En 14 mois, Agri Cap Conduite forme des chauffeurs d’engins viticoles à Saint-Emilion et Pauillac. « Le but ,c’est de partir de l’initiation pour devenir chauffeur viticole hautement qualifié », explique Gabrielle Pellegrini, formatrice en agroéquipement. Une vingtaine d’élèves entre 18 et 60 ans obtiennent leur diplôme chaque année et sont « capables de faire les vendanges ». Les seuls pré-requis pour s’inscrire à la formation : savoir lire, écrire et compter.
« J’étais dans le commerce et j’en ai eu ras le bol », raconte Mélissa Demptos, récemment diplômée. Ne pensant initialement pas arriver jusqu’à la fin de la formation, la jeune femme espère maintenant « devenir tutrice d’un jeune ». « Les personnes qui sont en reconversion et qui ont d’autres compétences, servent dans leur nouveau métier. Ce sont des profils très enrichissants », développe Gabrielle Pellegrini.
Un accompagnement sur mesure
L’école de conduite s’engage à offrir les meilleurs matériaux et outils à leurs élèves. « Ils pilotent des Vitibot et conduisent des tracteurs électriques, explique la formatrice d’Agri Cap Conduite. On suit les nouveautés pour que les élèves soient le plus « embauchables » possible, peu importe la technologie utilisée dans les châteaux ».
Au Salon de l’agriculture, des baptêmes de conduite sont proposés sur un tracteur Valtra 195 chevaux ou une machine à vendanger Grégoire G7, des engins utilisés par Agri Cap Conduite dans la formation.
« On apprend à conduire des machines, à rentrer dans les parcelles, à entretenir les machines, le travail du sol, la récolte des vendanges, le traitement avec le Certiphyto (Certificat individuel de produits phytopharmaceutiques, ndlr) et les technologies embarquées », précise Mélissa Demptos.
L’école organise tous les mois « l’info collective ». Un moment de rencontre entre les châteaux viticoles et les candidats. Cela permet à Agri Cap Conduite de s’assurer « que les Châteaux vont accompagner correctement les candidats pour qu’ils aillent au bout de leur formation », précise la formatrice. En entreprise, les élèves sont très encadrés. « On a un tuteur qui nous évalue et les formateurs de l’école qui passent deux fois dans l’année pour vérifier que tout se passe bien », poursuit Mélissa Demptos. Sur leur temps de formation, les élèves ne passent qu’une semaine par mois à l’école.
Il manque plus de 300 chauffeurs en Gironde
Dans le contexte de la crise viticole, le nombre de conducteurs d’engins est faible. Gabrielle Pellegrini, révèle qu’il « manque plus de 300 chauffeurs en Gironde. Entre Montaigne et le Médoc, une centaine de châteaux recherchent des conducteurs ». Cette formation ouvre les portes de l’emploi. « J’ai travaillé pour le Château de Camensac à Saint-Laurent Médoc et je suis actuellement en CDI chez eux », explique Mélissa Demptos.
Le métier souffre d’un déficit d’image. « Les gens pensent que c’est un métier très pénible avec de larges tranches horaires », explique la formatrice. Pourtant, les tracteurs sont aujourd’hui « beaucoup plus confortables au niveau de l’assise, des cabines et de la maniabilité. Certaines cabines ont même la clim et un petit frigo. Ça améliore nettement les conditions de travail », termine Gabrielle Pellegrini.
« Ce n’est pas un métier difficile, sauf pour serrer les boulons, rigole et confirme Melissa Demptos. Les femmes sont souvent moins brutes, elles sont plus précises et font plus attention ». Un métier qui met décidément à bas les a priori.