« Ce gouvernement semble vouloir tuer l’apprentissage ! »


En cette période de rentrée, Gérard Gomez, le patron des artisans néo-aquitains, lance un coup de gueule en réaction à la baisse des niveaux de prise en charge de formations d’apprentissage qui « pourraient s’avérer fatale pour bon nombre d’elles ».

Gérard Gomez, président de la CMA de Nouvelle-AquitaineAlban Gilbert Photographe

Gérard Gomez, président de la Chambre de métiers et de l’artisanat de Nouvelle-Aquitaine

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 20/09/2023 PAR Solène MÉRIC

Cette rentrée avait pourtant tout pour être réussie pour l’apprentissage en Nouvelle-Aquitaine. Avec 12 726 apprenants en cours de formation dans les 15 sites du CFA de la Chambre régionale de l’Artisanat et de Métier Nouvelle-Aquitaine, les effectifs sont en hausse de 3 %. Autre « bonne nouvelle », la plateforme gouvernementale évaluant la performance des CFA en matière d’insertion professionnelle des apprentis, révèlent que plusieurs de ces sites de formation affichent des taux d’emplois constatés supérieurs aux taux attendus. L’Institut des métiers de l’artisanat de Bordeaux, l’ Université des métiers de Bayonne ou encore CFA Le Moulin Rabaud, sont notamment de ceux-là.

Pourtant depuis cet été et particulièrement depuis le 8 septembre dernier, Gérard Gomez ne décolère pas. L’annonce estivale de la baisse des niveaux de prise en charge des formations d’apprentissage par l’Etat, vient d’être rendue définitive par sa publication au Journal Officiel. «  Nous avons l’impression que ce Gouvernement semble vouloir tuer l’apprentissage, en nous allouant de moins en moins de ressources », assène-t-il.

Si on remplace la viande par un rondin de bois pour apprendre à ficeler un rôti, on fera des économies !

Si l’Etat évoque une baisse de 5 %, après une première baisse de 2,5 % en septembre 2022, le président de la CMA estime lui qu’« en réalité on est plus proche des 10 % selon les formations »,  listant notamment les CAP boucher charcutier, boulanger, tonnelier… « Aujourd’hui avec tous les coûts à supporter, une quinzaine de CAP sont en danger » . En face il faut en effet faire face à « l’augmentation des matières premières, l’augmentation du salaire des enseignants, l’augmentation des coûts de l’énergie avec la fin du bouclier fiscal au 31 décembre » pointe-t-il.

Prêt à discuter avec l’État pour voir « où faire des économies et affiner les calculs », Gérard Gomez n’est pas des plus optimiste. Même s’il veut bien admettre que les finances de l’État sont « exsangues », il estime pour autant que « manifestement le Gouvernement ne connaît pas les besoins et les contraintes de nos formations », entre plateaux techniques, besoins en matériel, normes à respecter, matières premières spécifiques, énergie pour des besoins particuliers en chaud ou en froid selon les formations… Pour l’État cette mesure permettrait d’économiser près de 540 millions d’euros. « C’est sûr que si on remplace la viande par un rondin de bois pour apprendre à ficeler un rôti, on fera des économies ! Je crains une qualité de formation dégradée, et une perte de confiance des entreprises »

Envisager la fermeture de formations

Selon la CMA Nouvelle-Aquitaine, 57 % des formations assurées par son CFA deviendront déficitaires, en raison de cette baisse des financements. « Nous n’avons pas vocation à faire des bénéfices rappelle-t-il. Les formations légèrement excédentaires complètent tout juste les formations déficitaires, et l’argent est réinjecté dans la maintenance ou à l’amélioration des sites ». Décidément alarmiste, sa crainte, même si « ce serait un échec en terme d’aménagement du territoire ou en termes de métiers », c’est d’envisager la fermeture de formations là où les effectifs sont les moins importants : en milieu rural ou sur des formations à des métiers rares.

« Il y a 3 centres de formation en tonnellerie en France, il n’y en aura plus que deux si ça continue. C’est dramatique à l’heure ou des investissements de l’ordre de 5 M€ s’apprêtaient à être réalisés à Cognac dans un outil assez exceptionnel et qui correspond au besoin des entreprises. » Autre aspect pointé par Gérard Gomez : ce sont les secteurs les plus en tension qui risquent de souffrir le plus. « Dans la tonnellerie, tous nos jeunes ont un contrat de travail avant d’avoir fini leur formation. Il faut donner une chance à ses jeunes! Le gouvernement considère que la formation est une dépense, moi je considère à l’inverse que c’est un investissement », conclut, dépité, le Président.

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