En Haute-Vienne, les établissements hospitaliers anticipent la progression de la pandémie


CHU Limoges

En Haute-Vienne, les établissements hospitaliers anticipent la progression de la pandémie

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 04/11/2020 PAR Corinne Merigaud

En Haute-Vienne, la dégradation est plus marquée depuis la deuxième quinzaine d’octobre et les chiffres dévoilés par François Négrier, directeur départemental de l’ARS sont à la hauteur de l’inquiétude. « Le taux d’incidence a été multiplié par quatre dans la population générale en octobre avec 371,9 cas pour 100 000 habitants. Une embellie s’amorce avec 336,6 à J-3/J-9 mais c’est très fragile, nous ne pouvons pas dire si ce mouvement va s’inscrire dans la durée. Chez les plus de 65 ans, ce taux tombe à 218,8 en légère amélioration. Quant au taux de positivité, il atteint 16,1 % pour la population générale et 15,7 % chez les plus de 65 ans. »

La capacité à tester a fortement progressé ces dernières semaines avec actuellement, 8.000 tests effectués en moyenne par semaine et 200 personnes positives détectées par jour.

Le mois dernier, la Haute-Vienne arrivait en seconde position des départements les plus touchés de Nouvelle-Aquitaine derrière Pyrénées Atlantiques, le plus touché encore avec un taux d’incidence de 500 et un taux de positivité de 18,2 %. Aujourd’hui, un regroupement des autres départements s’opère avec toujours des écarts, par exemple, le taux de positivité est de 10,2 % en Charente-Maritime et le taux d’incidence reste très élevé en Creuse chez les personnes âgées. Le nombre de passages dans les services d’urgences progresse de même que les consultations de SOS Médecins pour suspicion de Covid (+8 %).

134 personnes hospitalisées pour Covid

En Haute-Vienne, 134 patients sont hospitalisés dont 7 en réanimation (deux en provenance de Lyon) et huit clusters sont identifiés en structures sanitaires et médico-sociales. Depuis le début de la pandémie, 55 décès ont été enregistrés. « La situation est plus marquée sur la deuxième vague avec 32 décès à savoir, 11 en septembre, 18 en octobre et 3 ce mois-ci » précise-t-il.

Au CHU de Limoges, le plan blanc a été déclenché depuis plus d’une semaine pour répondre à une situation tendue. Aujourd’hui, 93 patients sont pris en charge, la plupart en hospitalisation conventionnelle et SSR. « Le CHU n’est pas saturé, la situation est maîtrisée car nous anticipons une évolution que nous attendons encore plus importante que celle d’aujourd’hui assure Jean-François Lefèbvre, le directeur, elle diffère de celle du printemps car la région avait été épargnée. Au plus haut, nous avions eu 75 patients hospitalisés et nous n’étions pas en tension. Beaucoup d’activités avaient été déprogrammées par l’hôpital suite au confinement et nous sommes encore en train d’opérer des patients de cette période. Aujourd’hui, il faut combiner l’activité Covid qui augmente et non Covid qui reste importante depuis cet été. Cependant, le plan blanc ne remet pas en cause nos activités d’urgence.»

Les soins ne sont pas remis en cause pour les patients traités en neuro-vasculaire, cancérologie, cardiologie, chirurgie cardio-thoracique vasculaire, pédiatrie et maternité, l’activité de greffes rénales se poursuivant également. Des unités Covid dédiées séparées des autres services ont été créées dont  une de 15 lits au 3ème étage de Dupuytren 1, comme au printemps, et 8 lits en réanimation. Une nouvelle organisation est donc mise en place pour s’inscrire dans la durée. « Cette situation va durer des mois et nous nous organisons en conséquence notamment au niveau des ressources humaines car l’encadrement soignant dans les unités Covid est deux fois plus important avec une infirmière pour six lits. Des personnels sont donc redéployés en fermant des lits de certains services. »

