Jean-Luc Mélenchon remplit le théâtre Fémina


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Jean-Luc Mélenchon remplit le théâtre Fémina

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/11/2016 PAR Romain Béteille

Le public est là, venu nombreux. Plusieurs enceintes sont disposées devant le théâtre Fémina, à Bordeaux, et une partie des courageux restent dehors dans le froid à écouter le discours. Peu avant le début, il apparaît derrière les barrières et parle à la foule, les remerciant d’être venus si nombreux pour l’écouter. Ca ressemble à une campagne présidentielle, et ça en est une. Mardi soir, Jean-Luc Mélenchon s’est invité dans le bastion du maire de Bordeaux, grand perdant du deuxième tour de la primaire à droite et dernièrement accueilli en héros dans « sa » ville. Tout un symbole qu’il n’a pas manqué de souligner via un panorama de unes de journaux projeté sur le mur de la salle et une évocation de Montaigne. Pour le reste, il restera relativement silencieux, si ce n’est un mot toujours gentil pour « les ballots qui sont allés donner deux euros deux fois de suite ». A l’intérieur, les quelques 1200 places sont toutes remplies. Comme le veut l’usage, quelques représentants de la « société civile » sont présents sur scène : de ce côté là, on la joue à l’ancienne, à qui l’on dit « salut les petits » en entrant, le poing brandi.  

Un Mélenchon nouveau

Pour le reste, tout est plus moderne. On a parfois davantage l’impression d’assister à un one-man show qu’à une tribune politique : tout y est vif, les blagues se répondent tout en soulignant les urgences. Le discours est rodé, la parole virulente et les invectives souvent applaudies. Derrière Jean-Luc Mélenchon depuis quelques mois déjà, il y a une équipe, un petit vent de modernité qui le font parler régulièrement sur Youtube dans une tribune en réaction à l’actualité. Il y a aussi dans le discours quelques changements. Au contraire de tout ce que l’on a pu voir dans la personnification du pouvoir lors de ces dernières primaires, Mélenchon pose les bases dès le début : « ce soir nous ne sommes pas en train de célébrer un homme, candidat mais des idées et nous sommes en train d’en faire une démonstration de force », dit-il avec force en guise d’introduction. Le décor est planté, reste à dérouler l’argumentaire. Au rayon des moments forts, on retiendra le « coup d’État social » du programme de François Fillon et un taillage à la serpe d’un « passage en force et d’une guerre éclair ». 

Évidemment, Mélenchon ne s’est pas gardé d’utiliser quelques marottes habituelles pour mettre le public dans sa poche : la séparation du Medef et du gouvernement, le vote nécessaire opposé au vote utile et quelques mots forts et appuyés sur un pays soumis à un problème urgent, le « nous » contre « ceux ». La majeure partie de son « discours » bordelais, il l’a réservé à l’écologie, dont il compte faire l’un de ses grands sujets de campagne. « 50% des espèces vertébrées de la planète ont disparue, et on voudrait nous faire croire que la question la plus importance, c’est celle de l’ISF ? ». Pêle-mêle, quelques propositions sortent du lot : 1,5 millions d’emplois dans trois domaines : la transition énergétique (900 000 emplois), l’économie de la mer (300 000) et l’agriculture biologique et paysanne (300 000). Dénoncant un « grand gaspillage dans lequel 40% de la production agricole est mise à la poubelle », il a dénoncé un scandale, selon lui, plus grand encore : « pas un mot des candidats de la primaire pour parler des problèmes de la planète ». On parle aussi d’un « plan mer » et d’un objectif 100% d’énergies renouvelables à l’horizon 2050, une relance écologique de l’activité économique. « C’est parce que nous sommes écologistes que nous sommes socialistes », a-t-il tranché. 

Un public militant ?

Mélenchon n’a rien oublié, même pas l’économie et la fin du principe de précaution, quelques mots sur l’objectif de 500 000 apprentis et les 1000 euros donnés par embauche à l’employeur dont il n’a pas une seconde hésité à critiquer le résultat : « il y a moins d’apprentis qu’avant ». La privatisation du réseau SNCF et sa potentielle « supression de lignes, remplacées par des bus Macron », n’a elle non plus pas été oubliée. Pendant plus d’une heure et demie, le candidat leader de son propre mouvement, « La France insoumise » (qui revendiquait 160 564 le 27 novembre dernier), n’a oublié personne et n’a pas trahi ses multiples courants, autant le socialisme vert que l’anticapitalisme et le joliment appelé « populisme de gauche ». Suppression de la loi El Khomri, rétablissement des 35 heures et de la retraite à 60 ans… tout ou presque y était. Les applaudissements l’ont prouvé, eux : le public n’était visiblement pas venu simplement parce que la porte était ouverte. Et si vous ne nous croyez pas, il reste les preuves

Reste une note d’intention lancée à l’égard d’un François Fillon qui « a l’air d’être prêt à assumer ses positions » : « Je serais heureux s’il acceptait le débat que je lui propose devant tout le monde pour que l’on entende au moins un soir le choc des deux visions du monde ». Les prochaines semaines nous en diront sûrement davantage. A la sortie, du théâtre, beaucoup de gens sont encore là, agglutinés devant les barrières où le discours est retransmis comme pour un match de foot à la terrasse d’un café. On applaudit moins, mais on écoute pas mal.  Dans la ville d’Alain Juppé en tout cas, Jean-Luc Mélenchon a fait carton plein.

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