Interview: Anne-Marie Keiser, Présidente de Gironde Numérique, Vice Présidente du Conseil général de Gironde


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Interview: Anne-Marie Keiser, Présidente de Gironde Numérique, Vice Présidente du Conseil général de Gironde

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 10/09/2011 PAR Solène MÉRIC

@qui ! : Ce lundi a lieu le lancement du « Pacte Numérique Girondin ». Vous auriez pu dire le « plan d’équipement pour la Gironde »… Mais c’est bien le terme de « pacte » qui a été retenu, et ça, ça a du sens, en tous les cas on s’imagine que ça en a pour vous…
Anne-Marie Keiser : Un pacte, c’est un accord, c’est le Conseil général qui pactise avec les Girondins. Il passe un accord sur le numérique, dans le domaine des infrastructures, dans le domaine des services, dans le domaine des contenus. Donc le terme « pacte » est un terme qui est effectivement fort, qui va relativement loin. En fait, le Conseil Général œuvre dans le domaine depuis quelques années, mais de façon peu communicante. Nous avons décidé de communiquer, de montrer que nous faisons effectivement des chosesqui ont du sens. C’est en 2007 que nous avons lancé le projet d’infrastructures numériques, aujourd’hui en 2011 ces infrastructures sont livrées, à la fois sous forme de réseau de fibres optiques et sous forme de nœuds de raccordement à l’abonné. Mais on ne va pas se contenter de ce réseau-là : il faut que ce réseau serve, il faut que ce réseau soit utile, qu’il transporte des contenus. C’est tout ça que nous souhaitons donner au girondins; nous savons qu’il y a une vraie demande, une vraie attente.
Et tout ça a commencé par une idée à laquelle je suis très attachée : l’idée d’aménagement du territoire. Aujourd’hui, le seul projet véritable que porte la Gironde en matière d’aménagement du territoire, ce sont les infrastructures numériques. Et sur cet aspect aussi, c’est vraiment un pacte. Pourquoi ? Parce que nous sommes allés voir l’ensemble des élus de la Gironde, hors la Communauté Urbaine de Bordeaux, nous leur avons proposé de travailler avec nous pour construire ce réseau et nous avons créé un Syndicat mixte à l’échelle départementale. C’est le seul qui existe aujourd’hui. On reparle en ce moment beaucoup de coopération territoriale. L’Etat à des projets qui n’ont pas toujours évolué dans la sérénité ces derniers mois, mais on voit bien, aujourd’hui, que les territoires de ce département sont capables de travailler ensemble. Ils sont capables de se rapprocher et de se rassembler dans le cadre d’un projet nouveau. Avec de l’énergie, avec de l’enthousiasme, avec de l’intelligence, avec une bonne gouvernance, on peut travailler ensemble et en cela on a un véritable engagement qui est effectivement un pacte dans le cadre de ce réseau d’infrastructure numérique.

« Un accord politique à l’échelle du territoire »

@! : Et en même temps, ce pacte entre les acteurs politiques est inclus dans une démarche originale, avec cette idée de Partenariat Public Privé, conclue avec France Télécom pour la réalisation des infrastructures…
A-M K. :
C’est original, ça l’était en tous cas quand on est parti. Aujourd’hui, d’autres territoires sont partis sur des PPP (Partenariats Public Privé, ndlr), mais pas beaucoup en fait. On a été les premiers, les initiateurs parce que nous avons trouvé dans le PPP un certain nombre d’avantages pour nous, notamment en termes de trésorerie, puisqu’elle est versée sur 20 ans. Je ne veux pas parler pour le compte de France Télécom, mais le marché des collectivités est un marché très important, un marché rentable. Le PPP de la Gironde, premier département en termes de taille, était pour eux emblématique. Ils ont fait beaucoup, beaucoupd’efforts pour pouvoir gagner ce PPP qui leur sert aujourd’hui de vitrine. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que Stéphane Richard, Président d’une des premières entreprises du CAC 40, vient en Gironde ce 12 septembre pour parler du PPP de la Gironde.

