CAPC : les paradoxes du capitalisme faits art


Jusqu'à la rentrée 2024, le CAPC de Bordeaux accueille les œuvres de l'artiste Nina Beier. Avec des sculptures du quotidien, la danoise souhaite mettre en lumière les absurdités de la société capitaliste.

Nina Beier à côté de son œuvre Traffic, deux toboggans-éléphants, l'un remplis de cailloux, l'autre d'ardoise.Enzo Legros | Aqui

L'artiste danoise Nina Beier est à Bordeaux pour inaugurer l'ouverture de son expo "Auto", au Musée d'art contemporain CAPC.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 12/03/2024 PAR Enzo Legros

Pour Nina Beier, artiste et sculptrice danoise, tous les objets du quotidien sont sources de critiques sociétales. « J’ai toujours trouvé intéressants les jeux d’échelles pour donner un sens aux objets », explique la femme de 49 ans.

C’est en effet la marque de fabrique de la native d’Aarhus : utiliser des objets du quotidien, très souvent liés aux animaux, pour faire passer ses messages. Du 8 mars au 8 septembre 2024, le musée d’art contemporain de Bordeaux (CAPC) consacre l’espace de sa nef centrale à ses œuvres, dans le cadre de sa rétrospective de milieu de carrière. 

Une critique continue du capitalisme 

Nina Beier fait de la société capitaliste le centre de son art, en démontrant ses paradoxes et l’impact de la surconsommation. À travers son œuvre Sofa, un canapé en peau de vache déformé auquel sont attachés des faux os pour chiens en peau de porc, elle invite par exemple les visiteurs à se demander pourquoi le canapé est symbole de confort et les os sont associés à la domestication des animaux.

L’œuvre China amène de son côté à se questionner sur le sens de la surproduction, en exposant une masse de faux insectes réellement commercialisés en Chine. 

Des faux insectes noires déposés un peu partout près d'un poteau. Enzo Legros | Aqui

Une partie de l’œuvre China, invitant à se demander pourquoi des représentations d’animaux qui nous font peur sont sur-commercialisés en Chine.

L’artiste honorée jusqu’à la rentrée prochaine ne crée pratiquement aucune sculpture, et préfère se servir d’objets vendus chez des antiquaires ou dans des marchés étrangers. Elle les retravaille ou change simplement leur orientation pour raconter les récits cachés derrière les objets exposés. Traffic, l’une de ses œuvres les plus connus (photo en tête), synthétise l’histoire de l’éléphant battu Jumbo, source d’inspiration du dessin animé Dumbo.

Les cailloux déposés dans le « toboggan-éléphant » représentent les pièces de monnaie, sûrement celles que lançaient les passants lors des spectacles de cirque, qui ont été retrouvés dans le corps de l’animal après sa mort en 1885. 

Une « Auto »biographie de la carrière de Nina Beier

L’exposition « Auto » porte ce nom en référence à l’une de ses œuvres, mais aussi au concept « d’autobiographie des objets du quotidien » que l’artiste met en avant, selon le commissaire en chef du musée, Cédric Fauq.

Ce nom a aussi un sens plus personnel pour l’artiste au moment de faire le bilan de sa mi-carrière et d’écrire un livre autobiographique. Le sol de la nef du musée CAPC, exceptionnellement recouvert d’une moquette blanche éclatante, reflète aussi la période rétrospective que traverse Nina Beier.

L’artiste a en effet suivi des études de cinéma et de photographie, et le raconte avec ce sol semblable à celui d’un studio photo. Il vise aussi à évoquer le carrelage d’une maison et à amplifier la valeur domestique des œuvres. Priés à minima d’enfiler des surchaussures, les visiteurs peuvent également se mettre en chaussettes pour vivre l’expérience comme à la maison. 

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