Le skate, une culture à part entière
« En rencontrant les acteurs principaux de la scène du skate bordelais, j’ai réalisé le décalage qu’il y a vis à vis de ce sport, explique Aurélien Gaucherand, skater non pratiquant mais familier des sports de glisse. On l’associe invariablement au hip hop, qui est né à New York, et au graff, alors que c’est loin d’être systématique. C’est une culture avant-gardiste qui se mêle à d’autres cultures, chacune autonome, mais toutes reliées par la rue, et qui fourmillent de trend-setters** ». Côté fonctionnement, le monde du skate n’a pas de clubs. Il s’organise plutôt en association comme Board’O, qui compte 2 profs titulaires d’un brevet d’Etat, Morgan Fabvre et Florent Hecquard intervenants auprès des jeunes du centre d’animation Argonne, ou la 58ème, très identifiée par la communauté skate vu qu’ elle possède un skate-parc indoor dans son hangar : celui de la légende vivante, Sébastien Daurel, skater pro, ancien champion de France et vice-champion d’Europe ayant pris à coeur de reconstruire, avec d’autres skaters, le bowl qu’il avait chez lui.
Bordeaux Cité Skate
Car le skate c’est aussiune mentalité qui mêlecollectif et collaboratif. Exemple : la 58ème, très engagée dans la culture du Do it yourself est en train de construire la mini-rampe qui représente un des temps forts de la Semaine Digitale de Bordeaux pour le spot installé, du 30 mars (18h) au 1er avril…, place Pey Berland. Mais attention ! L’interdiction qui frappe l’esplanade minérale entre la cathédrale et la Mairie, sera toujours en vigueur. Les planches à roulettes ne seront autorisées que sur la rampe. Le parvis de la Maison internationale Bergonié, le skate park des Chartrons et la caserne Niel composeront les autres spots prévus pour les cessions « interactives » skate et digital, reliés entre eux par des écrans géants, les 28 et 29 mars.Pour finir, le 30 mars au soir,sur les dancefloors de l’I.boat, où quand, mixeurs et skaters ne feront plus qu’un, on fêtera la clôture au son des labels bordelais sur fond d’électro.
Skate toujours !
Alors que manque-t-il à cette communauté à la croissance exponentielle plus soutenue par les skateshops (Riot, Transfert ou Workshop) que par les pouvoirs publics ? Qui, entre lieux autorisés comme le skate park des Chartrons ou ceux qu’elle s’est appropriée tels Mériadeck et le Conservatoire, n’aspire qu’à s’intégrer dans le paysage urbain, sans être verbalisée ni considérée comme intrusive, tout en bénéficiant d’équipements adaptés ? » Il faudrait un coup de poucepour remplir les normes d’accueil du hangar de Darwin afin que l’on puisse recevoir du public et assurer des cours », propose Lucas Lopes. » Et que les architectes intègrent dans la conception de l’espace et des aménagements urbains,des îlots et des modules qui deviendraient autant de surfaces d’expression dans la ville». « Bordeaux a vraiment une carte à jouer », conclue Aurélien Gaucherand, elle détient un vrai projet clef en main qui fait venir des sportifs de haut niveau de partout et alimentetoute une presse spécialisée (SuGar, Soma….).Dès vendredi soir, deux mondes vont se croiser dans les murs de la mairie, où le coup d’envoi sera donné à la Bordeaux Cité Skate dont on pourra découvrir l’histoire, relayée via des portraits croisés écrits, filmés, photographiés et mis en ligne sur les réseaux sociaux (blog, facebook…). Une initiative collaborative, qui, très vite, a drainé toute une communauté de followers, témoin de la vitalité et de la créativité d’une planète de plus en plus peuplée gravitant autour d’une planche en bois et de 4 roues. L’occasion pour les générations de se rencontrer et de se découvrir, dehors et « indoor », du 23 mars au 18 avril 2012.
* CONSTRUIRE UN SKATEPARK PUBLIC, le guide pour arrêter d’improviser. Une publication de l’EuroSIMA /
** Héros des marques et des agences marketing qui font et établissent les tendances.
http://bordeauxciteskate.com/check-experience/
Crédit photo : photo Fred Ferand
Isabelle Camus