Deux fois par an, la fête foraine investit la place des Quinconces pour réjouir petits et grands bordelais de ses manèges et sucreries, et ce depuis 1854. Sa bruyante activité s’entend jusqu’au musée d’Art contemporain (CAPC), quelques rues plus loin. Cette année, elle s’invite également sous les grandes arches de l’entrepôt Lainé, qui abrite le musée, à travers l’exposition Barbe à Papa.
Visible dans la nef et sur les mezzanines du CAPC ainsi que sur sa façade, les œuvres d’une cinquantaine d’artistes – dont une vingtaine ont été réalisées pour l’occasion – sont exposées du 3 novembre 2022 au 14 mai 2023. « C’est une exposition qui est inspirée par les rituels & composants de la fête foraine. Je me suis intéressé à ce qui faisait la fête foraine et je suis allé voir des artistes qui s’intéressent à certains aspects de la fête foraine », explique Cédric Fauq, Commissaire en chef du CAPC, et commissaire de l’exposition Barbe à Papa.
La fête foraine, aussi au musée
« A l’origine, ce qui m’a inspiré pour le projet, c’est le fait que cet endroit-là était un endroit où l’on entreposait du sucre. » Construit en 1824, l’entrepôt Lainé qui abrite le CAPC était à l’origine un haut lieu du commerce maritime Bordelais, servant à entreposer les denrées en provenance d’Afrique et d’Amérique. « Je me suis intéressé à la transformation du sucre, et très vite la barbe à papa s’est imposée dans mon esprit. La rencontre entre le CAPC et la Fête des Plaisirs donne Barbe à Papa. »
- Thomas Liu Le Lann, Training Part 2: Funmix, 2021
- Silas Inoue, Future Friture – Hydra, 2017
L’exposition est pensée comme une mise en scène globale créant une atmosphère qui vise à appréhender l’histoire culturelle et matérielle de la fête foraine. Regroupant sculptures, peintures, vidéos, œuvres sonores et performances, elle part du postulat que la fête foraine et l’exposition temporaire partagent de nombreux points communs : capter l’attention, créer une illusion… L’exposition Barbe à Papa pose la question de savoir si toute œuvre d’art est aussi une attraction. « Ce qui m’intéressait, c’était de jouer sur la question du son, de la lumière, des images, et de voir comment ces choses-là allaient interagir pour créer une atmosphère. », dévoile Cédric Fauq.
Une exposition vivante
Les œuvres sont réparties en cinq thématiques, réparties à travers les espaces d’exposition. Les œuvre du « Festin » ont un rapport direct avec la gourmandise et font écho au sucre ou au chocolat, celles de « Gravity » jouent avec les matériaux et oscillent entre légèreté et lourdeur alors que celles du « Carrousel », en mouvement, s’intéressent au motif du cercle. Les œuvres de la partie « 1893 » s’intéressent au rapport de la fête foraine avec l’histoire et le temps, faisant référence à l’exposition universelle organisée à Chicago lors de laquelle, cette année-là, fut présentée la première grande roue de l’histoire. Enfin, la catégorie « Lanternes » questionne le rapport de la fête foraine à l’un de ses matériaux constitutifs : l’électricité, énergie nécessaire pour que la fête foraine bouge et s’illumine.
- Julie Villard & Simon Brossard, Teardrop Station, 2021
- Julien Ceccaldi, Door to Cockaigne, 2022
Exposition vivante, elle sera associée à plusieurs évènements tout au long de sa durée d’exposition, surtout concentrés au printemps 2023, lors du retour de la fête foraine sur la place des Quinconces. L’exposition se clôturera par un bal final à l’occasion de la Nuit des musées, le 13 mai 2023. La programmation complète des évènements sera communiquée fin novembre 2022.