Des autistes Asperger osent sortir du cadre


La seconde exposition « Sortir du cadre » est à découvrir jusqu’au 27 avril à la BFM de La Bastide à Limoges en collaboration avec l’association Actions pour l’Autisme Asperger. Le talent de ces artistes amateurs se révèle sans filtre.

expoCorinne Merigaud | Aqui

Cette exposition met en lumière le talent de treize autistes artistes qui présentent leurs créations originales dont certains pour la première fois.

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/03/2024 PAR Corinne Merigaud

Treize artistes autistes exposent leurs créations originales que ce soit des sculptures, tableaux en collage ou en perles, aquarelles, dessins, céramiques, marionnettes, textes, fauteuil Voltaire… La première exposition, à la BFM de Limoges en novembre, avait été plébiscitée par les visiteurs.

Jardin secret

Sonia, 43 ans avait déjà exposé quelques oeuvres. Elle présente trois toiles avec de jolies fleurs peintes voilà vingt ans, une vue du Canal du Midi, un phare et des danseuses en mouvement. Cette mère de famille diagnostiquée Asperger voilà deux ans, a toujours peint. « J’ai commencé à l’école primaire, j’aime bien les mélanges de couleurs, les paysages ou d’autres thèmes selon mes envies, précise-t-elle. J’ai de plus en plus envie de faire des choses qui sortent de mon imagination. »

Cette exposition est une façon de s’ouvrir aux autres, de montrer un peu de soi

Sonia a appris la peinture en autodidacte, prenant juste quelques cours pour savoir utiliser certains outils. Bénévole à Actions pour l’Autisme Asperger, elle a franchi le pas en dévoilant quelques toiles. Une démarche pas vraiment facile. « Cela m’a fait bizarre la première fois avoue-t-elle, j’ai dû me préparer mentalement, c‘est mon jardin secret. Cette exposition est une façon de s’ouvrir aux autres, de montrer un peu de soi. C’est aussi une reconnaissance, plus pour les autres que pour moi même en fait. Les gens me disent que c’est beau mais je suis gênée car je n’ai pas l’impression que mes toiles soient exceptionnelles.»

Sonia dévoile une partie de « son jardin secret » avec ces toiles peintes il y a vingt ans.

En préparant l’exposition, elle a rencontré les autres artistes qu’elle ne connaissait pas. Des moments privilégiés qui lui ont permis de se sentir en connexion avec des personnes sensibles et bienveillantes. « Le partage avec ces artistes est très intéressant et sans jugement confie-t-elle, nous avons tout de suite accroché, ça fait un bien fou ! On se connaît à peine mais on a ri et pleuré ensemble. »

Plus jeune, Sonia avait perçu sa différence. Ses proches la trouvaient parfois « un peu bizarre » et elle s’écartait lorsqu’il y avait des contacts trop rapprochés. Suite au diagnostic de son enfant, elle a également été diagnostiquée Asperger, ce qui lui a permis enfin de poser un mot sur sa différence. « J’ai longtemps bafouillé en disant le mot autisme mais après je me suis sentie plus légère. Etre sensible est très compliqué relate-t-elle, il faut vivre avec les comportements d’autres personnes qui sont très hard pour moi. »

Première expérience

Pour Coralie Bernard, 40 ans, cette exposition est une première expérience. Comme elle aime à le répéter « le dessin, c’est ma raison de vivre. » Coralie a commencé le dessin en grande section de maternelle et n’a jamais arrêté.

Pour l’exposition, elle a sélectionné quatre dessins « les meilleurs pour mettre de la joie et de la couleur dans un monde assez triste.» Des centaines de ses dessins sont rangés dans des albums. Des séries de « bonhommes » sortis de son imagination « avec des visages rouges, venus d’autres mondes. » Comme des extra-terrestres. Pour sortir de cette série, elle a « brisé la monotonie » avec des bonhommes différents. « J’aime bien inventer, voyager dans l’imaginaire » confie-t-elle.

C’est la première fois que Coralie Bernard expose ses dessins, notamment ses bonhommes rouges venus d’autres mondes.

A 30 ans ans passés, elle a voulu faire des BD et de la mise en scène, s’expatriant durant six ans à Angers. « J’ai montré mes dessins à des dessinateurs professionnels qui m’ont conseillé d’aller à La Boîte qui fait beuh pour prendre des cours de dessin raconte-t-elle, j’y suis restée 3 ou 4 ans, c’était laborieux au début. »

Exposer est une grande fierté, on me sort de l’ombre

De retour à Limoges elle a choisi d’adhérer à l’association Actions pour l’Autisme Asperger après avoir visité la 1ère exposition. « Exposer est une grande fierté, on me sort de l’ombre remarque-t-elle, c’est sympa d’être à côté d’autre artistes, cela me valorise plus. »

Coralie assure qu’elle a eu « le privilège » d’avoir été diagnostiquée autiste de haut niveau dès 8 ans par Charles Durham puis Asperger à 14 ans. Elle ne côtoie pas d’autres autistes, préférant « s’auto-intégrer en milieu ordinaire. » Ses mises en scène de BD lui prennent beaucoup de temps. L’auto-édition la tenterait bien car elle souhaite continuer à « écrire et dessiner ce qu’elle veut sans qu’un éditeur me dise de faire ça ou ça et de rendre mes planches à une date précise. Je sais que je ne peux pas relever à tel défi. »

Infos pratiques !

Exposition « Sortir du cadre » jusqu’au 27 avril à la BFM de La Bastide (Pôle services au 45 rue Georges Braque), ouverte du mardi au vendredi de 14h à 18h et le samedi de 10h à 13h.
Deux visites sont programmées les samedis 23 mars et 6 avril, de 10h à 13h, en présence d’artistes et de membres de l’association.

Ça vous intéresse ?
Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Limoges / Haute-Vienne
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles