Livre des origines et du développement, dans la banlieue de Rio de Janeiro, d’une petite cité ouvrière (d’où le titre original de l’oeuvre 0 Cortiço – le taudis) créée et développée par la cupidité sans frein et l’activisme sans fin de son fondateur propriétaire, un émigré portugais ; lequel s’appuie sur l’exploitation d’une Noire, esclave à qui il fait miroiter son possible affranchissement, et sur un système où tous les habitants, locataires en nombre croissant, dépendent aussi de ses magasins pour leur vie quotidienne.
Formidable État clos, creuset de mélanges ethniques- les différentes migrations européennes sont en quelque sorte contaminées par la furia brésilienne, c’est aussi un lieu de confrontations sociales, de violences, de sensualité et de sexualité crue. Récit trépidant écrit dans une langue magnifique qui serre au plus près ses personnages, il s’inscrit dans la lignée du naturalisme de Zola. On y trouve dans un furieux mélange, une empathie de l’auteur pour chacun des nombreux personnages et, en même temps, une observation précise et méticuleuse, quasiment détachée, des actes de chacun. Bref, Botafogo est, selon les mots mêmes de son traducteur, « un véritable coup de poing littéraire et social ».