Emoi général bien sûr. Le locataire-récent- du logement de l’écluse, Phlox, « homme d’ombres et de mystères », observe l’affolement, le ballet des villageois.
Il sert de fil conducteur à une intrigue où des morceaux du passé surgissent sans ordre, comme si l’eau en se retirant dans le canal, mettait à nu des couches anciennes de l’histoire de la communauté. On la découvrira petit à petit au gré des rencontres avec les habitants aux prénoms anciens et atypiques : Hilaire, Polycarpe et Clovis -les 3 employés municipaux- Basilide une jeune femme qui enflamme l’imagination (et les sens) de Polycarpe. En y ajoutant Nazaire le bistrotier, – dont le café ouvert quasiment jour et nuit distribue des canons aux enquêteurs amateurs-, sa fille Irmine, filiforme et peut-être anorexique, Prisque l’épicière, on a là une espèce d’armée de l’ombre ; les prénoms accentuent le bizarre, l’étrange voir l’irréel des situations. Car ce détachement agit et enquête dans la nuit suivant la macabre découverte, l’étrange étranger Phlox menant la ronde nocturne.
Le fantastique (à la manière d’Henri Bosco) et le merveilleux (à la manière d’André Dhôtel) affleurent sous le style discret, ondoyant, chatoyant du récit. Et pour conclure sur le mystère et la magie du roman, tentons une explication rationnelle à propos de son titre : « Ces choses- là, c’est comme les carpes, on croit que c’est fini, qu’on n’en parlera plus, et ça revient toujours… C’est amusant de penser à tout ça. À tout ce qui a pu se passer. À toutes ces générations derrière nous, à tout ce qu’on ne sait pas et qui « tourne dans nos mémoires comme des carpes dans l’eau profonde ». Ce qui n’ôte pas au récit son charme, ni à l’intrigue de son éclat.