C’est inscrit dans son nom, l’entreprise de Sébastien Ackermann, BASE, s’appuie une idée « de base » pour la production de ses panneaux solaires pas comme les autres : utiliser la partie thermique des panneaux photovoltaïques. « Un panneau solaire photovoltaïque classique convertit l’énergie solaire en électricité. Mais quand il fait ça, il chauffe très fort, or quand il chauffe très fort, il produit moins d’électricité. C’est un cercle vicieux en quelque sorte », explique en quelques mots le chef d’entreprise.
A l’époque où il décide de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale, « beaucoup d’entreprises investissaient énormément d’argent pour tenter de gagner quelques dixièmes de pourcent de rendements photovoltaïques », se rappelle-t-il. Or, « le simple fait d’évacuer la chaleur faisait gagner 10, 15, 20% de rendements… » En 2009, il décide alors de créer BASE pour développer des solutions permettant d’évacuer cette chaleur des panneaux photovoltaïques et ainsi proposer des produits plus performants. Et c’est à Pessac, au sein de la Technopole Bordeaux Unitec, que l’entreprise a vu le jour.
Panneau solaire hybride 100% françaisDès 2010, les premiers essais et prototypes fonctionnent bien, même mieux que prévu. « Nous dégagions tellement de chaleur, qu’on a choisi d’avancer sur le concept de « panneau solaire hybride », produisant à la fois de l’électricité et de la chaleur. » De là est né Cogen’Air, le panneau solaire pour la cogénération conçu, breveté, industrialisé et commercialisé par BASE depuis 2013. A total, 1 M€ d’investissement en R&D pour concevoir le produit.
La face avant capte le rayonnement et produit de l’électricité, la face arrière équipée d’un échangeur d’air et d’une caisse permet la production et la récupération de la chaleur. Le tout avec du matériel 100% français, le panneau photovoltaïque, avant montage en Cogen’Air vient d’une des dernières usines françaises située à Saint-Etienne, explique Sébastien Ackermann.
Au regard de sa spécificité «hybride », Cogen’AIR, est valorisé sur trois applications principales. La première la plus classique est celle de l’habitat, privé ou collectif pour la production simultanée d’électricité et de chauffage. Avec une production, par panneau, de 250 W d’électricité et 750W de chaleur, Cogén’Air couvre entre 50 et 75% du besoin énergétique d’une maison d’environ 100m2. Donc, au total, « une rentabilité de l’installation, hors, aide d’Etat et tarif de rachat, comprise en 7 et 9 ans » évalue le responsable. Et, petit bonus, les panneaux ont la possibilité de fonctionner en réversible la nuit et de faire de la climatisation pour les chaudes nuits d’été. « Actuellement, nous avons une trentaine d’installations qui tournent, avec au total un millier de panneaux installés sur le territoire ».
Le savoir-faire du séchage solaireLe second grand marché auquel s’attaque Cogen’Air c’est celui du séchage agro-industriel. « Chaque année, en France, il est dépensé l’équivalent de 9 réacteurs nucléaires pour sécher les produits, c’est colossal ». Une manne que BASE compte bien faire sienne. « Notre ambition est de remplacer partout où c’est possible, les énergies fossiles par du solaire », c’est dit. Mais puisqu’il faut un début, ce sont pour l’heure deux marchés principaux qui sont visés : l’agriculture, principalement l’élevage pour le séchage du fourrage qui va alimenter les animaux, et le marché du sciage bois.
Dans le premier cas, sécher artificiellement le fourrage, permet de lui conserver une meilleure qualité: plus de protéines, plus de matière grasse, et donc pour l’éleveur moins besoin de complément alimentaire. Si l’argument des économies et de l’autonomie alimentaire des animaux est convainquant, il l’est d’autant plus pour les agriculteurs bio, qui veulent être indépendants pour pouvoir garantir que leur lait ou viande est 100% bio et ne contient pas de produits qui ne respecterait pas le label, explique Sébastien Ackerman avant de poursuivre : «l’installation de séchoirs artificiels connaît une grosse dynamique en France et notre technologie est la plus économique et écologique pour sécher ce fourrage à moindre coûts », et surtout elle est la seule à maîtriser le savoir-faire du séchage solaire… La rentabilité est entre 3 et 5 ans, assure-t-il. BASE compte « entre 80 à 100 projets de séchage de fourrage dans les tuyaux, dans toute la France, mais principalement sur la moitié ouest ».
Quant au marché du séchage du bois, « on construit des centrales de séchage, soit pour produire du combustible pour les chaudières et les poêles (avec les co-produits issus du sciage notamment), soit pour le séchage du bois d’oeuvre (planche ou bois construction). Là, les rentabilités sont encore plus courtes, puisque comprises entre 2 et 4 ans. Sur ce volet, nous avons une trentaine de projets dans les tuyaux et sur l’ensemble des projets de séchage (y compris quelques projets autour du recyclage des déchets, de la méthanisation) ça représente à peu près 150 projets pour un chiffre d’affaires potentiel, d’environ 20 M€ sur les 2-3 ans à venir. Nous avons une dizaine de nouveaux projets chaque mois, c’est énorme. » En effet, la dynamique de croissance est belle, avec un chiffre d’affaire de 200 000€ en 2014, le CA 2015 devrait être autour des 2,5M€…
Levée de fonds et programme d’investissement de 3M€Une croissance qu’il s’agit désormais d’accompagner. « On a énormément de demandes, et pour les satisfaire on a besoin de recruter des gens et de « staffer » l’équipe, (qui compte actuellement 17 personnes, ndlr). Pour ça, on a déjà commencé à investir, d’abord dans une unité d’assemblage sur site, qui nous permet de livrer à peu près 500 panneaux par mois, et dans le recrutement de forces commerciales. » Des investissements que l’entrepreneur souhaite poursuivre et qui justifient une levée de fonds en cours sur un programme d’investissements de 3 M€. Un M€ manque encre à l’appel, si des investisseurs sont déjà sur les rangs, d’autres pistes sont encore à confirmer. « En outre on est très soutenu par la Région Aquitaine et par BPI France, ainsi que le groupe Michelin qui soutient les entreprises industrielles en croissance. ADI est aussi à nos côtés pour la recherche d’investisseurs. » précise-t-il.
Outre sa technologie, ses projets et sa philosophie d’entreprise, BASE, qui a également une activité de vente sur internet de matériel solaire et de cabinet d’étude spécialisé sur les questions énergétiques, s’est vue récompensée à plusieurs reprises pour son projet Cogen’Air : entrepreneur de l’année pour La Tribune, plusieurs fois lauréat de l’ADEME, ou encore récemment, désigné éco-entreprise de l’année 2015 sur le volet énergie renouvelables par le Ministère des Finances, BASE a largement gagné ses galons d’entreprise, non seulement innovante, sérieuse et crédible. Et pour démontrer encore un peu plus son dynamisme, elle participe en ce moment même au concours « My positive impact », créée par la Fondation Nicolas Hulot, où les citoyens sont appelés à voter pour les projets ou entreprises qui développent des solutions pour contrer le dérèglement climatique. A la clé une grosse campagne de communication pour les cinq premiers lauréats. A huit jours de la fin du concours (le 6 juillet), BASE arrive en 2nd position. A vos votes, si vous considérez que le projet mérite une première marche du podium !