Eric Chevet veut comprendre le stress et ses effets sur les cellules cancéreuses


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Eric Chevet veut comprendre le stress et ses effets sur les cellules cancéreuses

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 23/01/2008 PAR Charlotte Lazimi

Arrivé à Bordeaux en 2006, ce chercheur originaire de la région parisienne a d’abord travaillé 10 ans à l’université de McGill à Montréal, avant d’obtenir un poste à l’Inserm.
Eric Chevet étudie, avec son équipe, les mécanismes du stress et leur incidence sur le cancer du foie. « Le stress n’est pas quelque chose de négatif en soi » précise-t-il « C’est une faculté d’adaptation ». Contrairement aux cellules normales, les cellules tumorales ont une grande aptitude à s’adapter au stress. L’objectif à long terme pour Eric Chevet et son équipe: réduire la capacité de ces cellules, et donc empêcher le développement de la tumeur. Un travail long et fastidieux, à la portée de tous?

« Tout le monde peut faire de la biologie moléculaire »

C’est en tout cas ce qu’assure Eric Chevet. La motivation était son seul moteur. Son choix de carrière ne correspondait pas, au départ, à une vocation. En DEA, puis pour sa thèse sur les récepteurs pour les facteurs de croissance dans le cerveau, son engagement est total. « En tant que chercheur indépendant, j’ai développé cette thématique des voies de stress. Au départ, ça n’était que peu lié au cancer » raconte Eric Chevet, qui travaille aujourd’hui plus précisément sur le cancer du foie. Cette forme là est, d’ailleurs, le cinquième au niveau mondial et le troisième plus mortel. A Mac Gill, ces recherches étaient très différentes. Associé à un département de chirurgie, Eric Chevet cherchait à développer les déterminants moléculaires pour améliorer les conditions de transplants. « J’ai fréquenté des personnes qui travaillaient sur le foie, comme Jean Rozenbaum, directeur à Inserm de l’unité 8 889. » précise-t-il.

La recherche : construction d’un puzzle

« Mon travail ? C’est rassembler les pièces d’un puzzle. Au départ l’image est floue, puis on la complète avec de petites pièces, pour avoir une vision globale. Tous les projets convergent et tendent à définir une image. »
Losqu’on lui demande si son travail est une passion Eric Chevet répond, catégorique : « Je n’aime pas le mot passion et son côté destructeur », mais il reconnaît volontiers être dépendant de son travail. D’ailleurs, il avoue qu’il pourrait, sans problème, mener ses recherches 24h sur 24, 7 jours sur 7. « Je déteste m’ennuyer » se justifie-t-il. Ce qui l’a attiré ? Le travail sur des organismes vivants et surtout la démarche expérimentale. « Je recherche une sensation. L’excitation que l’on ressent lorsqu’on découvre que notre hypothèse est validée. C’est la cerise sur le gâteau». Eric Chevet ne manque pas d’idées pour continuer ses recherches, beaucoup de projets sommeillent encore.

 Les cellules tumorales résistent mieux au stress

Eric Chevet et son équipe étudient le compartiment intracellulaire, le réticulum endoplasmique. Son rôle dans la cellule : replier correctement les protéines, avant de les relarguer dans le milieu. Cependant, une altération des conditions environnementales réduit la capacité du réticulum endoplasmique, à replier les protéines de manière correcte. Ceci a pour conséquence une accumulation des protéines, reconnues comme anormales. Cela crée un stress du réticulum endoplasmique.

Dans une première phase d’adaptation, ce compartiment signale au reste de la cellule, que quelque chose d’anormal se passe. Le réticulum endoplasmique va alors lui signifier de restaurer son fonctionnement. Si le stress est trop fort, une seconde phase est lancée, qui provoque la mort de la cellule. C’est un processus physiologique, qui fonctionne de manière non pathologique.

Les cellules cancéreuses sont soumises à des stress très importants en nutriments, avec par exemple des carences en oxygène en glucose. Or ces cellules s’adaptent . Elles ne sont donc plus induites à mourir. Elles s’adaptent mieux que les cellules normales. Elles sont dès lors plus résistantes, notamment aux chimiothérapies.

Les caractéristiques des signaux vont être différentes selon les cellules. L’objectif d’Eric Chevet : caractériser ces différences pour mieux comprendre comment ces mécanismes peuvent être informatifs pour la cellule. Puis, identifier des composés qui seront capables de moduler ces réponses de stress. La cellule aura une adaptation réduite à un environnement carencé.

Charlotte Lazimi

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