Bovin lait: « Le prix ne doit pas exonérer les acteurs d’ avoir un plan de fond »


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Bovin lait: "Le prix ne doit pas exonérer les acteurs d' avoir un plan de fond"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 16/09/2015 PAR Solène MÉRIC

Au total depuis mai 2015 et au fil de la diffusion de la crise à presque tous les secteurs de l’élevage ces derniers mois, ce sont quatre « enveloppes » que le Gouvernement a mis sur la table pour tenter d’y pallier, explique Dominique Graciet. La dernière en date, obtenue suite à la manifestation du 3 septembre dernier a d’une part multiplié par deux le Fonds d’Allègement des Charges à destination des éleveurs, portant le montant le total à 100 millions d’euros au niveau national, et a d’autre part permis une rallonge des crédits consacrés aux impayés MSA, de 16 à 50M d’euros. Mais, au total, cette dernière ne permettra de couvrir que 10 à 20% des retards des paiements selon les départements, note le Président Graciet.
En outre sur le Fond d’Allègement des Charges, qui a vocation à prendre en charge une partie des charges financières des éleveurs les plus endettés et fragilisés, la Région Aquitaine apporte un complément de 2M €. Une partie de ces aides, viendra compléter les mesures liées aux dettes des éleveurs, et l’autre partie ira sur le programme AREA ( entreprises respectueuses de l’environnement) afin de soutenir les investissements sur les exploitations et les rendre plus performantes, « c’est par exemple le cas des exploitations spécialisées en brebis laitières, qui ont en Aquitaine engrangé un certain retard en matière d’investissement », illustre Dominique Graciet.
Pour la mise en œuvre de ces mesures en Aquitaine, « une cellule de crise a été constituée au niveau régional, et une autre dans chaque département pour repérer les exploitants les plus en difficulté et traiter un maximum de dossiers. En Aquitaine ce sont 10 500 éleveurs qui sont concernés par ces productions en crise, et près d’un quart d’entre eux qui n’ont pas été en capacité de payer la MSA depuis le début de l’année ».

Inquiétude sur l’accélération de la disparition de l’élevage bovin laitDes chiffres qui l’inquiètent, et particulièrement sur l’élevage bovin lait : « On voit s’accélérer la disparition de l’élevage, et ici, nous atteignons la limite de densité pour avoir une filière fiable qui permette d’avoir une collecte. Le nombre de disparition d’exploitations a doublé depuis 2008, et on s’attend à ce que ça continue si on n’a pas un retour à l’équilibre sur les prix ». En 2014, vendu à 370 €/t, le prix est à moins de 310 €/t en 2010, or ce n’est qu’à 340 €/t que l’équilibre serait de retour. 340 €/t, c’est justement le relèvement des prix annoncés par le Gouvernement, mais, « que ce soit pour les filières bovin viande, le porc ou bovin lait, les annonces ne sont pas suivies d’effet », regrette le Président de la CRAA. Sur le lait par exemple, cette revalorisation n’intéresserait que 20% des produits transformés.
Une situation de l’élevage laitier qui est d’autant plus inquiétante dans la région qu’il accumule un certain retard de compétitivité, « nous avons un décrochage de 12 €/t pour le lait d’ici par rapport au niveau national ». Au delà de la question du prix, nous avons un travail technique important à faire sur le prix de l’alimentation, on perd 7 à 8 € /t d’approvisionnement par rapport aux bretons par exemple. » Et de suggérer, la mise en place d’autres systèmes que « le tout maïs-soja », mais aussi des efforts de structuration à mener notamment avec une coopérative. Mais, selon lui, le gros point faible de la filière, c’est l’absence cruelle de politique de démarcation et de qualité des produits, contrairement à l’exemple réussi du lait de brebis, qui grâce à son AOP Ossau-iraty « tient le choc ». Et d’enfoncer le clou, « la question du prix du lait ne doit pas exonérer les acteurs d’avoir un plan de fond pour remettre la filière Aquitaine au niveau français.» A bon entendeur…

Candidat à la Présidence de la Chambre d’agricuture grande RégionAutre sujet au menu de la rentrée de Dominique Graciet et de ses homologues, Présidents de chambres régionales et départementales d’agriculture picto-charentais et limousins : la création de la Chambre régionale Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes (ALPC). Une création dont « les 12 chambres départementales sont le moteur », insiste Dominique Graciet, qui voit ici l’opportunité de maintenir, voire renforcer la proximité avec les agriculteurs, élus et partenaires locaux mais aussi de mettre en place des stratégies d’amélioration du conseils à l’échelle de la future région. Une proximité d’autant plus affirmée que « les Chambres sont incontournables sur le terrain pour mettre en œuvre les politiques régionales, mais aussi les évaluer et éventuellement demander des aménagements », souligne-t-il.
Côté administratif, le personnel des Chambres régionales va fusionner au premier janvier (80 personnes), et va même peu à peu légèrement augmenter puisque seront mis en commun les différentes fonctions supports des chambres départementales. Sur les personnesl, « la situation individuelle des salariés sera respectée », affirme Dominique Graciet même s’il n’exclut pas que des compétences pourront être appelées à évoluer. Le siège sera installé dans la capitale régionale, mais dans un premier temps, la nouvelle structure conservera ses trois antennes de Bordeaux, Poitiers et Limoges, notamment pour des raisons pratiques de « crédits agricoles régionaux des fonds FEDER, FEADER qui sont suivis jusqu’en 2020 ». L’année 2016 sera quant à elle « une année de transition » consacrée à la mise en œuvre du projet collectif des Chambres ainsi qu’à sa mise en place opérationnelle ; puis « à partir de 2017, il y aura une mise en discussion d’une politique agricole de la grande chambre régionale effectuée à partir d’un travail filière par filière, pour être prêt en 2020 ». Mais une première annonce est d’ores et déjà faite en direction des agriculteurs, au regard des budgets en baisse des Chambres départementales; un certain nombre de conseils jusque là fournis gratuitement, vont devoir devenir payant, prévient Dominique Graciet, même s’il s’agit encore d’arbitrer lesquels, précise-t-il.

Si les décrets d’application de la réforme sortent à temps, la première session d’installation de la Chambre régionale d’agriculture ALPC devrait avoir lieu le 29 octobre prochain à Périgueux pour « élire un bureau, un président et un budget ». Les 150 élus des Chambres Départementales seront présents, et il en sera ainsi pendant 3 ans, jusqu’aux prochaines élections consulaires, qui donneront naissance à la « « vraie » Chambre de la grande région ». Sur la répartition des rôles des 3 présidents actuels, Dominique Graciet (Aquitaine) se porte candidat le 29 octobre à la Présidence de la chambre ALPC, Luc Servant (Poitou-Charentes) travaillera à ses côtés sur la proposition du projet politique de structuration régionale pour 2019, et Jean-Philippe Viollet (Limousin) représentera la nouvelle Chambre grande région au niveau national de l’APCA.

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