La délocalisation d’activité ne touche pas que les productions manufacturières et industrielles. Les usines, les équipements, la technologie et le capital se déplacent avec une étonnante facilité autour du globe, mais, les idées et le design aussi.
Une PME béarnaise touchée par la mondialisation
Signe avant coureur du changement de température en Béarn, Bandaï, 3ème producteur de jouets au monde, rachète Namco en septembre 2005, surfant sur le boom des jeux vidéos et la dépression du marché des jouets, pour devenir la 3ème plus grosse boite de jeux vidéos au Japon. Les conséquences ne se font pas attendre, le mécanisme est connu pour améliorer les marges : réduire les activités déficitaires.
Bandai Namco développe le nouveau secteur rentable des jeux vidéos et rationalise la production des jouets. Plutôt que de confectionner des packs en fonction des desiderata des enfants de chaque région du monde en engageant des cellules de développement coûteuses, Bandaï a choisi derationaliser sa production de jouet en recentrant toutes ses activités sur un point du globe qui va développer des packs standardisés pour tous les enfants du monde entier.
Résultat : à St Ouen, dans le Val d’Oise, 25 salariés de Bandaï ont été licenciés. Le département recherche et développement Bansaï-Europe est délocalisé à Hong-kong et Los Angeles. Pour la conception graphique du packaging des jouets : idem. Dans le Béarn, un employé sur deux sera remercié. « L’impact est fort, mais le packaging des jouets Bandaï n’était que la partie immergée de l’iceberg », commente Olivier Bois, directeur des alteliers In8.
« repartir sur des bases saines »
Agence de com, agence de rédaction, web et design, les ateliers In8 comptent sur leur polyvalence pour amortir le choc. Et le patron des Ateliers In8, Olivier Bois, qui avait su convaincre les Japonais de chez Bandaï d’investir dans le bas coût français, en Béarn, 3 millions d’euros sur 10 ans, sera au début du mois prochain à la « toy fair » de Nuremberg – la plus grande foire au jouet d’Europe -pour conclure un contrat avec d’autres fabricants français et canadiens.
La déléguée du personnel, Sylvie Lemaire, va être licenciée. Mais pourelle, pas de rancoeur. « On est triste, mais toujours attachés à In8. Oncomprend tous qu’on ne pouvait pas reculer pour mieux couler. C’est unmal nécessaire pour que l’entreprise reparte sur des bases saines. On varebondir » , positive-t-elle.
Les salariés d’In8 qui ont l’expérience des rouages industriels sont prêts à relever le défi. « Même dans la galère on rame tous dans le même sens. D’autant plus motivé à faire vivre in8. Les branches saines sont prêtes à repartir » , commente Sylvie Lemaire. Habitués au planning strict que leur a imposé Bandaï pendant 10 ans, ils ont acquis une réactivité à toute épreuve. Certains n’en dormaient pas la nuit raconte Olivier Bois : « Si on était en retard dans le rendu de notre prestation à 450 euros on risquait de bloquer les paquebots chinois et de faire perdre à Bandaï 2 millions d’euros de Chiffre d’affaire ». In 8 a la peau dure et ils sont prêts à harponner de nouveau les gros poissons.
photo : Andy Pad / tous droits réservés
Olivier Darrioumerle