La Chambre de Métier et de l’Artisanat de Nouvelle-Aquitaine a réalisée une enquête de conjoncture en fin d’année 2022. Si celle-ci montre que « la moitié des artisans (50,6%) interrogés sont confiants en l’avenir », indique Gérard Gomez, Président de la CMA Nouvelle-Aquitaine, elle démontre aussi que l’impact de la multiplication des crises pèse de plus en plus lourd sur leurs épaules. Parmi les plus touchés par l’addition des maux, les artisans du secteur alimentaire. En décembre, ils n’étaient plus que 40% à exprimer un sentiment de confiance.
38% des entreprises artisanales en situation critique
Les principales difficultés pointées par les 3 000 artisans tout secteur confondu, qui ont répondu à cette enquête sont, pour 66% d’entre eux, le coût des matières premières, et le coût des déplacements, pour 61%. Dans le secteur alimentaire, ils sont 90,4% à pointer des difficultés liées au coût des matières premières et 83% à pointer le coût de l’énergie ( principalement de l’électricité), ils étaient 40 % l’an dernier. Dans le bâtiment, derrière les problèmes liés à l’inflation sur les matières premières, pour 80% des entreprises interrogées, c’est le coût du déplacement qui est source de préoccupation pour 76,6% d’entre elles.
Résultat de cette somme des difficultés qui n’épargne aucun secteur, + de 66% des répondants estiment être en situation de fragilité financière. Pire, 38% des chefs d’entreprises artisanales considèrent même leur entreprise en situation critique pour sa survie. Le chiffre est encore plus alarmant dans le secteur alimentaire, où la survie de l’entreprise est engagée pour 48,4% des répondants.
Plutôt que de licencier, le chef d’entreprise va prendre sur ses marges et sa trésorerie
Seul chapitre « plutôt rassurant » de cette enquête de conjoncture, selon Gérard Gomez : celui des ressources humaines. Dans les 6 prochains mois, les chefs d’entreprise, à 88,2%, vont pouvoir maintenir les effectifs dans leur entreprise. « Plutôt que de licencier, le chef d’entreprise va prendre sur ses marges et sa trésorerie », commente le patron des artisans néo-aquitains. « Licencier un collaborateur, c’est une perte de savoir-faire, mais il y a aussi un facteur humain, bien sûr pour ces entreprises de petites tailles. Et perdre un collaborateur, c’est perdre de la production et donc du chiffre d’affaires. Si cet indicateur évoluait, ce serait vraiment un signal alarmant ». Un des défis qui s’impose aux artisans est donc bien de maintenir et développer la clientèle, dans un contexte inflationniste.
50% des boulangers contactés ne sont pas au courant des aides de l’Etat
Face à ces situations financières délicates, Gérard Gomez estime que « les aides mises en place par le gouvernement répondent à une grande partie des cas », mais tout l’enjeu de la Chambre consulaire est de le faire savoir aux artisans et de les aider à s’en saisir. « D’autant que beaucoup d’entreprises ont droit à des aides, mais n’y pensent pas forcément », appuie-t-il. Pour ce faire, au-delà des communications sur divers canaux, la CMA s’est lancée dans une campagne de phoning, en démarrant par les boulangers. « Sur les 4000 boulangers de Nouvelle-Aquitaine, près de 60% ont pu être contactés », se satisfait-il. L’occasion de prendre la mesure d’un autre phénomène : « 50% des boulangers que nous avons eus au téléphone, n’étaient pas au courant des dispositifs proposés par l’Etat ».
60% des chefs d’entreprise n’ont pas réellement connaissance du pourcentage d’augmentation de leur facture d’énergie
Ces appels téléphoniques sont depuis lundi, élargis à d’autres secteurs qui « sont ou vont être impactés quant aux coûts de l’énergie ». Gérard Gomez cite notamment les pressings, mais aussi les métiers nécessitant des machines de production puissantes branchées sur le réseau électrique. D’autant, ajoute-t-il que « 60% des personnes n’ont pas réellement connaissance du pourcentage d’augmentation de leur facture d’énergie ».
Alors que les factures vont commencer à arriver, l’aide apportée par la CMA se joue alors sur un autre plan : les cellules de soutien psychologique ont été à nouveau mises en route dans tous les départements. « On commence à avoir des appels qui ne sont plus de l’inquiétude mais des appels de détresse ».