Grossesse et alcool: L’Aquitaine lance un programme expérimental


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Grossesse et alcool: L'Aquitaine lance un programme expérimental

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 06/09/2016 PAR Solène MÉRIC

« L’acoolisation foetale et les troubles qui y sont liés concerne 1 naissance sur 100. En Aquitaine ce sont donc chaque année environ 350 nouveaux-nés qui sont touchés », indique le Dr Martine Valadie-Jeannel, médecin référent Addictologie à l’ARS. « Et encore pondère-t-elle, une sous-estimation du chiffre est très probable », le repérage des enfants subissant des troubles liés à l’alcoolisation foetale étant parfois fait tardivement.
Si pour certain de ces enfants, dont l’exposition à l’alcool a été très importante et très prolongée pendant la grossesse, le repérage peut se faire dés la naissance du fait d’anomalies faciales du nouveau-né. Mais généralement les principaux symptômes liés à d’alcoolisation foetale des enfants durant la grossesse, sont « les troubles de l’attention ou du comportement, souvent repérés au moment de la scolarité donc tardivement pour une bonne prise en charge, des problèmes d’orientation dans l’espace, la difficulté à comprendre des consignes complexes, à s’adapter à des situations complexes, ou bien encore leur incompréhension des comportements non verbaux », indique la pédiatre Murielle Rebola. Autres signes d’alcoolisation prénatale sur les enfants une hyperactivité et un retard mental. « L’alcool est d’ailleurs la première cause non génétique de handicap mental chez les enfants », pointe la pédiatre. Au total pour ces enfants, « il y a un réél intérêt à la réalisation de diagnostic précoce, pour un accompagnement et une prise en charge le plus jeune possible ». Dans le cas inverse, ils deviendront le plus souvent des adultes ayant du mal à s’intégrer dans la société, risquant de développer des addictions à l’alcool ou/et à la toxicomanie, avec des risques d’incarcération.

L’alcool non abordé dans le suivi de 4 grossesses sur 10

Mais, au delà du repérage chez l’enfant et de son accompagnement, il s’agit avant ça de prévoir une sensibilisation du grand public, et particulièrement des femmes et jeunes femme avant même leur grossesse. Car en effet, la perception du risque demeure assez flou et souvent sous-estimé, notamment concernant les consommations modérées chroniques. Selon une étude de 2010 de l’INPES 23% des femmes enceintes ont déclarées avoir consommé de l’alcool pendant leur grossesse. 2% d’entre elles disaient avoir consommé trois verres ou plus pour une même occasion et près de 5% aurait un usage quotidien de 2 verres d’alcool par jour. Décidément dans l’erreur, 27% des français pensent qu’ « il est « conseillé » de boire un petit verre de vin de temps en temps pendant la grossesse », indique une étude de l’Agence nationale de la Santé publique…
Cela dit concernant les femmes qui maintiennent une consommation d’alcool pendant leur grossesse, pour une partie d’entre elle, il s’agit justement d’un défaut d’information. En effet, selon le docteur Valadie-Jeannel, le problème n’est pas forcément abordé au cours du suivi de la grossesse. Selon elle, ce serait le cas pour 40% des femmes enceintes. D’où l’importance de mobiliser aussi les professionnels de manière large dans le milieu sanitaire autant que dans l’éducation… « D’autant que si les jeunes ne sont que très peu nombreux à boire de l’alcool de manière régulière, ils ont des modes de consommation occasionnelle mais très massive. Les jeunes filles de 18-25 ans sont près de 44% a avoir ce type de consommation d’au moins 6 verres. Un chiffre qui est d’ailleurs légèrement supérieur en Aquitaine », indique Shérazade Kinaoui, médecin généraliste cheffe de clinique, Département Médecine général, Université de Bordeaux. Et pour les étudiantes le chiffre est de 10% supérieur, à celui des autres jeunes femmes…

Présenatation du programme expérimental ''alcool et grossesse'' à l'ARS

Manque de repérage des situations d’addiction alcoolique

Enfin, se pose aussi plus précisément la question des femmes enceintes en situation d’addiction importante, où « le manque de repérage, est là aussi est important par honte ou culpabilité de la mère », constate Dr Mélina Fatseas, psychiatre addictologue, co-responsable de l’équipe mobile addiction parentalité du Centre Hospitalier Charles Perrens. « Il s’agit ici de les suivre pendant la grossesse, de les informer des structures existantes, de suivre leur enfants, qui risquent de présenter les formes les plus graves du syndrome d’alcoolisation foetale, mais aussi d’accompagner ces femmes après la grossesse, tant sur la prise en charge de leurs addictions que sur la question de la parentalité et de la relation à leur enfant », indique-t-elle. Dans ce cadre, c’est un projet de soin pluridisciplinaires au long cours et devant démarrer le plus en amont possible de la grossesse qu’il faut mettre en œuvre dans l’objectif d’une meilleure coordination possible de tous les professionnels.

Première impulsion jeudi 8 septembre

Au total, « qu’il s’agisse des jeunes femmes, des femmes enceintes, et de femmes en situation d’addiction, le programme expérimental d’actions lancé ce 8 septembre à Bordeaux a vocation à agir à tous les stades et pour toutes les situation », synthétise la représentante de l’ARS. Ce programme coordonné par le Centre ressource Alcool et grossesse créé en avril 2016 et géré par l’association Agir 33 Aquitaine, interviendra ainsi sur 4 axes. Il s’agira de renforcer la prévention des comportements à risque auprès du grand public et des professionnels, de travailler sur la prise en charge les femmes enceintes consommatrices d’alcool, ainsi que de proposer un parcours de santé pour les enfants ayant été exposé à l’alcoolisation prénatale. Trois grands axes d’actions pouvant notamment passé par la formation des professionnels, la diffusion de bonnes pratiques, ou encore la diffusion d’informations. Le quatrième axe a quant à lui, pour vocation d’assurer la coordination de l’ensemble des ces actions, mais aussi le développement d’une gouvernance impliquant l’ensemble des acteurs non seulement du champ sanitaire mais aussi médico-social, éducatif, institutionnel, ou encore judiciaire.
Le premier grand rendez-vous de ce programme expérimental est donc donné à l’ensemble des acteurs pluridisciplinaires le 8 septembre pour le colloque « Alcool et grossesse » à Bordeaux. Une première impulsion pour lancer la dynamique régionale sur ce sujet.

Zéro alcool pendant la grossesse - programme d'actions expérimental en Aquitaine
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