Interview : « Faire l’unanimité dans ce groupe, c’est rare. » Les Crane Angels


Cyril Loizeau
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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 31/10/2011 PAR Thomas Guillot

@qui – Comment ça fonctionne d’être avec un label tout petit qui n’a quasiment que vous en catalogue ?
Mr. Crane –
C’est bien parce qu’on est très proche. Lui, il monte son label, nous on monte notre groupe. On évolue ensemble. On n’a pas vraiment de rapport avec d’autres labels, on peut pas vraiment comparer.
Père Dodubaboum – On peut quand même dire que c’est différent.
Mr. Crane – Pierre fonctionne avec un plus gros label avec son autre groupe [François & The Atlas Mountain, ndla]. Il pourrait plus cerner la différence. Mais, moi je trouve ça bien d’être sur une petite structure.

 

@ – Et justement a plupart d’entre vous ont d’autres groupes. Comment vous vous organisez ? Les Crane Angels sont prioritaires en ce moment ?
Mr Crane –
Ça dépend. En gros, c’est le premier groupe qui a les dates qui prime.
Père Dodubaboum – On essaye quand même un minimum de s’arranger. Mais c’est vrai que c’est compliqué.

 

@ – Vous composez comment à treize ? Tout le monde collabore à chaque morceau ?
Mr Crane –
Maintenant oui. Une personne apporte un morceau de manière très minimal, avec pas grand chose de fait et tout le monde a son mot à dire dans la composition. Au final, le morceau est fait de manière très collective. Tout le monde a ajouté sa petite chose.

 

@ – Vous n’avez pas été sélectionné pour le Printemps de Bourges, c’était Pendentif. Vous leur en voulez un peu ?
Mr. Crane –
On les déteste.
@ – Ça va alors, ils ont dit la même chose hier? [C’est faux bien sûr, ils ont été gentils, ndla].
[Père Dodubaboum se marre.]

Mr. Crane – C’est des cons. Pendentif, c’est des cons. Leur musique c’est de la merde.
@ – Au moins c’est bien, il y a une bonne ambiance.
Mr. Crane –
Je pense que c’est bien de créer une rivalité. Même pour le buzz : Rolling Stones/Beatles, Blur/Oasis, Pendentif/Crane Angels… [rire collectif]
@ – Et qui d’autre, vous détestez à Bordeaux, à part Pendentif ?
Mr. Crane –
April Shower, on les déteste. Tous les gens avec qui on a joué. Tous les gens qu’on a fait joué avec nous. On déteste tout le monde en fait. Les Kid Bombardos aussi. Et j’espère qu’ils diront plein de mal de nous, ces cons.

 

@ – J’ai une question un peu bateau : vous êtes content de jouer à Riberac, en Dordogne ?
Père Dodubaboum –
Oui, on aurait juste aimé pouvoir être au complet. C’est un festival où il y a quand même des trucs chouettes qui jouent. On a joué dans plein de festivals cet été où on se retrouvait pas dans les programmations. Plus sur celui-là donc ça fait plaisir.
Mr. Crane – A part à Miramont de Guyenne, là c’était cool. On a joué avec Montgomery, c’était trop la classe. [Approbation générale]

 

@ – Sinon vous auriez préféré jouer jeudi plus tard alors que c’était gratuit et qu’il y avait quasiment que des groupes sans albums ou carrément non-signés, que des groupes de jeunes quoi. Ou là, ce soir, pour ouvrir, avec moins de monde mais sur une belle scène ?
Père Dodubaboum –
Hmmm…
Lisa – Vu qu’on n’était pas en formation complète, peut-être que ça aurait mieux collé le jeudi.
Père Dodubaboum – On a encore du mal à se sentir à l’aise sur les grosses scènes.
Mr. Crane – Mais là, je trouvais qu’on était très frais.
@ – Ca va, c’est pas non plus un festival immense.
Père Dodubaboum –
Oui, en plus on aime bien jouer dans des petits endroits. Souvent on arrive plus à se lâcher. On est plus à l’aise quand on ne se laisse pas impressionner par la grandeur du lieu.
Mr. Crane – Étrangement, le fait qu’on soit plein ne nous met pas en position de force. Il y a une forme de distance du collectif.

