Dans son livre (1) paru récemment et qui éclaire utilement quelques enjeux de « développement durable » de la campagne électorale en cours, le journaliste Sébastien Darsy rappelle d’ailleurs que 87% des Français se disent inquiets de l’avenir de la planète et ils sont 62% (donc une partie des mêmes) à avouer faire peu d’efforts pour réduire leurs déplacements motorisés (sondage TNS-Sofres réalisé en 2006) Cet ouvrage dresse un état des lieux très documenté, met en perspective, en prenant du recul, acteurs, actions, obligations et solutions à Bordeaux et en Aquitaine car c’est au plan local qu’il convient, pour lui, d’abord d’agir. « On n’a plus le temps. Si on avait pris ça en considération on aurait pu anticiper et éradiquer. Aujourd’hui, au pied du mur, on n’a plus le choix d’ignorer. Il faut changer radicalement, agir dans les dix ans à venir, engager citoyens et institutions dans une révolution des comportements et des mentalités » lance-t-il.
Aqui! : Pourquoi avez-vous choisi Bordeaux et sa région alors que la question concerne toute notre planète ?
Sébastien Darsy : Je n’ai pas cherché à faire un livre de plus mais à décrire des défis écologiques de manière plus complète et plus précise. En Aquitaine, on trouve une série d’illustrations et de grands dossiers comme les axes autoroutiers et les camions, un projet d’autoroute, des centres d’enfouissement et d’incinération de déchets, une problématique de l’eau, le potentiel d’un massif forestier. Il y a aussi un « agenda 21 » en Gironde,un « plan climat » au niveau de la Région, Noël Mamère et Alain Juppé.
@! : Comment se situe l’Aquitaine par rapport aux autres régions et y existe-t-il une réelle volonté politique de passer à l’acte ?
S.D. : La Gironde est dans la moyenne nationale autant pour le dossier de l’eau que celui de l’agriculture, pas plus ni moins en avance. Le pouvoir politique est constructif mais n’a pas la culture de faire passer l’écologie avant l’économie alors qu’il faut changer ce comportement. Alain Rousset élabore un plan climat à l’échelle régionale mais défend le projet autoroutier Pau-Bordeaux. Philippe Madrelle facilite l’agenda 21 mais serait favorable au grand contournement autoroutier. Alain Juppé est un grand écologiste mais il n’a jamais remis en cause l’incinération des déchets.
@! : Et le tramway ?
S.D. : C’est une vraie révolution qui a mis la ville sens dessus dessous et qui montre que quand on veut changer radicalement les choses, on peut. Il fallait stopper la thrombose, c’était une question de logique. Le tram a réduit de 30% le déplacement des voitures dans l’hyper centre. Tout n’a pas été résolu pour autant, il faut aller plus loin et diminuer encore la place des automobiles. Les grandes surfaces à la périphérie accroissent aussi la circulation des véhicules. Le tramway n’est pas un aboutissement, ce n’est qu’un départ, l’arbre qui cache la forêt. La politique des élus a consisté à décongestionner la circulation et ça recommence à être embouteillé.
Le quartier de La Bastide est un bon exemple de mixité pour tout avoir à portée de la main sans utiliser la voiture mais les centaines de logement construits dans ce quartier ne sont pas Haute Qualité Environnementale.
@! : Vous ne parlez pas dedéveloppement durable ?
S. D. : Il ne fait que perpétuer le système responsable de la dégradation de l’environnement. Sa définition ne pose pas la question des besoins. C’est un non-sens sémantique. Parler de développement durable pour les pays riches est inadapté aux enjeux écologiques.
@! : Quelles directions emprunter ?
S.D. : D’abord se poser la question du seuil de développement et aller à l’encontre du toujours plus et du culte du profit. Bâtir la ville à la campagne provoque des effets pervers. Il ne s’agit pas de faire plus mais de faire mieux, devenir écocitoyen par la force des choses dans le soutenable plutôt que dans lechaos.
1_ Sébastien Darsy « Les défis écologiques de Bordeaux et sa région Agir localement, penser globalement » Editions Sud Ouest 238 pages 15€
Ecocitoyen très mauvais consommateur !
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