Jusqu’à 150 lits Covid au CHU de Limoges

Pour renforcer les équipes, certains personnels travaillent également davantage en prenant en charge plus de lits, par exemple, l’équipe de réanimation fait fonctionner une deuxième réa à effectif constant. Actuellement, 8 % des capacités du CHU sont dédiés à des unités Covid, la direction a prévu d’atteindre 15 % si nécessaire. « Nous avons déjà identifié les lieux et les organisations pour assumer cette prise en charge pouvant aller jusqu’à 150 lits dédiés Covid en complément des autres services de l’hôpital où les prises en charge indiquées plus haut ne seront jamais remises en cause » assure le directeur.

Une école d’application de 1 500 m² a été ouverte au printemps dans les locaux du CHU pour former les personnels à la prise en charge de ces nouveaux patients, particulièrement en réanimation. Plus de 1 500 soignants ont déjà été formés et l’école ne désemplit pas. En outre, des déprogrammations massives d’interventions ne sont sont pas prévues. « Elles seront envisagées de manière progressive, proportionnée et adaptée au taux épidémique de chaque département en concertation avec les établissements hospitaliers » précise le directeur départemental de l’ARS.

Le laboratoire du CHU doit aussi gérer l’afflux de tests, soit 700 à 1 000 réalisés chaque jour la semaine dernière. « Nous recevons les prélèvements du centre de dépistage, de notre unité mobile, des établissements du groupement hospitalier territorial et des patients hospitalisés détaille le Dr Sylvie Rogez, virologue, depuis septembre nous venons en aide au CHU d’Agen qui nous envoie 200 tests par jour. » Quatre tests différents sont appliqués, semi-automatiques ou manuels, pour avoir une réponse en une heure pour les plus rapides, en 24 h voire en 48 h actuellement vu leur nombre croissant. Des étudiants sont venus en renfort pour communiquer les résultats aux patients par téléphone.

Des unités Covid ouvertes ailleurs

En plus des 93 patients hospitalisés au CHU, la polyclinique de Limoges et d’autres hôpitaux de proximité reçoivent également des patients positifs. A la polyclinique de Limoges, le plan blanc a été activé le 23 octobre. Une unité Covid de 15 lits est opérationnelle depuis un mois, cinq patients Covid sont hospitalisés, l’établissement accueille aussi des patients en gériatrie provenant du CHU non positifs. « L’objectif est de concilier les activités programmées et les urgences avec cette nouvelle unité qui est appelée à monter à 30 si besoin précise Thomas Roux, co-directeur, nous sommes obligés de fermer des lits en hospitalisation conventionnelle avec une baisse de l’activité d’environ 20 % en médecine et chirurgie pour augmenter nos capacités de cette unité . » Toutefois, le personnel commence à être à son tour touché par la pandémie. « Une vingtaine de personnels soignants ont été testés positifs et cela s’accélère depuis trois jours ajoute Cécile Blanc, co-directeur ce n’était pas le cas au printemps. » Le dépistage systématique s’accélère également sur les patients fragiles.

A l’hôpital de Saint-Junien, huit patients Covid sont soignés et un cluster de 24 résidents malades a été détecté la semaine dernière dans l’unité de soins longue durée. « Dix lits sont réservés aux patients positifs et l’objectif est de doubler si besoin assure David Jourdan, directeur délégué. »

A Saint-Yrieix-la-Perche, l’hôpital soutient aussi le CHU en prenant en charge 13 patients ainsi que six résidents de l‘EHPAD de Ladignac-le-Long, le plus important cluster du département avec 56 cas positifs, trois sont décédés. « Dix-sept lits sont dédiés aux patients Covid et nous pourrons monter jusqu’à 24 si nécessaire » assure Cyrille Harmel, directeur délégué. De plus, deux lits sont disponibles à l’hôpital de Saint-Léonard de Noblat et de Bellac avec la possibilité d’en ouvrir davantage si le nombre de personnes dépistées positives venait à augmenter.

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