Euralis entre transformations subies et nécessaires


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Euralis entre transformations subies et nécessaires

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 17/12/2019 PAR Solène MÉRIC

Globalement, si la Coopérative sauve les meubles, c’est que la baisse du chiffre d’affaires (qui s’établit à 1,35 Mds €) et celle de l’EBITDA (équivalent de la performance annuelle du groupe) par rapport à l’exercice précédent, sont, dans un certaine mesure, contenues. L’EBITDA s’affiche à 45 M€ au 31 août 2019 (- 6,5 M par rapport à l’exercice précédent) pour un résultat d’exploitation à 21M€ (contre 28 M€ l’an dernier) et un résultat net à 4M€. Au global « nous ne sommes pas dans nos objectifs, même si on reste sur une performance honnête », commente Christian Pées qui note tout de même un résultat redevenu positif, « car on avait provisionné le coût de la transformation du pôle alimentaire l’an dernier ».

« Un processus industriel mal appréhendé » sur le pôle alimentaire
Une transformation pour ne pas dire restructuration, qui figure parmi les points noirs, très noirs, de l’exercice 2018-2019. Et pour cause en faisant plongé ce pôle, depuis rebaptisé « ateliers culinaires », le plan de restructuration a pesé sur les résultats globaux du groupe coopératif. Mis en œuvre il y a un peu plus d’un an, il prévoyait la fermeture des sites de Dunkerque et de Brive ainsi qu’une diminution de l’activité à Sarlat, et un redéploiement de certaines activités sur les sites de Maubourguet et Yffiniac avec au total 213 salariés concernés. Mais « le processus industriel a été mal appréhendé, ça a entraîné un effondrement du taux de service principalement sur Yffiniac. Ce qui a fortement perturbé les activités. On n’a pas su l’anticiper, » reconnaît le président du Groupe Coopératif. Conséquence, sur ce pôle ateliers culinaires, l’EBITDA enregistre une perte de 10 M€ par rapport à l’an dernier, même s’il reste positif à 5M€, notamment en partie grâce à la marque Maison Montfort (canard gras grande distribution) qui a su gagner des parts de marché, y compris durant la saison festive, pour atteindre un chiffre d’affaires de 115 M€.
Désormais, suite à cette transformation, le pole compte 4 « business unit » (PME) qui ont chacune plus de responsabilités sur leur propre performance. « L’objectif de cette réorganisation est de gagner en agilité. Le pôle en lui même est composé d’une seule personne, son directeur qui a un rôle de coordination », pointe le président. 4 PME liées à 4 marques : deux en traiteur, Jean Stalaven et Qualité traiteur, et deux liées au canards gras : Maison Montfort et Rougier pour ce qui est de la restauration hors domicile. Et, soulagement pour la coopérative sur les premiers mois de l’exercice en cours, « les indicateurs sont désormais en ligne avec le rebond que l’on attendait ».

L’Agricole en négatif, les Semences particulièrement porteuses
Sur le pôle agricole qui représente 40% du chiffre d’affaires du groupe coopératif, là aussi les nouvelles n’ont pas été bonnes. « Nous affichons pour la première fois un résultat négatif de -1,5M€. C’est la traduction de l’érosion de la rentabilité liée à la transformation du système global… Ce à quoi s’ajoute des aléas : une récolte en recul de 5% par rapport à 2017, qui avait été extraordinaire, ou encore un marché de l’agrofourniture à en baisse de 6%, sauf sur la zone de Bordeaux, où notre activité vigne, même si elle est toute petite, grimpe de 9%. Mais sur Bordeaux encore, on enregistre également une énorme baisse sur l’activité embouteillage, de -23%, qui est liée au contexte du vin de Bordeaux. » une longue liste dressée par Philippe Saux, nouveau DG du Groupe Euralis, encore à mi-temps pour quelques mois avec sa précédente (et donc toujours actuelle aussi…) fonction de Directeur du pôle Semences. « Nous sommes face à une évolution globale du système , il faut faire évoluer notre modèle, car aujourd’hui les agriculteurs souffrent et la maison commune également, on le voit avec ce résultat négatif ».

