« Bordeaux Les Landes », par Jacques Sargos, un itinéraire historique et sentimental


Aqui.fr

"Bordeaux Les Landes", par Jacques Sargos, un itinéraire historique et sentimental

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 27/07/2015 PAR Solène MÉRIC

« Bordeaux — Les Landes », dès son titre, résonne comme un itinéraire. Et de fait, la première partie de l’ouvrage se consacre à Bordeaux et la seconde aux Landes, entendues non pas comme le département éponyme, mais bien comme cet ancien désert ou presque, désormais caché sous la forêt de pins. Le livre est donc un itinéraire, un aller-retour de l’un à l’autre, aucune des deux destinations n’étant au final, jamais, indifférente à l’autre.
À Bordeaux, c’est une « promenade égoïste » que nous propose Jacques Sargos, de quartiers (pas un ne semble oublié) en monuments au fil des textes qu’il a écrits dans ce qui lui semble être « une vie antérieure ». Car le Bordeaux que l’on découvre avec lui, contrairement à ce que laisse penser la couverture de l’ouvrage, n’est pas celui qui ces temps-ci récolte tous les prix, récompenses et classements français et internationaux. C’est un autre Bordeaux, plus sombre où les voitures, bien plus qu’aujourd’hui, pullulent. Mais c’est une ville pour laquelle l’auteur s’enthousiasme tout autant posant sur elle son regard curieux, tendre, et souvent drôle, et dont les plus vives critiques se cantonnent en une ironie pas bien méchante. Excepté sans doute concernant le trafic automobile… Un saut dans le passé, qui s’autorise des détours par la fiction via un Bordeaux utopique, où une lettre imaginaire entre Théon et son maître le poète antique Auzone… Une pause agréable, comme une parenthèse hors de la magnificence tant (parfois trop ?) proclamée sur le Bordeaux du XXIe.

Amusement distanciéCôté landais, le cheminement que mène l’auteur, est là encore géographique, voire topographique, mais aussi historique revenant sur « l’épopée landaise » et n’hésitant pas, à l’occasion, à mettre quelques coups de griffe sur l’histoire officielle du boisement des Landes qu’affectionne tant les admirateurs de Napoléon III. C’est un voyage tantôt poétique, tantôt sociologique, passant de l’étude du béret (« qui n’est pas plus basque que béarnais ou landais »…), et de l’origine des échasses (bien loin d’être landaise), à l’architecture, sans oublier bien sûr d’évoquer le regard mi-craintif mi-méprisant qui a longtemps été porté sur les Landais, réputés aussi rudes et sauvages (et parfois bien pires…) que les terres désertiques qu’ils habitaient.
Une population dont Jacques Sargos, Landais de chair et de sang, prend un malin plaisir à redorer le blason avec l’humour et la fantaisie qui caractérise l’ouvrage. Et c’est avec le même amusement distancié qu’il évoque la découverte d’Arachon par les Bordelais (qu’il est aussi…), qui en firent leur « Ville d’Hiver », avant de se vouer de passion pour la côte d’Argent…
Sorti du littoral, il est impossible pour l’auteur d’évoquer les terres désertiques landaises d’antan sans s’arrêter sur le travail de mémoire de « Félix Arnaudin », photographe « maniaque » de l’agonie de cette Grande Landes, à la frontière du 19e et du 20e siècle. Enfin, Jaques Sargos n’oublie pas de revenir sur « l’empire des arbres » dans ce qu’il a de plus noble, tout comme sur la spéculation désastreuse qui l’a précédé, entraînant d’autant plus vite les craintes d’Arnaudin, et une nouvelle histoire des Landes.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles