Cet océan est un espace immense où l’auteur par le truchement deson «Mac Power Book », mais pas seulement, va de rencontre en rencontre, sur des îles virtuelles peuplées de femmes bien réelles dont le prénom évoque des contrées géographiquement lointaines. Les îles s’appellent entre autres, de la culture, de l’engagement du business, de l’amour et de la séduction; celles qui les gouvernent Sarah ou Noha,Oriane ou Réquia. Autantde destins, d’angles comme dirait la journaliste exigeante que nous connûmes dans les années 90, dont les témoignages éclairent le propos général d’Isabelle Juppé : le temps du numérique est en train de croiser celui des femmes : « je n’avais pas d’à priori au départ avoue-t-elle, puis, au fil du temps et des rencontres je me suis aperçue qu’il y avait une identité et un ton féminin différents ; au fur et à mesure des rencontres je me trouvais très à l’aise dans ce monde de partage. »
Une fleur nommée « digitale »
Certes, mais pourquoi ce titre, «la femme digitale » ? Parce qu’il y eut, avant elle ,« l’homme numérique » de Nicholas Négroponte, ouvrage en quelque sorte fondateur sur le thème de l’éclosion d’une civilisation nouvelle… Isabelle Juppéa choisi ce titre pour son côté « romanesque » et parce que «la digitale est une fleur ». Cette digitale « de pourpre au soleil », haut perchée sur nos sentiers de montagne. « J’ai voulu faire un livre entre technologie et écologie » ajoute-t-elle. Et disons-le, le pari est réussi. L’ouvrage fourmille d’informations d’autant mieux puisées à bonne source que l’auteur, au sein du groupe Lagardère, se penche sur les liens entre le numérique et les média, mais également parce qu’elle a enquêté et mis en évidence la place, singulière à ses yeux, que les femmes jouent dans cet univers. Une étude de l’institut Mac Insey présentée lors du dernier « Women’s Forum » à Deauville, en 2007,adémontré que les entreprises qui employaient des femmes, dans ces domaines, y gagnaient en performance.
Ne pas comprendre pour autant qu’Isabelle Juppécède à une propension au sexisme numérique ; elle croit surtout à la complémentarité hommes-femmes, ici comme ailleurs, mais entend profiter de son livre pour rappeler que décidément « il n’y a pas assez de femmes ingénieurs scientifiques ». Et, comme l’ambition pédagogique titille toujours la journaliste, elle enfonce un clou avec cet aveu :« sur mon blog je mets en ligne des témoignages de femmes qui me racontent comment elles se servent de l’outil ; mon but c’est de faire le pont entre les experts et le grand public ». La mère de famille, elle, n’oublie pas de faire partager une autre ambition, celle de la« transmission des valeurs », prenant alors quelque distance avec cette « accélération folle » de l’univers. « Apprenons -dit-elle- à nos enfants le temps de la lecture d’un livre, du rêve, celui de la patience qui n’est pas celui du téléchargement dans la seconde qui suit le désir».
Une petite leçon de choses, tintée d’humanisme, qui fait écho à la très belle histoire de Natacha, de son île de l’engagement et des « Humains Associés ».
La femme digitale.(éditions Jean Claude Lattés) 238 pages, 16 euros.
http://www.lafemmedigitale.fr