Arte Flamenco: Flamenco et modernité, « la tradition en mouvement »


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Arte Flamenco: Flamenco et modernité, "la tradition en mouvement"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 08/07/2015 PAR Solène MÉRIC

Son « Yo, Carmen » l’a encore démontré lundi soir sur la scène de l’espace François Mitterrand. Le flamenco de Maria Pages est empreint d’une grande modernité, et ses créations sont d’ailleurs souvent le fruit de collaborations artistiques multiples : avec le chorégraphe de danse contemporaine Sidi Larbi Cherkaoui pour le spectacle Dunas, ou encore l’architecte brésilien Oscar Niemeyer pour le ballet Utopia lors duquel intervenait le chanteur brésilien de folk Fred Martins. Des collaborations qui sont pour elle naturelles, « c’est un processus de ma vie, en tant que danseuse et créatrice artistique. Une modernité que j’ai intégré à ma personne ». Parce qu’elle le soutient corps et âme, « la modernité et l’ouverture, c’est l’essence du Flamenco ! Si l’art flamenco peut ou a pu sembler fermé, c’est plutôt pour se protéger. » Un besoin de protection qui n’est pas sans lien avec le poids de l’histoire politique espagnol et de la dictature de Franco.

La modernité inhérente au flamencoUn point de vue appuyé par Domingo Gonzales, ancien directeur de la Biennale de Séville (2009 à 2011). Voir Maria Pages danser avec Sidi Larbi Cherkaoui, c’est « l’état normal d’évolution du flamenco. La modernité, c’est une chose inhérente au flamenco, puisque sa matière première, c’est la matière vivante. » Et d’illustrer : « dès le 19ème siècle, le flamenco est allé dialoguer avec l’opéra qui était à l’avant-garde de la culture populaire. Au 20ème siècle, le cinéma a aussi était un média artistique fort pour le flamenco, et a participé à la création de grandes figures qui ont porté cette modernité… » Autres exemples soutenant que la modernité et l’ouverture aux artistes contemporains n’est pas un phénomène flamenco nouveau : « au début du 20ème siècle, les collaborations avec des scénographes appelés Picasso ou Dali n’était pas rares », souligne Maria Pagès.
Pour Sandrine Rabassa, la Directrice artistique d’Arte Flamenco, aussi « le flamenco est moderne dès le début. On y retrouve des pas indiens, arabes… Il est à l’image de ceux qui le font et l’ont fait : un peuple gitan nomade qui s’ouvre aux peuples des pays qu’il a traversés. Les artistes flamenco sont depuis toujours dans la recherche ». «Il est certain que les danses se construisent dans les influences », confirme Gaël Dominger, chorégraphe et Directeur du Labo de recherche chorégraphique sans frontière (ballet Mallandin à Biarritz). Et les collaborations artistiques autour du flamenco ne font pas exception au constat universel que « les contemporains se posent la question de la tradition, et les danses traditionnelles ont la volonté d’aller de l’avant ».
Toujours est-il constate Maire-Christine Verney, critique de danse, spécialiste du flamenco, que « la nouvelle génération d’artistes a su débarrasser le flamenco du folklore qui l’encombrait pour garder l’essentiel. Ils ont su s’approprier le mot tradition, le prendre par eux-même et ne pas se laisser enfermer ».

De plus en plus de publicLa synthèse de la matinée d’échange entre dans une formule de Maria Pagès, « le Flamenco est moderne parce que la modernité c’est la tradition en mouvement. Il y a des périodes où le mouvement est plus lent, et d’autres où il est plus agile et plus rapide. Désormais, évolution et tradition peuvent aller de pair. »
Une évolution du flamenco, qui rencontre un intérêt de plus en plus fort du public et des programmateurs culturels, s’accordent les invités. Le flamenco, sort des festivals qui lui sont réservés et apparaît dans les saisons culturelles ou dans les festivals qui à l’origine n’en programmaient pas… «On en discute tranquillement aujourd’hui, mais ça n’a pas toujours était aussi facile et simple ! » tient à rappeler la talentueuse et moderne chorégraphe andalouse, évoquant quelques accueils plutôt froids de son travail, à Séville. Séville où pourtant quelques années plus tard, lors de la Biennale du flamenco 2010, elle fut acclamée, avec son partenaire, à l’issue de la présentation du ballet Dunas… Un décalage qui tendrait à dire que plus que moderne ou contemporain, le flamenco est bien souvent à l’avant-garde de la culture populaire contemporaine.

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