Halte de nuit 33 : les salariés sont à bout


Claire Sémavoine

Halte de nuit 33 : les salariés sont à bout

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 06/07/2012 PAR Claire Sémavoine

La Halte de nuit dispose de 25 fauteuils alors que plus d'une centaine de sans-abri passe chaque nuit.Neuf animateurs sociaux répartis en trois équipes, le passage de plus de 115 sdf par nuit (45 en 2007), une centaine de collations à distribuer, un local de 70 m2 où s’amassent 35 personnes, une douche et un wc insalubres. Oui, à la Halte de nuit cours Balguerie-Stuttenberg, la file d’attente est longue pour bénéficier de quelques minutes à l’abri et de quoi s’alimenter. Les esprits s’échauffent, l’impatience prend le dessus. À tel point que mardi 3 juillet, alors qu’il tentait d’expliquer à un sans-abri « habitué de la structure » qu’il n’y avait plus de places, un salarié a été frappé. C’est la raison pour laquelle, jeudi dernier, le 5 juillet, le personnel littéralement débordé et effrayé a déposé un droit de retrait collectif auprès du conseil d’administration de l’association. Il réclame plus de sécurité et de moyens humains.

Un déferlement de migrants économiques.

« Depuis 2006, ça n’est plus possible, il y a de plus en plus de personnes en difficultés qui se présentent à la Halte de nuit chaque soir », se désole Virginie Hérisson, la directrice de la Halte 33. « Depuis le début de la crise en Europe, on assiste à l’arrivée massive d’un nouveau type de sans-abri : les migrants économiques », constate-t-elle désabusée.

Tunisiens, Grecs, Espagnols, Portugais, etc. Victimes du chômage dans leurs pays, tous viennent chercher du travail en France. Mais ici comme ailleurs, ils en trouvent peu, ou pas.

« Initialement, la Halte de nuit a été créée pour recevoir un public de sans-abri très marginalisé (toxicomanes, déficients mentaux, sdf âgés chronicisés, personnes atteintes de troubles psychiatriques) qui ne peut s’accommoder des obligations qu’imposent les structures habituelles comme les horaires, les comptes à rendre, la séparation avec un animal de compagnie, etc. », tient à préciser la directrice avant de poursuivre : « Aujourd’hui, ces personnes avec lesquelles nous avons instauré un lien, année après année, qui trouvaient à la Halte de nuit du calme et du réconfort ne comprennent pas pourquoi elles doivent partager le local avec les migrants économiques. Et parfois, rester à la porte. »

Et c’est sans compter une population émergente : « les smicards, contrats précaires qui n’ont pas de garants pour se loger », rajoute-t-elle.

Vers une réouverture fin juillet ?

Les salariés, la direction, les partenaires sociaux comme le Centre d’accueil d’information et d’orientation (CAIO), le SAMU social, le foyer Leydet, les directeurs d’associations bordelaises à vocation sociale, le Service intégré de l’accueil et de l’orientation (SIAO) réfléchissent actuellement à des pistes, des solutions qui devront être présentées devant le conseil d’administration de l‘association le 27 juillet prochain.

*Créée en 2005, la Halte de nuit est financée par la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales (DRASS), la mairie de Bordeaux et le Conseil général.

Pour info : Une offre alimentaire est distribuée par le Centre communal d’action social (CCAS), cours Saint-Louis, tous les soirs jusqu’à la réouverture de la Halte de nuit.




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