@! : Alors, au-delà de la démarche, puisque le Pacte est lancé aujourd’hui, qu’est ce que cela signifie en termes de techniques, de contenus et de services pour les girondins ?
A-M K. :
Le PPP d’abord, est porté par un syndicat mixte, et c’est une chose à laquelle je suis très très attachée. A l’échelle du territoire on a trouvé un accord politique, ça c’est vraiment intéressant. Ensuite on avait comme objectif, en termes techniques de créer deux infrastructures. D’abord, un réseau de fibre optique, de 1060 kms exactement, qui crée une véritable dorsale sur tout le territoire. Pour créer ce réseau on a pris le prétexte des 102 ou 103 collèges girondins qui nous ont permis de tisser notre toile sur l’ensemble du territoire girondin. Donc on amène ainsi la fibre optique sur tous les lieux de vie, sur tous les bassins de vie avec la possibilité, ensuite, d’étendre ce réseau pour aller jusqu’au FTTH. Deuxième projet, c’est les fameux nœud de raccordements à l’abonné. Il y a en a 107, qui nous permettent de couvrir l’ensemble du territoire et d’amener au moins 2Mb/s dans toutes les maisons en Gironde avec, de façon résiduelle, je dois le dire, un recours à une autre technologie que la technologie ADSL, la technologie satellitaire. Donc, aujourd’hui la Gironde est couverte à 2 Mb/s, et la fibre optique est présente sur 250 sites stratégiques : zones d’activités, collèges, lycées, cliniques, hôpitaux, palais de Justice… Ce réseau, France Télécom nous l’a livré en juillet 2011, maintenant il faut l’exploiter. On s’aperçoit qu’il y a un certain nombre de territoires qui sont encore sous équipés. Nous partons donc pour un autre projet, qu’on démarrera a priori d’ici la fin de l’année, pour créer 50 nœuds de raccordements supplémentaires. Et puis nous voulons également faire deux expérimentations FTTH en Gironde. C’est-à-dire amener la fibre optique dans les maisons, sur deux territoires expérimentaux. La fibre optique, c’est ce qui sera l’internet de demain, aujourd’hui on a chez nous le téléphone,grâce à l’électricité, demain on aura la fibre optique. Pour la Gironde, on avait chiffré ça je crois à 300 millions euros, là notre projet, projet public c’est 52 millions.

« L’open data, tout le monde a à y gagner »
Et côté service, l’open Data est aujourd’hui une réalité depuis début juillet ! L’accès aux données se fait par le site datalocale.fr. J’étais allée l’année dernière avec l’AEC en Californie. Marcel Desvergne (Président de l’AEC, ndlr) nous a fait rencontrer un certain nombre de collectivités dont la Mairie de San Fransisco, où j’ai découvert très concrètement la réalité de ce que je connaissais théoriquement : l’Open data. C’est-à-dire, la mise à disposition des données publiques. Et ça m’a franchement passionnée. En arrivant ici en France,je me suis dit « il faut mettre ça en place ». Il se trouve qu’à l’époque la CUB, qui après a fait son cheminement en solitaire, et surtout la Région étaient aussi intéressées. On a donc regardé ce qu’on pouvait faire et on est parti sur l’open data. C’est banal de le dire mais tout le monde a à y gagner : les collectivités ont à y gagner parce qu’elles ne peuvent pas faire les développements que d’autres feront beaucoup mieux qu’elle, les citoyens ont à y gagner, puisqu’il suffit de cliquer sur son téléphone pour avoir par exemple les circuits optimisés pour aller d’un point à l’autre du département, découvrir les sites touristiques, etc… Et les PMEsont hyper intéressées pour aller glaner cette information. On a ouvert en juillet « datalocale » et on a déjàénormément de visites. Le site est très facile d’accès, et il y a un format de données spécifique qui permet à l’utilisateur, c’est-à-dire à la PME, d’aspirer toutes ces données pour pouvoir les utiliser. Ils peuvent faire du business avec nos données et donc ça va vite, ça se sait très vite.
Au total, ce terme de« pacte » avec les Girondins, il englobe donc toutes les infrastructures, et c’est le plus couteux, le plus visible, il y a ensuite tout le volet services, dont open data mais il y a aussi toutes les applications que l’on est en train de développer pour le compte des Girondins. Par exemple les abonnements TransGironde, scolaire ou non, ne se font que par le Portail internet, les demandes de subventions sont faites, et instruites, de cette façon-là, c’est aussi vrai pour les aides à la personne, notamment l’APA. On a un développement satisfaisant, très efficace et qui est appelé de toute façon à devenir plus important.

Photo: aqui.fr

Propos recueillis par Joël Aubert et Solène Méric


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