleurs prévue le, 22 septembre à Paris ; la filière étant de plus en plus mise en danger par les disparités de coût de main d’œuvre, y compris au sein de l’Union Européenne.

Un plan stratégique régional

Face à cette situation dont la crise et la conjoncture ne sont pas toutes responsables, la profession semble très motivée pour ouvrir le dossier des mutations nécessaires. Comment en un mot conserver les acquis de l’agriculture d’Aquitaine qui s’est fait une spécialité des productions de qualité, tout en allant à la rencontre de consommateurs de plus en plus sensibles aux prix ? Dominique Graciet a cité l’exemple du foie gras dont la filière, après avoir tout misé sur la reconnaissance d’une « IGP sud ouest »a dû rééquilibrer sa production pour reprendre sa marche en avant. Des chantiers s’ouvrent donc qui aboutiront, d’ici le printemps 2010, à la définition d’un « projet stratégique agricole régional ». Adapter l’offre aux nouveaux marchés, intégrer les attentes de la société, conserver la maîtrise des ressources et notamment l’espace et l’eau, accompagner les entreprises sans leur recherche de compétitivité : autant de questions dont les réponses seront nécessairement débattues lors du rendez vous des élections régionales de mars prochain.

J.A

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