David Pommiès l’éleveur de canards « prêts à gaver »


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David Pommiès l'éleveur de canards "prêts à gaver"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 03/02/2008 PAR Joël AUBERT

Du haut de son mètre quatre vingt douze David pousse la porte de la poussinnière, où nous pénétrons après avoir enfilé des chaussons de plastique sur nos bottes de circonstance. L’image de ce solide gaillard de 33 ans,s’avançant, précautionneusement, vers une bande de 2.200 canetons de 7 jours pour expliquer son métier, d’une voix très douce, n’a pas grand chose à voir avec les clichés entendus sur l’élevage industriel. D’ailleursn au sein de la profession, David ne fait pas partie de la catégorie des très gros éleveurs : il conduit six bandes de 2.200 sur un peu plus d’une année là ou beaucoup en font 6 à 8.000 par bande.

Tout en douceur
« Je les reçois à un jour déjà vaccinés dit-il ; il faut y aller tout en douceur ; la veille je leurs fais un lit de paille et je monte en chauffe la poussinnière à 30°. L’hiver je commence à les faire sortir à 15 jours au meilleur moment de l’après-midi car il faut veiller à ce qu’ils ne subissent pas de trop gros écarts de température qui affecteraient leur développement. »
Pesés entre 12 et 18 jours les petits canards qui seront quelques jours plus tard vaccinés contre le choléraauront chacun sa courbe de croissance. Le tempsviendra de quitter, à l’âge de six semaines, l’univers très protégé de la poussinière, les petits abreuvoirs et les mini-assiettes suspendus, tous rouges où ils avaient leurs habitudes pour en prendre de nouvelles sur un parc de8.000m2.(1) Entre leur abri, les arbres en contrebas du parcet les abreuvoirsoù ils boiront de l’eau de forage soigneusement traitée et protégée des risques de contamination, ils poursuivront, d’un pas lent et lourd, leur croissance jusqu’à atteindre le poids de 4 kilos. Alors, ils quitteront leur domaine pour connaître, ailleurs, le gavage, douze jours durant.

« Je voulais m’installer »

David Pommiès éleveur de canards prêt à gaverDavid Pommiès, qui est vice-président de la Foire de Barcelonne,a grandi, comme encore bon nombre de jeunes de ce pays de cocagne, au carrefour du Gers des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, dans une famille paysanne où l’on a compris qu’avant d’installer un fils il fallait l’envoyer  » aux études ». D’abord un bac pro, puis un BTS à Castelnaudary.« Je voulais m’installer rappelle David. S’installer uniquement en céréales mais à l’époque, en 2000, je ne pensais pas pouvoir m’en sortir. Une conseillère d’orientation m’a alors proposé un stage à Castelnau-Barbarens chez un éleveur-gaveur traditionnel ; je me suis trouvé une passion pour l’élevage du canard ! Mais, comme techniquement, je n’étais pas au point sur le gavage, j’ai pris l’optionde produire «prêt à gaver ». C’était en 2001.
Aujourd’hui, David qui a la possibilité de « s’agrandir » à partir de l’exploitation paternelle, est à la tête d’un ensemble de 34 hectares et produit, à côté de son élevage, du maïs « irrigué » sur 24 hectares et du blé sur 4 hectares. Ses bâtiments d’élevage, installés au cœur de l’exploitation, à proximité immédiate d’une zone d’épandage, ont nécessité un investissement de l’ordre de 25.000 euros . Lorsqu’il a soustrait le prix de l’aliment, les charges fixes, ses frais financiers, notre éleveur dégage une marge qui varie entre 1,5 et 2 euros par canard. Faites le calcul et vous verrez qu’il ne roule pas sur l’or en élevant ses 13.000 canards, à qui il ne doit jamais oublier de rendre visite et qu’il lui faut protéger, force trois rangs de fil électrique, des convoitises de maître Goupil!

L’art de vivre au pays...

Reste qu’à l’heure ou le prix des céréales flambe, David commence à se poser sérieusement la question d’unnouvel investissementqu’il partagerait avec deux ou trois associés. Il lui permettrait de valoriser, au sein même de l’exploitation, sa production de céréales plutôt que d’acheter la totalité de l’aliment nécessaire. Une nouvelle étape s’ouvre, sans doute, pour cet homme jeune et passionné qui joue les bons pèresde famille avec son enfant de 16 mois: « On s’organise avec mon épouse qui est gendarme à la brigade de Cazaubon, pour prendre le bébé chez la nounou, moi le matin, elle le soir…

Et puis, une fois par mois, David retrouve ses copains, à Cazères-sur-Adour, pour aller se frotter, sous les panneaux de basket, aux joueurs « intérieurs »de passage… ou de l’art de vivre au pays, que le ballon soit rond ou ovale. Au coeur de cette « pépinière d’entreprises » qu’est, en quelque sorte, le cercle cantonal des jeunes agriculteurs de Riscle. Encore ne nous attardons-nous pas sur les menus à la table de chez « Alain », le papa, au risque d’oublier le salmis de palombe avant la pièce de bœuf et la croustade…

Joël Aubert

La conduite de l’élevage nécessitera d’une bande de canards à l’autre deux semaines de vide sanitaire, une par bâtiment d’élevage.

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