Face aux agriculteurs, l’Etat soutient les stockages d’eau


Fabienne Buccio, préfète de région était l’invitée de la FNSEA, ce mardi 30 août à Sérignac-sur-Garonne. Au coeur des débats, la gestion de l'eau et les saisonniers.

La préfète de Région, au centre, a répondu à l'invitation du principal syndicat agricoleClaude-Hélène Yvard | Aqui

La préfète de Région, au centre, a répondu à l'invitation du principal syndicat agricole

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/09/2022 PAR Claude-Hélène Yvard

C’est en Lot-et-Garonne, tout près des vergers de pommes, de kiwis et de poires des frères Drapé, à Sérignac-sur-Garonne, que Fabienne Buccio, préfète de région, a fait sa rentrée agricole. Invitée de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA) de Nouvelle-Aquitaine, la représentante de l’État a tenté de répondre aux inquiétudes des agriculteurs sur plusieurs sujets: la ressource en eau et sa gestion, la sécheresse et la question de la main d’oeuvre saisonnière agricole.

Eau : faire avancer les projets en cours


« En agriculture, le stockage de l’eau est la meilleure des assurances récolte, en assurant des rendements réguliers et une sécurité face aux aléas climatiques, qui tendent à se multiplier. Pour la FNSEA, il devient urgent de mettre en place une réelle politique volontariste de créations de ressources en eau, pour sécuriser l’abreuvement des animaux, leur alimentation et l’irrigation tout en soutenant l’étiage » a souligné Cédric Tranquart, Président de la FNSEA Nouvelle-Aquitaine.

Le syndicat agricole en appelle à la constitution de ressources collectives, véritables solutions alternatives aux prélèvements en nappes profondes ou dans les cours d’eau. Il demande une révision de la législation concernant la protection des zones humides, qui constitue un frein à la création de retenues. Dans la cadre de la directive du Varenne de l’eau, la FNSEA souhaite être associée aux travaux d’identification des territoires où il serait pertinent d’estimer ces volumes disponibles aux usages anthropiques en dehors de la période de basses eaux. Les responsables agricoles demandent que sur le sujet de l’eau, tout le monde se mette autour de la table avec les représentants de l’Etat pour faire avancer les projets en cours en prenant en compte des spécificités locales. 

Pour Fabienne Buccio, après l’été écoulé, ses chaleurs et sa pluviométrie réduite à néant, le stockage de l’eau est devenu une évidence. « Il faut faire des réserves avec la pluie tombée à l’automne et en hiver. Je rappelle que pour ces réserves d’eau, l’Etat prend 40 % du financement en charge. Il ne nous reste plus qu’à travailler pour éviter d’avoir des recours et, ainsi, raccourcir les délais de réalisation… » Question coût toujours, celui du curage des lacs et des fossés, qui permettrait de stocker davantage d’eau, ne passe pas. « La Draaf et la DDT [Direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt et la Direction départementale des territoires, NDLR] peuvent aider au financement. À condition que cela soit réalisé au moment où c’est autorisé », avance la préfète de Région, aux côtés de Philippe de Guénin, directeur régional de la Draaf.

La main d’oeuvre saisonnière, préoccupation majeure

La main-d’œuvre saisonnière, enfin, est l’une des préoccupations majeures des agriculteurs, qui tentent de rendre plus attractif leur métier par différents leviers. A titre d’exemple, les frères Drappé emploient sur leur exploitation de nombreux saisonniers. Ils ont fait le choix d’une main d’oeuvre locale en travaillant sur la rémunération. « Nous proposons de nombreuses heures supplémentaires, avec des contrats de 45 heures voire 48 heures, qui est le maximum. Beaucoup ne peuvent pas se le permettre, pour des questions de rentabilité », indique Nicolas. Les deux frères souhaiteraient que les charges sociales soient allégées, notamment par souci d’équité avec les autres pays européens. 

Pour la saison 2022 en arboriculture et dans les vignes, plus de 1 200 saisonniers – essentiellement en provenance du Maroc – ont été recrutés pour le Lot-et-Garonne. Il revenait aux préfets de département et à leurs services d’étudier les demandes, et d’accorder après expertise ces contrats OMI (office mondial de l’immigration). La donne a changé, la gestion revient désormais à une plateforme nationale. Selon les responsables du syndicat FNSEA régional réunis à Sérignac, cette simplification a ouvert la porte au libéralisme. Des entreprises privées proposent d’être les intermédiaires.

« On s’est rendu compte que dans ce recrutement par les entreprises intermédiaires, il y avait du bon et du mauvais. Certaines ne sont pas sérieuses, mais la loi ne peut pas l’empêcher. » Pour la Gironde, la préfète indique qu’un travail a été mené avec la chambre d’agriculture et les syndicats agricoles.  « Il ne peut y avoir de coercition ou d’interdiction, simplement une indication de la part de nos services. L’agriculteur est libre de travailler avec qui il veut. Pour la Gironde, nous avons créé une charte qui répertorie huit entreprises sérieuses, aptes à recruter de la main-d’œuvre étrangère. Car il y a eu trop d’excès en la matière, trop d’entreprises qui abusaient de cette main-d’œuvre », note Fabienne Buccio. La Région, quant à elle, s’attelle à faciliter le transport et l’hébergement.

Autre option pour faciliter l’emploi d’une main d’oeuvre locale, des maisons de saisonniers voient peu à peu le jour, notamment en Gironde. C’est le résultat d’un travail avec les élus et les communautés de communes. Dans ce cas précis, l’exploitant participe aux frais d’hébergement.

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