Castres-Gironde : des maisons de bois pour les familles du bidonville


RB

Castres-Gironde : des maisons de bois pour les familles du bidonville

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/06/2017 PAR Romain Béteille

On en parle depuis quasiment trente ans, et rien ne semblait bouger. Pour Daniel Constant, c’est un combat municipal féroce depuis des années qui trouve aujourd’hui un nouveau souffle. Au coeur des quelques deux kilomètres du « chemin des limites », traversant la forêt de Castres-Gironde, une quarantaine de familles (environ 120 personnes) appartenant à une communauté de gens du voyage sédentarisés occupe une partie du terrain. Sur place, pas d’électricité et un robinet d’eau pour tout le camp à une extrémité du chemin. Sur place, le constat du maire est sans illusion aucune. « Nous sommes dans une situation de quart-monde où les bébés cohabitent avec les rats », a-t-il confirmé à l’assistance lors de l’inauguration d’une construction de six logements en bois baptisée « La Belle Étape », dans laquelle six familles habitent depuis environ un mois. « Nous avons toujours connu des voyageurs qui campaient sur la décharge communale. Ceux qui ont été chassés dans les autres communes ont trouvé refuge chez nous. Sur ce chemin des limites, d’autres vident leurs bennes. La loi Besson II n’a pas ou très peu été respectée et elle n’oblige pas les communes hors-la-loi à se mettre aux normes. Si nous avons choisi de ne pas mettre d’eau et d’électricité, c’est avant tout pour ne pas attirer d’autres familles de voyageurs et ainsi dédouanner les maires des autres communes de vouloir en accueillir. Mais il ne faut pas se contenter de ces six logements », a continué le maire au micro. 

Bail « glissant »

Il faut dire que ces six logements sont très spécifiques, car adaptés au mode de vie des gens du voyage : emplacement pour caravane à l’entrée, barbecue, toilettes isolées et terasse. Ces derniers, selon Sigrid Monnier, directrice générale de Gironde Habitat, « ont même commencé à demander des portillons ». Ils le sont aussi dans leur aspect purement administratif et commercial. Acheté pour un prix ridicule de 38 centimes du mètre carré à un propriétaire privé, le terrain a été investi par le bailleur local Gironde Habitat et les maisons construites par Emmaüs Développement via leur usine de construction bois (déjà derrière les chalets à destination des sans abris). Enfin, il s’agit d’un bail glissant : pour l’instant, les familles payent leur loyer à l’association ADAV (Association Départementale des Amis des Voyageurs), sous locataire des maisons. Lorsqu’elles se jugeront autonomes, elles deviendront elles-mêmes locataires en titre de leur logement, géré par une agence basée à Langon. « Il reste encore des familles à reloger », a souligné Pascal Lafargue. Nous serions ravis de dupliquer ce système. A un moment donné, il faut ouvrir la porte avec les pieds. Cette construction est une sorte de provocation, elle vise à servir d’exemple pour que d’autres projets similaires voient le jour ». 

D’autres communes sur les rangs

Le tout n’est évidemment pas gratuit. Ces logements, labellisés Fabriqu’Coeur d’Habitat ne « dépendent plus d’un régime dérogatoire fragilisant les parcours de sédentarisation », selon le Conseil départemental de la Gironde. Ce dernier a plus que largement porté la main au portefeuille, en finançant plus d’un tiers de l’opération. (543 000 euros sur un budget total de 1 369 605 euros. Originalité supplémentaire : une partie du financement a été abondée grâce à un prêt de 326 753 euros provenant de la Caisse des Dépôts et Consignation, auxquels il faut rajouter les fonds propreS du bailleur (15% du total) et 239 518 euros provenant de la communauté des communes de Montesquieu destinés à l’achat du terrain et aux travaux de voierie. « Il s’agit de choix politiques et d’un projet exemplaire sur l’évolution progressive de sa construction », souligne pour sa part la conseillère départementale Martine Jardiné. Volontairement prudent, le maire de Castres-Gironde n’a que brièvement évoqué d’autres projets similaires en cours, principalement bloqués par un souci d’acquisition du foncier et de la valeur du terrain, qui peut grimper très vite. On sait déjà cependant que d’autres chalets de bois pourraient être construits du côté de Saint-Médard d’Eyrans et deux aires de sédentarisation plus temporaires à Cadaujac et Portet. Elles seront équipées d’eau, d’électricité et d’emplacements bétonnés pour accueillir une poignée de caravanes. Ce mercredi après-midi, la coupure du ruban avait en tout cas quelque chose d’étrange. Les gens venus y assister sont restés d’un côté de la route, quand les familles habitant les chalets de « La Belle Étape » étaient visiblement de l’autre. Pourtant, des deux côtés, on a semblé accueillir cette nouvelle dynamique avec un certain soulagement. 33 familles vivent toujours actuellement sur le « chemin des Limites », cette première « étape » compte donc bien en appeler d’autres pour réduire le plus possible ce nombre.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SOCIÉTÉ > Nos derniers articles