Décidément, quel dommage cela aurait été que cette messe solennelle d’Hector Berlioz ne fût pas retrouvée! Pourtant elle n’est sortie de ce coffre en bois, dans lequel elle dormait depuis plus d’un siècle, qu’en 1992!Le compositeur qui n’en était pas satisfait affirmait l’avoir brûlée, mais il n’en avait pas moins repris des extraits ou des thèmes dans les oeuvres qui lui avaient succédé, la Symphonie Fantastique, Benvenuto Cellini, et le Carnaval Romain, notamment.Cette messe dont Polifonia et Eliane Lavail ont eu la bonne idée de la faire mieux connaître mobilisait le choeur symphonique Polifonia,l’Ensemble vocal d’Aquitaine, l’Orchestre Aquitaine-Hauts-de-Garonne, la soprano japonaise Junko Saïto-Cattelain, le ténor anglais Michael Bennett, et la voix de basse de Vincent Lecornier. Cet ensemble de plus de 200 choristes déployé sous les orgues de la cathédrale Saint-André, et dont la préparation avait été assurée avec la contribution de France Desneulin, Bernard Causse, et Damien Sardet, ne manquait ni d’allure, ni de parfait répondant à baguette d’Eliane Lavail. Une fois de plus, celle-ci a réussi l’éclatante démonstration de son vaste savoir faire qui s’étend du maniement du chant choral à celui des musiciens. Celle qui est l’une des rares femmes chef d’orchestre, sans doute un peu tendue au début -mais c’est bien compréhensible- a conduit magistralement l’ensemble dans uneparfaite alliance des voix et de la musique. Une musique à travers laquelle on retrouve bien des thèmes d’autres oeuvres de Berlioz et qui « dépoussière »la messe à coup de cymbales et de mesures -peut-on le dire- parfois endiablées, à la manière romantique, et qui fait songer qu’après tout il n’y a aucune raison qu’une messe nous fasse sombrer dans l’ennui!
Voir aussi notre reportage sur Polifonia
Notre photo: Grande messe et beau succès (Ph Aqui)
Gilbert Garrouty