Mais l’exercice 2018-2019 retient aussi tout de même quelques éléments positif dont le pôle Semences est particulièrement porteur. Ici, « la stratégie est payante, et les fondamentaux sont toujours les bons », se félicitent les dirigeants. Représentant 18,4% du chiffre d’affaires du Groupe, la rentabilité du pôle est encore améliorée cette année (36M € contre 28 M€ l’an passé). La recette du succès réside dans un effort de recherche toujours important (12% du CA du Pôle) : « la performance génétique et technique est un savoir faire de la maison, sur le maïs, le tournesol, le colza d’hiver, le soja et le sorgo » liste pas peu fier le Président Pées.
Autre ingrédient, une stratégie d’exportation toujours aussi forte. « Nous vendons 80% de nos volumes hors de France et 50% hors de l’Union européenne, principalement en Ukraine et en Russie. ». Dans ce contexte porteurs, les projets autour de ce pôle s’accélèrent. D »une part, avec un projet d’usine nouvelle en Russie ; « les bases administrative sont d’ores et déjà posées posées, et elle devrait voir le jour au cours de cet exercice », détaille Philippe Saux. D’autre part, le groupe coopératif est en bonne voie pour une fusion de son activité semence avec le groupe Caussade, « afin d’avoir une taille critique de visibilité sur le marché européen à l’heure où tous les plus grands acteurs eux-même s’allient ou fusionnent», avec un projet qui pourrait se concrétiser pour le 2nd trimestre 2020, espèrent les deux hommes.

La nécessité d’un « nouveau cap »
Enfin, concernant le pôle « participation et développement » qui regroupe l’ensemble des activités dans lesquelles Euralis participe sans pour autant directement piloter les projets, il est lui aussi source de satisfaction, même s’il ne représente au total que 5% du chiffre d’affaires. Parmi ces composantes positives : l’activité de Sanders Euralis augmente de 8%, le succès de Sojalim spécialisée dans la trituration de soja du Sud ouest non OGM, dont 44% de bio, se confirme de même que l’usine de Bioéthanol de Lacq qui, démarrée avec un capacité de 450 000 tonnes permet désormais le traitement de 560 000 tonnes de maïs, et qui « profite à l’ensemble des opérateurs du sud ouest en leur apportant un débouché local » avec une vraie plus-value, « en moyenne sur 10 ans 5€ par tonne », estime à la louche le président Pées.

Au total, et malgré un environnement qui questionne âprement les administrateurs de la coopérative sur la nécessité d’un nouveau « cap », (dont quelques unes des premières grandes lignes seront livrées lors de l’assemblée générale du 7 février), tant Philippe Saux et Christian Pées se disent « assez confiants sur ce qui vient », notant parmi les temps forts de l’année le développement du Label rouge sur 100 000 canards, ainsi que le lancement d’une gamme sans antibiotique, sur la marque Rougier, et sur les magrets Montfort. Effort aussi sur l’accélération de la stratégie circuits courts avec les corners « Tables des producteurs » désormais présents dans la moitié des magasins Points Verts, et la mise en place d’un magasin pilote éponyme à Saint-Eulalie, près de Bordeaux. Cherchant à répondre aux attentes des consommateurs, le groupe coopératif continue son accélération sur le bio, avec 265 producteurs convertis cette année, contre 230 l’exercice précédent, et l’ambition, chez Euralis Semence est de doubler ses surfaces en bio, notamment en soja et tournesol. Sans oublier à tout ça un développement international en progression constante sur plusieurs de ces activités : Rougier a augmenté ses ventes vers l’Asie de 12%, le pôle Semences réalise 78% de son chiffre d’affaires net à l’international, et enfin, sur le pôle agricole 60% de la récolte est aussi valorisée à l’international.

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