Alain Juppé, ce Landais qui dit son amour de Bordeaux


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Alain Juppé pose ses conditions pour assurer l'intérim à l'UMP

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/11/2018 PAR Joël AUBERT

Car le jeune lycéen de Victor Duruy, à Mont-de-Marsan, avait en manière d’obéissance familiale, l’obligation d’être le premier de la classe. Landais, assurément, comme il se plaît à le rappeler dans ce dictionnaire dont quelques unes des pages les plus savoureuses, sont nées des repas chez les Darroze, à Villeneuve-de-Marsan, dans le berceau cher à une tribu de cuisiniers étoilés, Hélène en tête … Confidence:  » je sens encore en bouche les saveurs subtiles de ses artichauts farcis qui associaient les saveurs du foie gras et celles des champignons ». Ces Landes où le jeune homme se lance en politique, en 1978, et qu’il parcourt avec l’espoir d’un mandat de député. Peine perdue mais aveu « d’avoir gagné en intimité avec ma terre. »

Chaban « camarade »

Alors Bordeaux? Alain Juppé y retrouve bien, de temps à autres, ses grands parents paternels mais garde surtout de ses passages, dans la ville de Chaban, le souvenir des vêtements achetés pour sa soeur et lui, chez « Mod » où Madame Juppé mère habillait ses enfants pour l’hiver. Alors Bordeaux?…Récit de cette demande inattendue de Chaban suivie d’une réponse immédiate et empressée d’Alain Juppé à son « jeune camarade de l’inspection des Finances », lors d’une cérémonie aux Invalides où les deux hommes étaient assis cote à cote. L’homme qui tint la ville pendant quarante huit ans avait décidé de ne pas tenir rigueur au ministre des affaires étrangères de ses fidélités chiraquiennes.

Mais, au-delà des circonstances, allait naître l’engagement de Juppé au service d’une ville dont il ne pouvait que mesurer combien elle avait pâti des dernières années de règne de celui qui fut le chantre de la nouvelle société. L’intérêt de lecture de ce Dictionnaire, qui ne contient quand même pas moins de 588 pages, tient autant dans l’évocation de quelques figures de la vie bordelaise, de quelques lieux emblématiques de celle-ci, que dans le choix de noms qui résonent, par exemple, par la couleur de ses vins. Ainsi en est-il de l’évocation du château Yquem dont le terroir, « colline heureuse » selon Michel Serres ou « colline inspirée » pour Jean-Paul Kauffmann, et le micro-climat si favorable à l’apparition de la pourriture noble, ce botrytis cinerea, permettent la naissance du plus grand vin du monde. Au passage on notera qu’Alain Juppé, se retranchant derrière l’avis d’Alexandre de Lur Saluces, le grand maître d’Yquem, est moins affirmatif que les opposants au tracé de la LGV Bordeaux-Toulouse qui mettent en avant le rôle essentiel que jouerait la proximité du Ciron et le brouillard qui en émane, au temps des vendanges. Et d’ajouter:  » il est toujours risqué de toucher à un mythe ».

L’hommage à Jean Balde

Parmi les noms que l’on découvre, au gré de ce voyage « amoureux », on ne sera pas surpris de trouver celui de Jean Balde, née Jeanne Alleman, magnifique écrivain qui fait « revivre un Bordeaux bourgeois et mondain » mais évoque à regret la perspective abimée par les hangars massifs du Port de la Lune. Alain Juppé, avec le grand aménagement des quais, se réjouit en les ayant fait disparaïtre d’avoir, en quelque sorte, exaucé le voeu de l’auteur de « La Maison au bord du fleuve ».

Aimer Darwin

Quant aux lieux, accordons une mention particulière à Darwin. Et laissons à Alain Juppé lui-même, après en avoir fait le récit de la naissance et s’être abrité derrière la définition qu’en a donné le site de l’Office de Tourisme et des Congrès de Bordeaux  » un lieu alternatif dédié au développement économique responsable, à l’entrepreneuriat social, à la transition écologique et à l’activisme citoyen », le soin, très politique, de dépasser, avec un pointe d’humour finale, les débats passionnés justement liés à l’activisme de ses responsables et d’affirmer: « Les avantages du succès de Darwin sont mille fois supérieurs à ses inconvénients. Et puis j’ai confiance dans les vertus du dialogue. Nous aimons, les uns et les autres, Bordeaux et l’ouverture d’esprit qui y règne. Je ne me lasse pas d’aimer Darwin. » Soit, mais pour prendre sans doute la juste mesure du dessein de cet homme qui rappelle dans l’épilogue à ce dictionnaire, intitulé « Bordeaux 2050 », qu’il y a près d’un quart de siècle qu’il consacre une bonne partie de son énergie, et le plus clair de son temps à sa ville, faut-il avoir présent à l’esprit l’invitation qu’il a lancée aux bordelais et à l’ensemble des habitants de la métropole. « Bordeaux 2050″ ou comment contribuer à réfléchir à ce que pourrait être son avenir, sans éluder les contraintes actuelles liées à sa très forte croissance. Et d’énumérer les transformations planétaires de nos sociétés, sans craindre de suggérer que  » Bordeaux à sa modeste place mais à sa juste place, à l’instar des villes les plus créatives, pourrait être le laboratoire de ce nouveau monde?  » A suivre…

 Dictionnaire amoureux de Bordeaux. Alain Juppé, éditions Plon , 25 euros www.plon.fr


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