Danseuse à qui tout « souris »


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Danseuse à qui tout « souris »

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 19/11/2007 PAR Estelle Maussion

« C’est une histoire de pouvoir. Au départ, mon personnage, sorte de Nosterafu a l’ascendant sur les souris tant qu’elle sont peu nombreuses, constate la danseuse. Au milieu de cinquante, l’équilibre se renverse. » Le spectacle, né en 2006, invite à l’étude des rapports entre les corps, humains et animaux. Il se poursuit dans deux autres spectacles, « Pedigree » et « Le passage », présentés aux adultes.
Nathalie Pernette a choisi les souris en raison de « leur potentiel maléfique et de leur côté sympathique. » Pour préparer son spectacle et convaincre les producteurs, elle demande conseils à Isabelle Grandjoan, une scientifique de l’animalerie de l’Institut Curie à Paris. La danseuse apprend, par exemple, que la boisson idéale pour les souris est l’eau de Volvic. En toute simplicité Nathalie Pernette raconte ensuite comment elle apprivoise et forme ses souris « en acceptant de son côté de se laisser faire pipi dessus ». Les souris ont besoin de délimiter leur territoire. L’artiste avoue sa complicité avec « Carbone, sa troisième souris-star », qui reste sur sa tête pendant toute une séquence du spectacle.

Travail et imagination

Nathalie Pernette en 5 dates
1965 naissance en Bourgogne.
1981 débute sa carrière de danseuse professionnelle.
1989 « Les Ombres portées » réalisé avec Andreas Schmid
2001 création de la Compagnie Nathalie Pernette
2006 conception du triptyque « Animale », « Pedigree » et« Le Passage »

A 42 ans, Nathalie Pernette a gardé sa fraîcheur d’enfant. La décision de se raser les cheveux remonte onze années en arrière. « Je faisais un spectacle, intitulé « Le Savon », dans lequel j’étais peinte en bleu Klein de la tête aux pieds. C’était tellement pénible de se laver que j’ai décidé de me faire raser, confie-t-elle. En définitive c’est extrêmement agréable pour une danseuse. »
Ses chorégraphies allient travail et imagination. Il a fallu trois mois de répétition pour « Animale », qui dure 35 minutes. Les dents du vampire qu’elle incarne, comparables aux deux grandes dents de devant des souris, sont des bonbons blancs que la danseuse cache sous sa langue et découvre en un clin d’œil. «Je m’amusais à faire ça sur l’autoroute en doublant les voitures, se souvient-t-elle en éclatant de rire.

Danseuse professionnelle à 18 ans

Passionnée, Nathalie Pernette l’est. « J’ai commencé très jeune par la danse classique, parce qu’il n’y avait pas d’autres choix dans ma petite ville de province, à Monceaux les Mines,précise-t-elle. Je suis allée faire un stage avec Françoise et Dominique Dupuy, les précurseurs de la danse contemporaine en France, et je n’ai rien compris, s’exclame-t-elle. » résultat : une audition et elle entre dans leur école. Une fois à Paris, elle fait de la danse « à très haute dose ». En 1985, elle est engagée dans une compagnie professionnelle. Elle a 18 ans.
En 1989, elle réalise sa première chorégraphie, en duo avec son compagnon de l’époque, Andréas Schmid. « Les ombres portées », travail sur le combat et l’androgynie, est un succès. « Le démarrage a été immédiat. C’est rare dans le métier, glisse-t-elle. » Les deux danseurs forment un couple « fusionnel ». Ils enchaînent les spectacles, en duo, leur marque de fabrique. « Treize ans de vie et de travail en commun, ça use les organismes, confesse Nathalie Pernette. Après six chorégraphies, la compagnie Pernette-Schimd s’arrête.

Amener la danse dans la rue

Nathalie Pernette a besoin de faire le point. « La danse permet de s’analyser, de régler ses problèmes et de trouver un équilibre, assure l’artiste. » Après cette rupture, elle crée sa propre compagnie en 2001. Les chorégraphies se multiplient. La compagnie Nathalie Pernette emploie une douzaine de danseurs, cinq techniciens et trois « permanents » à Besançon. « Un honneur et un désespoir à gérer », affirme-t-elle non sans ironie.
Alors parfois, elle se force à décrocher, et part s’isoler dans « une cabane en Normandie ». « Là-bas, je m’occupe de mon jardin, je bâtis, analyse-t-elle, car la danse contemporaine, c’est l’art de l’éphémère. » Le reste du temps, elle réfléchit aux spectacles futurs. Elle n’en a pas fini des rapports du corps avec les objets. Ses autres projets : définir une relation avec le public autre que frontale et amener la danse dans la rue. « Si je devais faire une autre chorégraphie avec un animal, ce serait le tigre, ajoute-t-elle avec malice. Ce duo allierait danse et prise de risque ».
En attendant la danseuse se lève, plaisante avec un des membres de son équipe. « Je vais voir mes souris », lance-t-elle, en guise d’au revoir.

Estelle Maussion

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