Effluents vinicoles: le travail exemplaire de la CUMA de Saint-Emilion pour le respect de l’environnement


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Effluents vinicoles: le travail exemplaire de la CUMA de Saint-Emilion pour le respect de l'environnement

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/04/2011 PAR Solène MÉRIC

Jusque-là, la pratique, malheureusement encore de mise pour de nombreux viticulteurs, voulait que les effluents vinicoles soient simplement et sans plus de manière rejetés dans la nature. Un vrai souci du point de vue environnemental puisque ces effluents sont les eaux provenant du lavage du matériel utilisé lors de la récolte (bennes et surtout machine à vendanger…), de la mise en bouteille, du lavage des sols, du chai et du détartrage des cuves. Bref, un mélange sympathique de déchets organiques et chimiques, peu recommandables pour la qualité des eaux dans lesquels ils étaient déversés.

« Expliquer et convaincre de l’intérêt du projet »
Face à la complexité et au coût de la mise en place d’une stratégie d’épuration au niveau individuel, l’idée germe, en 2000, dans les têtes d’un groupe de viticulteurs de Saint-Emilion de s’attaquer au problème à plusieurs. L’idée : créer ensemble un système de traitement collectif des effluents vinicoles. « Durant deux ans nous avons organisé de nombreuses réunions pour expliquer et convaincre de l’intérêt du projet, et savoir combien de viticulteurs seraient prêts à nous suivre », explique Jean-Paul Soucaze. C’est donc en 2002, avec environ 180 viticulteurs contributeurs que la Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole (CUMA) de Saint-Emilion, représentation juridique de tous les volontaires, se met en place. « Une fois la Cuma créée, nous avons passé les deux années suivantes à visiter des stations pour étudier les process existants. » Au final, la CUMA optera pour la méthanisation car, si l’investissement de départ est élevé (3 millions d’euros) « ça demande peu de surface et c’est peu gourmand en énergie. Autre avantage, ça produit moins de boue qu’un processus normal. Le besoin en produits de traitement, est donc moindre et au final les coûts d’achat de ces produits sont moins élevés. »
Pourtant, avant de commencer la construction, une autre péripétie s’impose aux viticulteurs : trouver une commune acceptant la construction du bâtiment sur ses terres. « Si au début tout le monde, et les élus les premiers, était d’accord sur le principe d’une station de traitement des effluents, plus personne ne nous a soutenu lorsqu’il a fallu passer du projet papier à la réalisation dans le réel… ». Il faut donc reprendre « le bâton de pèlerin », pour rencontrer les élus et tenter de les convaincre. C’est finalement le Maire de Saint-Christophe qui délivrera un permis de construire pour la CUMA au début de l’année 2005. Objectif à l’époque : que la station soit fonctionnelle pour les vendanges 2005. « C’était un véritable devoir pour nous, se rappelle Jean-Paul Soucaze. D’une part, parce qu’on s’y était engagé auprès des membres de la CUMA et d’autre part, parce que de leur côté ils avaient effectué des travaux sur leur propre exploitation pour stocker les effluents afin qu’ils puissent être collectés pour être apporter à la station. »

« Porter la bonne parole »Station de traitement des effluents vinicoles de la Cuma de Saint-Emilion
Désormais, ils sont 250 viticulteurs à adhérer à la station de Saint-Christophe. Un chiffre qui est loin de satisfaire Jean-Paul Soucaze. « Lors de la dernière campagne, la station a traité 20 000 m3. Elle a la capacité d’en traiter 33 000… ». Le problème c’est que beaucoup refusent de se mettre en règle et continuent de déverser leur effluent dans la nature. Un retard qui s’explique en partie selon Jean-Paul Soucaze par les coûts qui peuvent être engendrés par la réorganisation des chais que l’adhésion à la station de traitement implique. Pourtant si le Vice-président de la CUMA admet que la crise économique « plombe » les chiffres d’affaire, il reste  très amer sur cette situation. D’autant que désormais, « le plus dur du travail a été fait… Nous avons bossé comme des bargeots pendant quatre ans, mais maintenant la station est là, elle existe et elle est disponible. Les viticulteurs n’ont à se soucier de rien puisqu’une entreprise est chargée de la collecte des effluents et une autre du fonctionnement de la station.» Une amertume puisée aussi dans un sentiment d’impuissance face à une situation injuste : « Pendant que nous payons les traitements, d’autres continuent tranquillement leur manège pollueur sans être inquiétés de rien. Nous ne pouvons que porter la bonne parole, nous ne pouvons obliger à rien… Contrairement à la police de l’eau ou à nos élus qui pourraient montrer un peu plus de volonté politique pour que les règles soient respectées…». De quoi être las et finir par se dire « que la loi ne sert pas à grand-chose …» Pourtant en fin d’entretien, dans un sourire plein de malice, Jean-Paul Soucaze assure quand même qu’ « on ne va pas laisser tomber comme ça ! » Au vu du parcours déjà réalisé, on ne peut que le croire.

Solène Méric

Photo: Aqui.fr


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