Coopération viticole: fusion dans l’Entre-deux-Mers


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Coopération viticole: fusion dans l'Entre-deux-Mers

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 24/02/2016 PAR Solène MÉRIC

Même si la cave de Nérigean était bien plus petite que sa grande voisine de Rauzan, qui fait partie des poids lourds coopératifs viticoles girondins en général et en appellation Bordeaux en particulier, ce n’est pas pour un quelconque urgence de restructuration que la fusion s’est faite. Son président Roland Fossat insiste, sous le regard approbateur de Denis Baro, « la cave de Nérigean était performante, en situation économique saine et même en croissance puisque sur les 10 dernières années, elle a vu ses surfaces augmenter ». Mais avec un point de fragilité tout de même « plus de 50% de sa production partait pour un seul et unique client. Le risque aurait était gros, s’il nous laissait tomber». La fusion relève donc davantage « d’une stratégie globale d’entreprise » que d’une contrainte économique ou financière, complète Denis Baro, qui voit aussi le signe « d’une structuration du paysage viticole bordelais ». D’ailleurs, « aucune restructuration ou fermeture n’est envisagée, confirme le Directeur des Caves de Rauzan, on conserve l’ensemble des emplois permanents, le site de vinification, et la boutique ».

Une série d’additions à sommes positivesUne fusion donc comme une série d’additions, à sommes positives. Pour Les Caves de Rauzan fusionnées ce sont donc: 400 viticulteurs adhérents (330 pour Rauzan + 70 pour Nérigean), 3510 ha (2 900 + 613), 45 emplois permanents (soit un peu plus de 55 ETP, si on ajoute les saisonniers), 3 sites de vinification (2 pour les caves de Rauzan – Grangeneuve, issue d’une précédente fusion en 2008 + 1 pour la cave de Nérigean) et un potentiel de production maximum ( dans les meilleures années) de 190 000 hectolitres de vin.
Pour Philippe Hébrard, un des premiers avantages de la fusion, et notamment pour les viticulteurs adhérents, est évident : « qui dit plus de surfaces, dit plus de potentiel volumique, donc un meilleur amortissement des charges, donc une meilleure rémunération pour nos adhérents… et donc plus d’attractivité pour la cave coopérative, et donc, de nouveaux, potentiellement plus de surfaces, etc… » Un cercle vertueux déjà testé et validé par la Cave à partir de 2008, date d’une première fusion entre la cave de Rauzan et celle de Grangeneuve. « Depuis cette fusion, nous avons gagné 350 ha supplémentaires, et donc le volume qui correspond. Notre chiffre d’affaires augmente régulièrement (25% en 5 ans), et la rémunération de la vendange a progressé en moyenne de 7% par an sur les 5 dernières années. Bien sûr, tempère-t-il, tout n’est pas lié aux charges, le marché a aussi eu son effet… mais c’est un tout. »

365.000€ d’investissement sur 3 ans L’autre avantage stratégique de cette fusion selon le directeur, est aussi commercial, car « plus nous avons de volumes à vendre, plus nous avons un poids commercial qui favorise la valorisation de nos produits. Le rapport de force est différent avec les négociants, d’autant que nous n’avons pas de client spot, le plus important représente 10% de nos volumes. Si nous ne trouvons pas d’accord sur les prix, nous pouvons tout à fait nous passer d’eux, et ils le savent ». Un atout commercial important, d’autant que le vrac, représente 83% de la commercialisation de la Cave.
A cela s’ajoute une création de valeur ajoutée grâce à la possibilité de la cave de produire un « profil produit » répondant aux demandes du marché. En effet, grâce à un investissement technique d’analyse, « nous pouvons identifier des profils produits au niveau des parcelles permettant d’identifier une quinzaine de potentiels aromatiques, que l’on peut ainsi classer et accorder les uns aux autres pour répondre au mieux, aux demandes des clients. » Des investissements dont vont désormais pouvoir bénéficier les viticulteurs de la cave de Nérigean. Un investissement de 365 000€ sur 3 ans a d’ores et déjà été voté par le nouveau bureau « fusionné » des Caves de Rauzan. Autre apport de la cave basée à Rauzan: une performance en terme de responsabilité sociétale de l’entreprise élevée (certifiée AFAQ 26 000) qui va également être mise en oeuvre sur Nérigean.

Le Noble une nouvelle marque pour les Caves de RauzanDes avantages qui sont bien réciproques puisque du côté de la Cave de Rauzan-Grangeneuve, outre l’espace géographique désormais important couvert par la structure, à savoir tout l’Entre-deux-Mers, à l’exception d’une zone limitrophe du Lot-et-Garonne, la coopérative voit s’ajouter une nouvelle marque « à son catalogue » : Le Noble. Une marque dont le Directeur des Caves de Rauzan envisage déjà l’exploitation dans les magasins de la Cave ainsi qu’une valorisation de toute la gamme à l’export, espérant passé d’une production de 30 000 à 150 voire 200 000 bouteilles.
Enfin dernière conséquence induite par cette fusion : une implication plus forte des Caves de Rauzan au sein de Terre de vignerons, une union de production et de commercialisation qui regroupe une quinzaine de caves coopératives viticoles. En effet, les deux caves désormais fusionnées y avaient toutes deux des parts. Là encore, une addition à somme plus que positive qui permet aux Caves de Rauzan, d’en devenir le plus gros actionnaires… et ainsi avoir une plus forte capacité à impulser une démarche de valorisation pour une structure qui « jusque-là visait davantage la quantité que la valeur », estime le dynamique Phillippe Hébrard, bien décidé là aussi, à changer les choses.

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