Conjoncture agricole en Aquitaine 2014 : « Des chiffres à nuancer »


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Conjoncture agricole en Aquitaine 2014 : "Des chiffres à nuancer"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/11/2014 PAR Romain Béteille

« Ces chiffres sont à mettre en perspective, le rapport a été rédigé à la fin du mois d’octobre, les valeurs sont susceptibles de changer ». Ce matin, au cours de la session annuelle de la Chambre régionale d’agriculture d’Aquitaine, il demeurait une certaine méfiance sur les chiffres récoltés lors de la synthèse des différentes filières rédigée avec le soutien des producteurs et du réseau économique des chambres d’agriculture d’Aquitaine, qui tentait de cadrer la conjoncture agricole 2014 dans la région. Christine Navailles-Argentaa, coordinatrice de cette étude, a notamment insisté sur la prévision d’une hausse de la production, à nuancer « avec les résultats très mauvais de l’année 2013 ». 

D’abord sur le secteur du vin, avec une estimation de volumes des productions viticoles revue à la baisse « Il a été produit en 2014 5,5 millions d’hectolitres en Gironde, et non pas 6 comme l’affirme France-Agrimer », confirme ainsi la chargée de mission. « On est là encore en comparaison avec une année 2013 très mauvaise. Ainsi, on constate tout de même une augmentation des prix du vrac, qui représente la moitié des transactions du secteur. Le prochain réajustement du prix moyen effectué par le Ministère de l’Agriculture se fera en tenant compte du prix de la bouteille, et de la variation des stocks ». Une variation des valeurs de production énorme a aussi été pointée, avec toutefois une « hausse des valeurs moyennes » (+50% des volumes, +25% des prix par rapport à 2013 pour une valeur en hausse de 87%). Plus que ces chiffres, c’est la situation des viticulteurs en aquitaine qui vient nuancer cette hausse de la production en 2014 : « L’augmentation des prix ne se répercute pas forcément sur la trésorerie des viticulteurs », affirme ainsi Christine Navailles-Argenta. 

Des résultats nuancés sur les autres secteurs. Même réserve sur les grandes cultures, ou l’on constate tout de même une augmentation des rendements et notamment une diversification des cultures, avec une multiplication par deux des surfaces en colza et en soja. Ainsi, la production de maïs, dans ce rapport datant du 31 octobre dernier, affichait déjà une hausse de 10%, mais les professionnels du secteur la voient plus importante, de l’ordre de 15% environ. Dans les Landes, on parle de 114 quintaux, contre 77 en 2013, ou les revenus avaient baissé de 53%. Un meilleur résultat donc, même si certaines voix s’élèvent pour dire que les producteurs de maïs landais « auront quand même des résultats inférieurs à la moyenne décennale, malgré cette remontée ».

Pour les fruits et légumes, il y a aussi du bon grain et de l’ivraie. Bon point pour le pruneau : « les concurrents chiliens et californiens sont moins présents, ce qui provoque une hausse des prix »; en revanche, année difficile pour la pomme : « on constate une baisse estimée à -25%, qui n’est pas compensée par les prix ». De même, « l’impact de l’embargo russe sur les céréales ou les productions animales comme le porc devrait être important. On est face à une pression internationale qui reste forte. On sent que l’embargo va avoir des retombées, même si elles ne sont pas perceptibles sur toutes les récoltes ». La fraise et la tomate s’en sortent mieux, car « la région prend des parts de marché de plus en plus importantes dans la production sous serres. L’Aquitaine s’en sort mieux à ce niveau là, alors qu’on était inquiets il y a quelques années de la baisse de production de certains fruits et légumes », affirme la chargée de mission, toujours en se basant sur le rapport. 

Des incertitudes demeurent Autre point abordé, l’élevage. Là aussi, on trouve des signes encourageants notamment sur la volaille (+2,5% en volume prévisionnel alors qu’on constate une baisse au niveau national), le viande bovine qui « suit une tendance habituelle avec un bon niveau global des prix sur le marché, mais une offre de production qui n’est clairement pas suffisante ». Les inquiétudes se concentrent sur les vaches laitières, avec une baisse de la collecte de lait évaluée à 4%, alors même qu’au niveau national, elle augmente de 4%. « L’Aquitaine est vraiment en retrait là dessus, avec en plus une augmentation du prix du lait ces 3 derniers trimestres. Il y a un important problème de trésorerie des exploitations depuis plusieurs années ». 

« La régionalisation des Chambres d’agriculture a été menée de façon limitée. De même, il n’est pas sûr que cette mutation soit automatiquement source d’économies », précise ainsi François Projetti, directeur de la Draaf Aquitaine. « La conjoncture économique est défavorable, et elle sera certainement lourdement impactée par le nouveau projet de loi de finances et la future réforme territoriale, affirme quant-à-lui Bruno Millet, directeur de la Chambre régionale d’Agriculture d’Aquitaine.Autant de facteurs qui poussent moins au silence qu’à la prudence de la part des acteurs de l’économie agricole locale…

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