Entre réformes et réfugiés, une rentrée chargée pour le Préfet de Région


Aqui.fr

Entre réformes et réfugiés, une rentrée chargée pour le Préfet de Région

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 15/09/2015 PAR Solène MÉRIC

Le 31 juillet dernier, Pierre Dartout a présenté les grandes lignes de la réorganisation des services de l’Etat en Aquitaine, telles que fixées par le Gouvernement dans le cadre de la réforme des Régions. En ALPC, la future carte des directions régionales, indique que la plupart d’entre elles auront leur siège à Bordeaux, à l’exception de la DREAL (environement), dont le siège sera à Poitiers et de la DRAAF (agriculture et forêt) dont le siège sera à Limoges. Une situation des sièges qui se combine à une répartition des services des différentes directions dans les trois villes principales de la future région. «Sur la DRAAF par exemple, le service vigne et viticulture, restera à Bordeaux, quand bien même son siège sera à Limoges », illustre le Préfet.

Eteindre le départ de feu autour de DRAAF de LimogesAu total, donc, un grand chambardement annoncé des modes de travail des personnels, qui a suscité la semaine passée de fortes inquiétudes des fonctionnaires de la DRAAF de Limoges, craignant d’aboutir à une « DRAAF fantôme ». « Il y a eu des tensions, des incompréhensions et des revendications dans cette DRAAF qui ont abouti à la démission du Directeur préfigurateur de Limoges », signale Pierre Dartout, qui s’est d’ailleurs lui même déplacé à Limoges le 10 septembre dernier, pour rencontrer les syndicats et tenter d’éteindre le départ de feu, dans lequel les politiques locaux avaient déjà pris leur rôle. Si, à l’occasion de sa rentrée médiatique, le Préfet a joué la carte de l’apaisement, assurant que « le nombre de postes à Limoges, et dans les autres Directions sera conservé », il devait encore assister, dans l’après-midi de ce mard,i à une rencontre avec les représentants de l’intersyndicale des trois directions régionales de l’Agriculture et de la Forêt, « afin d’assurer un dialogue et un travail fructueux de concertation ».

Plus globalement sur cette réforme, et comme il l’avait déjà fait en juillet, il a insisté sur sa volonté de « tout faire pour éviter les mobilités géographiques des agents ». Mais, au regard de la future organisation en cours de préparation, les fonctionnaires, toutes administrations régionales confondues, devront bel et bien envisager une mobilité fonctionnelle. « Nous garderons le même nombre de postes sur les sites, mais ce ne seront pas les mêmes postes », reconnaît-il. En d’autres termes, « un certain nombre de fonctionnaires, auront à changer de métier, ou de Direction régionale pour un poste comparable, pour rester dans la même ville ». En terme de calendrier, le Préfet doit rendre à l’Etat « un organigramme détaillé des différents services de la Grande Région» le 31 octobre, afin que celui-ci puisse trancher avant le 1er janvier 2016. L’ensemble des cadres des Directions régionales de la grande région sont quant à eux invités à participer à un séminaire ce jeudi à Angoulême.

Outre la réforme des régions et ses conséquences sur l’organisation des services de l’Etat, une autre réforme marque la rentrée préfectorale : il s’agit cette fois de préparer le nouveau Schéma de coopération intercommunale. Au menu, la réorganisation des intercommunalités, qui ne devront désormais obligatoiremet compter plus de 15 000 habitants, sauf exception de faible densité démographique. En Gironde, ce sont 15 intercommunalités de moins de 15 000 habitants qui sont directement concernées par cette réforme, dont 2 seulement s’inscrivent dans l’exception de densité démographique. « Un certain nombre de périmètres vont donc bouger », avertit Pierre Dartout. Celui-ci doit présenter le nouveau schéma à la Commission Départementale de la Coopération Intercommunale le 9 octobre. En cas de désaccord, la structure, essentiellement composée d’élus locaux, ne pourra rejeter ce plan qu’au vote des deux tiers.

Accueils des réfugiés: « tout nous reste à faire »Au delà de l’agenda des réformes, une des questions d’actualité forte de cette rentrée, qui a déjà mobilisé le Département, la Région et un certain nombre de communes, est celle de l’accueil des réfugiés Syriens, Irakiens et Erythréens. En la matière, le Préfet de Région reconnaît que « tout nous reste à faire ; que ce soit sur les conditions d’accueil dans les logements, du traitement administratif des dossiers, de l’accompagnement des familles, des mesures d’insertion…. Nous avons à ce sujet une réunion vendredi avec l’ensemble des partenaires, Etat, collectivités territoriales, Bordeaux Métropole, l’Association des Maires de Gironde, et les communes qui se sont manifestées pour accueillir ces réfugiés», a-t-il annoncé. Une question sensible d’autant qu’à l’heure actuelle, les hébergements en CADA (réservés au demandeurs d’asile) auxquels s’ajoutent des formules d’hébergement en urgence sont déjà largement occupés, voire insuffisants, comme a pu en témoigner la situation des migrants Sahraouis à Bordeaux (un temps installés sous le pont Saint-Jean à Bordeaux).
Tout l’enjeu pour le Préfet est de « veiller à ce qu’il n’y ait pas de tension croissante sur la demande d’hébergement ». Pour cela il faudra sans doute « trouver de nouvelles formules d’hébergement » mais aussi libérer des places parfois encore occupées par des personnes dont la demande d’asile a été définitivement déboutée. Or « faire cette distinction entre migrants économiques, qui n’ont pas accès au droit d’asile, et personnes fuyant des situations de guerres ou de violence est nécessaire », insiste le Préfet Dartout. «S’il faut avoir autant de respect pour ces personnes que pour n’importe quel être humain, s’applique -t-il à répéter, les personnes déboutées du droit d’asile devront être reconduites à la frontière. Ce qui est très clairement beaucoup plus difficile à faire pour une famille que pour une personne seule… ».

980 demandes d’asile depuis début 2015Précisant qu’aucun chiffre n’est pour l’heure connu quant au nombre de réfugiés accueillis en Gironde, le Préfet a estimé que les chiffres avancés la semaine dernière par le Président du Conseil départemental (entre 700 à 800 personnes), « ne paraissaient pas déraisonnables. »
Pour l’heure, en 2015, ce sont 980 demandes d’asile qui ont été déposées en Gironde, soit une hausse de 68% par rapport à l’an dernier. Sur la communauté Sahraouis, particulièrement mise en avant par les médias du fait de son arrivée massive et croissante à Bordeaux (13 personnes en 2013, 278 en 2014 et 312 depuis le début de l’année 2015), et de la difficulté à les accueillir et les héberger, le Préfet a pointé que la plupart d’entre eux apparaissent comme des migrants économiques. « Sur les 606 demandes d’asile déposées à la Préfecture de Gironde par les sahraouis depuis 2013, l’OFPRA a statué sur 289 dossiers. 234 ont été déboutés (mais avec possibilité de former un recours auprès de la Cour Nationale du Droit d’Asile) et 55 ont vu leur demande accordée », a-t-il précisé.

Enfin, c’est avec une pointe d’ « optimisme raisonnable » que le Préfet a évoqué la situation économique en Aquitaine, se félicitant de la remontée de l’emploi des jeunes durant l’été tout en soulignant que la situation reste préoccupante pour les seniors et les chômeurs de longue durée.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! POLITIQUE > Nos derniers articles