Interview : Bérénice Delpeyrat-Vincent, Vice-présidente du Conseil régional en charge de l’Economie solidaire et de l’innovation sociale


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Interview : Bérénice Delpeyrat-Vincent, Vice-présidente du Conseil régional en charge de l'Economie solidaire et de l'innovation sociale

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 02/05/2012 PAR Solène MÉRIC

Aqui! : Avant d’aborder le Schéma aquitain pour le développement de l’économie solidaire et de l’innovation social, peut-on revenir sur la notion qui en est au coeur: l’Economie sociale et solidaire?
Bérénice Delpeyrat-Vincent : La définition de l’ESS (Economie sociale et solidaire, ndlr) au sens strict c’est le regroupement des structures qui mettant en place, de par leur statut particulier, des processus de gouvernance partagée. On peut citer les associations, les coopératives, les fondations, les mutuelles ou encore les sociétés coopératives d’intérêt collectif dans lesquelles des partenaires publics peuvent entrer. L’ESS, c’est un peu le principe de « l’économie exemplaire ». Mais dans le schéma régional que nous proposons, on ne parle pas seulement de ces structures particulières. Elles sont bien sûr un socle important mais, nous avons souhaité avoir des frontières souples en considérant davantage et plus globalement l’ensemble des structures participant à une « économie de l’utilité sociale ». Peuvent donc être concernées des entreprises qui n’appartiennent pas stricto sensu à l’économie solidaire, mais qui par exemple se développent dans le commerce équitable.Autrement dit, dans notre vision plutôt ouverte, sont concernés par l’ESS, tous ceux qui ont des valeurs, ou un état d’esprit conforme à celui de l’ESS.

@!: Pourquoi la Région s’est-elle lancée dans cette démarche de Schéma Régional de l’Economie solidaire et de l’innovation sociale ?
B.D.V.: La prise en compte de l’économie solidaire n’est pas nouvelle en Aquitaine, puisque une vice-présidence de l’économie sociale et solidaire assumée par Jean Lissar existe depuis la mandature 2004-2010. Mais cette question avait surtout été ouverte par le volet insertion et emploi. Au fil des années la thématique a avancé en région, dans le mouvement plus global de la société, pour aller davantage vers la question de l’économie sociale et solidaire en elle-même, englobant bien davantage une dimension économie des territoires.

« Une économie de la valeur ajoutée »

Il y a donc déjà eu des aides globales et des règlements plus spécifiques sur secteur mais il y avait un réel besoin de se poser et de voir avec les acteurs aquitains, c’est-à-dire, tant les structures que les collectivités locales concernées, la question du développement de cette économie plutôt que son caractère durable.Le développement économique est important puisque l’ESS est un vrai secteur économique pourvoyeur d’emplois. En Aquitaine comme dans l’ensemble de la France c’est tout de même 10% des emplois qui sont portés par l’ESS. Et contrairement à l’idée que l’on s’en fait, l’ESS ce ne sont pas que des petites structures, il y a aussi par exemple de grosses mutuelles, comme la Macif ou la Mutuelle des motards.
En plus de cela, l’ESS c’est une politique durable, locale, non délocalisable, qui concerne l’environnement, le lien social, le partage. C’est une vraie économie de la valeur ajoutée, un atout en termes d’attractivité du territoire territoire. Pour toutes ces raisons, il faut lui laisser des possibilités de se développer. Le vrai enjeu s’est jouer sur l’identification de cette économie et de savoir comment on la développe.

@!: Vous évoquiez « les acteurs aquitains de l’ESS », la méthode employée pour parvenir à définir les grands axes de ce schéma s’est donc faite sur le mode participatif ?Une des affiches explicatives de l'exposition tournante sur l'économie solidaire et sociale
B.D.V.: Oui, l’idée était de porter ensemble, structures et collectivités réunies, un document de référence sur les problématiques de l’ESS. Nous avons démarré au mois de mars de l’année dernière, en optant pour une démarche territoriale, avec trois grandes réunions sur le territoire aquitain. L’objectif était d’établir un diagnostic partagé de la situation, d’établir les grandes questions et de dégager des solutions partagées pour permettre un meilleur développement de cette économie solidaire et sociale. Même si le mouvement a été lancé par la Région, elle a dans l’aventure de nombreux partenaires, et l’idée est que chacun à son niveau de compétence, assume sa part de responsabilité. Par exemple, les associations sportives municipales sont de la compétence des Mairies, et pas de la Région.
Afin d’encourager les participations via internet, il a également été mis en place un wiki. Nous avons également mené un certain nombre d’entretiens avec des acteurs experts de ce domaine.
Une deuxième salve de réunions a eu lieu avec les collectivités sur l’identification de l’ESS, et sur comment croiser efficacement nos politiques régionales, départementales et municipales.
C’est l’ensemble de ce travail que nous avons présenté le 30 mars dernier auprès des 240 personnes qui se sont déplacées jusqu’à l’Hôtel de Région. Il y avait d’ailleurs une grande diversité d’acteurs; autant de grands comptes comme la Macif, la Maïf ou Super U, que de petites associations culturelles ou sportives par exemple.


« De nouveaux outils pour de nouveaux enjeux »


@!: Quelles sont donc les grandes orientations retenues dans ce schéma, et que va-til advenir d’un point de vue concret et réglementaire?
B.D.V. : Le document issu de ce travail contient à la fois des principes théoriques mais aussi des pistes pratiques articulées autour de trois thématiques : la coopération, l’économie au service des territoires,et l’innovation sociale entendue comme l’épanouissement au travail, la transversalité dans les rapports. En bref, comment inventer les nouveaux outils au regard des nouveaux enjeux…
La démarche a donc été très ouverte mais en ce qui concerne la région, elle va désormais prendre de ces grandes orientations ce qui colle avec ses compétences notamment du côté de la formation. En effet beaucoup de cadre de ce secteur arrivent à la retraite, il faut donc « former à l’ESS », mais aussi prévoir des « formations de l’ESS », autrement dit des formations à destination des cadres et des salariés de ce secteurafin que l’ESS bénéficie aussi d’une montée en compétence. Nous pourrons par exemple aussi revisiter la politique d’appel à projet mutualisation. Sur un autre aspect, on parle beaucoup de pôle de compétitivité, mais pourquoi ne pas aller vers le développement de pôles de coopération ? Certaines régions comme Bretagne, PACA ou encore Rhône Alpes le font. Ici nous en avons un seul à Tarnos.
D’une manière générale, le schéma pose le principe d’un soutien en termes dedéveloppement économique à travers un soutien financier, une aide à l’ingénierie des projets… la région y prendra sa part. L’essentiel est de parvenir à une mise en valeur de ce secteur, et pour ça on va chercher dans nos politiques tous les leviers possibles.
Je voudrais aussi préciser qu’en parallèle du schéma, nous avons également monté une exposition pour faire connaître l’ESS, car on constate que les gens ne savent pas vraiment ce que c’est. De grands panneaux y présentent son histoire, sa présence dans le monde, ses valeurs fondatrices et comment chacun y participe. Elle a été exposée au Conseil régional, et va désormais circuler dans les lycées mais pas seulement… elle a vocation à tourner un peu partout dans la région.

@!: Quel est le calendrier prévu pour la mise en œuvre de ce schéma au niveau du Conseil Régional d’Aquitaine?
B.D.V. : La présentation du Schéma régional aux élus se fera en juin et le règlement d’intervention devrait être voté à l’automne.

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