Darwin : une autre agriculture pour une autre alimentation


E.Diaz

Darwin : une autre agriculture pour une autre alimentation

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/10/2016 PAR Emmanuelle Diaz

C’est donc à Darwin, quartier alternatif, ouvert aux idées nouvelles et très investi dans le bio, que l’équipe des Bruits de la Rue a choisi de reprendre le cycle de ses fameuses conférences-débats. Une soirée axée sur le thème « Précarité alimentaire, fragilité agricole : inventer une autre agriculture » et dont l’intervenant était l’agronome, anthropologue et écrivain Jacques Caplat ; un invité issu -et fier de l’être- du monde paysan, féru d’agriculture biologique (dont il a d’ailleurs été ancien coordinateur de la Fédération Nationale) et (notamment) co-fondateur du Réseau Semences Paysannes. Un homme de terrain -et de convictions- pour qui l’agriculture conventionnelle et son modèle « productiviste » ont vécu. « L’agriculture biologique devrait être accessible à tous. C’est possible ! » précise l’auteur pour qui la question du coût est un faux problème. « Le bio devrait coûter moins cher que l’agriculture conventionnelle car à produire, il coûte moins cher », précise-t-il, invoquant « le coût des pesticides et de la dépollution de l’eau (800 à 2000 € par hectare), ainsi que la distorsion des règles de concurrence entre le bio et les produits issus de l’agriculture conventionnelle ».

Une autre agriculture pour une autre alimentation

« On fonctionne actuellement sur des cours mondiaux (à perte) et un schéma totalement artificiel hérité de l’après-guerre », poursuit-il ; précisant qu’ « il y a plusieurs agricultures » ; La nôtre s’étant imposée « pour des raisons sociales (prendre le contrôle du vivant) et non pour des raisons alimentaires ». Mais de quel schéma parle-t-on ? D’un système basé sur le rendement à outrance sans tenir aucun compte de l’environnement, estime-t-il. Bref, un système totalement artificiel, construit par les agronomes et incapable de s’adapter à la moindre évolution. Problème, il aurait -en raison de l’utilisation toujours plus massive de pesticides- un lourd impact sur l’environnement et la santé humaine. Il aurait également, selon l’auteur, un impact non négligeable sur le fonctionnement de notre société. « Afin d’augmenter la productivité, on a préféré l’énergie fossile à l’énergie humaine, ce qui a entraîné du chômage, de la précarité et au final, une augmentation de la faim dans le monde », précise-t-il, soulignant au passage, le paradoxe de la situation.
Quant aux solutions proposées (car il y en a eu, ce soir là), elles sont simples et se pratiquent déjà dans certains endroits de la planète. « Les cultures associées (plusieurs plantes en même temps sur le même parcelle) donnent les moyens à l’écosystème de se régénérer et donc accentuent la fertilité des sols. Ça permet aussi de freiner le développement des maladies touchant les végétaux et d’augmenter le rendement ». La question n’est donc pas « quel produit vais-je pouvoir mettre ? » mais « quel écosystème vais-je pouvoir construire ? », poursuit-il. L’important étant de considérer l’environnement comme un allié et non comme un adversaire.

L’importance de remettre l’agriculture en ville, par le biais de jardins partagés, par exemple, a également été évoqué. « Un véritable outil pédagogique pour changer notre alimentation et notre façon de voir le monde », note Jacques Caplat. « Mais même dans un contexte extrêmement défavorable, le bio, se développe », poursuit-il, notant des basculements et une prise de conscience dans la société. « Les élus sont sensibles à la pression de la société civile. Les citoyens peuvent aussi faire bouger les choses », note-t-il, en se souvenant de la suppression des OGM en France en 2008. Une intervention visiblement appréciée par le public et que conclut Alexandra Siarri, adjointe au Maire de Bordeaux et en charge de la cohésion sociale et territoriale : « alimentation et agriculture interrogent toutes les politiques publiques en tant que problèmes de société. L’alimentation est un vrai projet politique. La vulnérabilité pourrait nous concerner tous (et pas seulement quelques uns) si on ne s’interroge pas sur les vraies questions ».

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