Chroniques de l’agronome par Opaline Lysiak


Opaline Lysiak

Chroniques de l'agronome par Opaline Lysiak

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 11/05/2012 PAR Opaline Lysiak

Voilà déjà deux mois que les futurs ingénieurs agronomes de l’école Bordeaux Sciences Agro, ont commencé leur stage de fin d’études. C’est une période suffisamment longue pour prendre du recul par rapport à leur mission. C’est avec Florine Guelet, en stage à Limoux (Languedoc Roussillon) que nous entamons les Chroniques de l’Agronome, série de rencontres avec ceux qui demain, contribueront, par leurs multiples métiers et plus ou moins directement, à relever le défi de nourrir la planète…

 « L’agriculture est le premier facteur anthropique qui influence la biodiversité ! » me lance Florine, avant même que j’ai pu formellement entamer l’interview. C’est vrai, quand on y pense : lorsque l’on regarde défiler le paysage, en train ou en voiture, la place qu’y occupent les champs, les prairies, est pour nous évidente. Aussi, très peu de gens font le lien entre la place de l’agriculture dans le paysage et la situation de la biodiversité. C’est ce constat qui a guidé la recherche de stage de fin d’études de Florine : « 70% du paysage français est agricole. Nous avions déjà travaillé sur le thème de la biodiversité en milieu agricole en troisième année, et cela m’avait plu. En plus, je souhaitais faire de la recherche appliquée, dans l’objectif de faire éventuellement une thèse ». Elle s’est donc engagée pendant 6 mois au sein de la cellule VITINNOV, adossée à Bordeaux Sciences Agro, l’école où elle s’est spécialisée en Gestion Intégrée des Agrosystèmes et des Paysages (option GIAP).  L’équipe de Vitinnov coordonne entre autres le projet européen Life + Biodivine, dont l’objectif est de mesurer la biodiversité par des méthodes adaptées, et voir quelle est l’influence des aménagements paysagers sur celle-ci.  Le projet est né de la rencontre de l’équipe de Maarten Van Helden, enseignant chercheur à Bordeaux Sciences Agro, avec l’équipe du Pôle National Durable de l’Institut de la Vigne et du Vin, dirigée par Joël Rochard.

« Il y a deux volets dans Biodivine, précise Florine. La recherche appliquée d’une part et les actions d’autre part, principalement l’aménagement des parcelles pour favoriser la biodiversité. Pour le moment on en est toujours au premier volet pour lequel sept sites pilotes ont été choisis en Europe, parmi lesquels celui du vignoble Limouxin ». Florine a donc quitté sa Bretagne natale pour Limoux, où elle doit étudier l’influence du paysage sur la biodiversité en milieu viticole. L’indicateur choisi, qui est le même pour tous les relevés du projet, est la diversité des arthropodes, l’embranchement qui possède le plus d’espèces et d’individus de tout le règne animal. En plus, les arthropodes sont très sensibles aux facteurs extérieurs ; un faible changement dans l’environnement peut entraîner une grande variation de leur diversité et leur nombre. Bref, un excellent indicateur de mesure de la biodiversité. Sur le terrain, ce sont principalement les insectes et arachnides que Florine analysera : « le vignoble Limouxin compte 7800 hectares. J’ai choisi de répartir sur cette surface 25 pièges, dans des parcelles viticoles que j’aurai choisies en faisant varier au maximum le paysage qui les entoure, pour pouvoir faire le lien entre les individus que j’aurai piégés et le paysage ».

Sur le terrain

Concrètement, comment s’organise une semaine « type » ? Tous les lundis, de 7h à 19h, Florine est sur le terrain : elle fait le tour de ses parcelles pour récupérer le contenu de ses pièges… qu’elle analysera tout le reste de la semaine, au laboratoire. Plus tard, lorsqu’elle aura une idée de ses résultats, elle pourra commencer à intervenir auprès des viticulteurs. « Comme le projet existe depuis quelques années, les viticulteurs le connaissent. Ils sont déjà un peu sensibilisés à la problématique. Mais en leur montrant les résultats de mes recherches, j’espère leur faire comprendre à quel point la biodiversité est importante en tant que telle, et surtout, pour eux ! Le paysage viticole est un écosystème, et  au final, s’ils adaptent leurs pratiques afin de préserver la biodiversité, cela diminuera par exemple la pression d’insectes ravageurs » explique la jeune bretonne. Finalement Florine est très satisfaite de son stage : un thème qu’elle adore, une partie terrain, du contact avec le milieu viticole… « C’est vraiment ce que je veux faire plus tard ! Ce stage m’apporte énormément d’indépendance et d’autonomie. Je suis impressionnée par les compétences que j’exerce, en animation et en communication. Par exemple, on n’a pas l’occasion, en école d’ingénieur, d’interagir avec les professionnels et d’adapter notre discours à l’interlocuteur. En fait… improviser, ça s’entraîne ! ».

Raisin sur le gâteau, ce ne sont pas seulement des compétences que Florine récolte, mais des bouteilles… Les professionnels sont généreux, et certains journalistes d’Aqui! auront eu l’occasion de déguster la fameuse Blanquette de Limoux, dans les coulisses…

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