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PUBLIÉ LE 02/03/2007 PAR Estelle MaussionLe GLOB est une ancienne scierie. De grands volumes, une scène large de dix mètres et une acoustique naturellement bonne. Voici le cadre de la revue de presse proposée : artistique. « Elle tiendra plus de la performance que du spectacle. C’est un projet complètement fou mais excitant en même temps », avoue Jean-Luc Ollivier.
Il se sert, depuis quatre mois, du moteur de recherche Google pour récolter tous les jours les coupures de presse traitant de l’immigration. Il consulte les sites des journaux français. Il fait travailler des amis qui lisent pour lui. Ensuite c’est la sélection pour trouver les « perles » : des exemples ou des histoires qui l’inspirent, le révoltent ou l’amusent. Comme ce code de vie à l’attention des nouveaux arrivants, adopté par le conseil municipal d‘Hérouxville, un village québécois. Le code interdit de lapider les femmes ou de porter le voile dans les lieux publics. Précision : le metteur en scène n’est pas sûr qu’il y ait des étrangers dans le village.
Les deux comédiens, Nebosja Vljovic, bosniaque et Beatriz Gallizo, espagnole, apportent leur contribution : le premier en racontant l’histoire de son pays et son vécu de réfugié de guerre, la seconde en expliquant comment on devient « étranger ».
« Notre objectif est, qu’à la fin du spectacle, le public se pose des questions. Ce qu’on va présenter ne sera pas forcément confortable » avoue le metteur en scène. Xavier Quéron, son complice et responsable de la communication du théâtre, insiste : « le spectacle est avant tout une œuvre artistique. Ce n’est absolument pas une entreprise moralisatrice. Nous demandons aux artistes de traiter un sujet d’actualité et de s’interroger sur la façon dont il a été abordé dans les médias. »
Dénoncer la manipulation
« Je veux manipuler les gens pour ensuite dénoncer avec eux cette manipulation », les yeux plein de malice, Jean-Luc Ollivier dévoile ses procédés. Un montage projetant le programme du Front national (FN) avec, en fond d’écran, une image en noir et blanc de réfugiés kosovars montant dans des trains. Une allusion à la déportation juive alors que les trains, en Afrique, servaient à évacuer les populations et à les protéger.
Révolté l’artiste a suivi les péripéties de la famille Raba, expulsée après cinq ans passés en France. « Qu’on soit pour ou contre les régularisations, la violence physique et morale des expulsions est inadmissible » clame-t-il. Le metteur en scène se tait. Café avalé, la pause est déjà terminée. Il part retrouver « l’homme qui marche dans la neige », le fil conducteur de cette revue de presse, qu’il doit achever.
Revue de presse artistique, « Don’t talk to strangers », GLOB théâtre, 69-77 rue Joséphine, 33 000 Bordeaux, les 9 et 10 mars à 21 heures. Réservations : 05 56 69 06 66.
Estelle Maussion
