En Gironde, la crise viticole n’empêche pas l’audace


Les chiffres du foncier ne trompent pas. La crise viticole qui touche Bordeaux, concerne désormais toutes les appellations. Même, dans une certaine mesure, les plus renommées. Mais des projets d’installation perdurent !

Paul Quillet et Rémi Lamérat, ont pris la parole lors de la Conférence départementale du foncier rural de la Gironde.SAFER NA

Paul Quillet et Rémi Lamérat, se sont tous les deux récemment installés dans le vignoble bordelais, l'un à Saint-Martin-Lacaussade, l'autre à Yvrac.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 05/07/2023 PAR Solène MÉRIC

Les chiffres du marché foncier des vignes détaillés par Michel Lachat, directeur de la SAFER 33, lors de la conférence départementale du foncier rural (CDFR) de la Gironde, reflètent bel et bien la crise que traverse la profession. Si sur la globalité de ce marché les ventes se stabilisent à 1 800 ha, le montant global de ces transactions perd 37 %. 

« Que l’on envisage les Bordeaux, le groupe des Côtes ou même les liquoreux de la rive droite, la tendance est à la baisse ». Sur les autres appellations girondines, quand le marché ne part pas à la baisse, au mieux, il n’évolue plus.

Les prix des vignobles au mieux marquent le pas

« Sur les appellations communales du Médoc, les prix se stabilisent et l’emballement qu’on a pu connaître n’existe plus. Pour la première année, Pessac Léognan marque le pas, les acheteurs ne se bousculent pas », illustre notamment Michel Lachat. Même le très estimé vignoble de Pomerol, dont la moyenne se situe, quand même, à 2M€ l’hectare, voit un prix du foncier amorphe depuis 2 ans. « L’appellation suscite toujours un fort engouement mais elle aussi marque le pas ».

Pour comparaison les Bordeaux se vendent en moyenne à 10 500 € l’hectare, contre 45 000€ dans les années 2 000. Indicateurs d’une viticulture en crise, ces chiffres ne disent pour autant pas que « malgré tout, il y a des projets et des jeunes qui s’installent avec des façons de travailler qui vont changer », dégaine Arnaud Courjeaud, président départemental du Comité technique de la Safer 33.

L’idée est d’avoir une gamme assez large pour satisfaire le plus de gens possible 

Au nombre de ces installations audacieuses, celle, à Yvrac, de Rémi Lamerat, dont le nom parlera aux amateurs de rugby. Tout jeune retraité de l’UBB, le sportif, qui ne pouvait « poursuivre un métier de passion que par un autre métier de passion » s’est installé avec l’aide de la Safer sur une propriété viticole de 10 ha. Une installation au profil innovant puisque c’est aussi avec l’aide de Terra Hominis, entreprise spécialisée dans le financement participatif viticole qu’il a pu accéder au vignoble. Venant du milieu viticole, le sportif de haut niveau a suivi un BTS viticulture/oenologie en parallèle de sa carrière, avant de se lancer dans ce projet.

Un projet qu’il partage avec son épouse autour d’un axe oenotouristique et évènementiel fort « pour vendre un maximum en direct ». S’il reconnaît que ses réseaux construits depuis son arrivée à Bordeaux pourront être un atout pour la commercialisation, Rémi Lamerat ne compte pas se reposer sur ses lauriers, fussent-ils du bouclier de Brennus. « L’idée, du côté de la production, est d’avoir une gamme assez large pour satisfaire le plus de gens possible », décrit-il.

Bien sûr, si la plus large proposition restera un Bordeaux « traditionnel », il annonce implanter 5 nouveaux cépages sur le domaine, dont 2 variétés anciennes locales et des cépages venus du Sud-Est, « notamment pour une meilleure prise en compte du réchauffement climatique ». Dans son projet aussi, la production de vin orange, comprendre des vins blancs vinifiés en macération. « L’idée c’est d’aller chercher des marchés de niche », conclut-il, quitte, par conséquent, à s’exonérer partiellement des charges de l’appellation AOC Bordeaux et assumer une étiquette Vin de France. L’essentiel ici est que ça plaise au client et au vigneron.

La viticulture girondine bouge encore

Autre reconversion et autre personnage, qui veut démontrer que la viticulture girondine bouge encore, Paul Quillet, nouvellement installé à Saint-Martin-Lacaussade, en appellation côte de Blaye. Avec une riche et solide expérience en matière de vente de vin via les canaux digitaux,  il est passionné par les terroirs et la viticulture, même s’il reconnaît ne pas avoir de bagage technique. Outre « les apports de la Safer » dans le tri des propriétés qui l’intéressaient, la réussite de son installation tient aussi en « une histoire d’hommes » entre lui et le cédant, dont la famille travaillait ces vignes depuis 6 générations. « Je suis à 100 % propriétaire depuis le mois d’avril, mais le vendeur est avec moi pour 10 à 12 mois, je le consulte sur presque toutes les décisions techniques ».

S’appuyant sur son expertise commerciale, son idée est de vendre « la moitié de ses 50 000 hectolitres par le e-commerce en B to C » grâce à son site internet, et de partager la production restante auprès d’importateurs spécialisés. « Pour l’instant j’en ai 3, un pour Singapour, un pour les Pays-Bas et la Belgique et enfin un pour le Danemark. Il m’en reste 7 à trouver. Il faut travailler main dans la main avec eux, et aller sur le terrain ». Une idée du « jouer collectif » dans laquelle à Rémi Lamerat, se reconnaît aussi volontiers.

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