 

@ – Vous enregistrez et jouez sur Bordeaux. Ça n’aurait pas été mieux de partir sur Paris ?
Père Dodubaboum –
On a choisi de travailler avec Cyril Gachet qui n’a pas de studio. Il a juste un chez lui pour mixer.
Mr. Crane – Un studio mobile.
Père Dodubaboum – Du coup, chaque fois qu’il enregistre quelque chose il trouve un lieu avec les gens avec qui il travaille.
Pierre – En plus, aller dans un studio à Paris, c’est quelque chose qui ne se fait plus. Il y a des Les Crane Angels au grand completénormes groupes qui enregistrent chez eux et qui envoient pour mixer ailleurs. On est dans l’ère du home studio où tu peux faire des albums chez toi qui sonnent très bien.
Lisa – Et puis, on est onze aussi. On a mis quatre mois à enregistrer l’air de rien. Être à Bordeaux ou pas loin, c’était nécessaire pour nous.
Mr. Crane – On n’a pas beaucoup de moyens. Mais sinon, il n’y a vraiment pas d’intérêt d’aller à Paris pour enregistrer.
Père Dodubaboum – Surtout qu’on connait des gens qui font très bien leur boulot ici.
Mr. Crane – On est entouré de gens hyper doués.
Pierre – Et les meilleurs studios sont pas à Paris.
Père Dodubaboum – Et en plus ils sont chers. Nous pour le temps qu’on y a passé, on a pas payé cher. On a été accueilli par les parents de notre bassiste, Arthur, dans une maison à la campagne. C’était parfait. On nous faisait à bouffer. C’était mieux qu’aller dans un studio.

 

@ – Ça vous intéresse les bonnes critiques ou les critiques tout court ?
Père Dodubaboum –
En général on y fait quand même attention.
Mr. Crane – Pour l’instant, dans le niveau dans lequel on évolue, on n’est pas sous les feux de la critique. Souvent les journalistes se contentent de recopier une page MySpace.
Père Dodubaboum – : A Paris, on a quand même eu des critiques assez mauvaises.
Pierre – Une critique…
Lisa – Deux !
Père Dodubaboum – On n’a pas une énorme fierté non plus. On se remet en question aussi. Je pense qu’il y avait des trucs qui n’étaient pas faux, d’autres qui étaient dus au lieu, aux gens aussi. Comme n’importe quel groupe, si on a un public qui nous fait sentir qu’il est là et qu’il est réceptif, forcément nous ça nous aide à nous sentir à l’aise.
Mr. Crane – On est assez réceptif aux critiques. Surtout celles un peu négatives. Ça nous rappelle notre état d’esprit puisqu’on est un peu dur avec nous même. C’est vrai qu’on a tendance à pas faire attention aux compliments. On n’y croit pas trop.

 

@ – Du coup, vous stressez pour l’album ?
Père Dodubaboum –
Je crois qu’on ne stresse pas parce qu’on en est quand même assez content. On a fait ce qu’on avait à faire. Même si on aura des critiques négatives, ce sera sur des points sur lesquels on sera d’accord mais qui ne compteront pas pour nous. On a quand même des morceaux assez éclectiques ou ce genre de choses. Les gens vont peut-être penser qu’on s’éparpille. Je pense que c’est plutôt le contraire.
Mr. Crane – Personnellement je m’en branle. Pour l’album, je suis hyper content du résultat. En plus on est tous assez content. Faire l’unanimité dans ce groupe c’est déjà assez rare. Les critiques diront ce qu’ils voudront mais moi, je suis content.
Lisa – Cet album est pas forcément cohérent. Il n’y a pas de fil conducteur. Il y a des chansons de Mika, des chansons de Dorian, des chansons de Vincent, des chansons d’Arthur…
Mr. Crane – Il y a pas vraiment de fil conducteur, à part Phil Collins.
Lisa – C’est comme ça, ça nous ressemble. C’est l’histoire du groupe. Ça fait trois ans qu’on est ensemble et qu’on fait plein de chansons et voilà l’album. Même en étant treize, on arrive à avoir une couleur. Tout le monde nous dit qu’on a un truc sixties, qu’on cherche pas du tout. Mais si on sonne comme ça, c’est très bien.
Mr. Crane – C’est un album qui s’impose à nous malgré nous.
Lisa – Un peu comme une maladie.

Propos recueillis par Thomas Guillot

Crédit photo : Aqui/Cyril Loizeau

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