La cour a suivi les réquisitions du parquet général. Ce dernier avait justifié sa demande au motif que les investigations en cours pourraient être perturbées par d’éventuelles « pressions » ou « interventions » de sa part. A l’époque, son avocat, Me Pierre Haïk, avait parlé de « mascarade », assurant que l’enquête sur l’affaire Bettencourt pourrait se poursuivre « sans entraves », même si son client était laissé libre. Les défenseurs de Patrice de Maistre soupçonnent les juges de l’avoir incarcéré pour faire pression sur lui, afin qu’il parle sur un éventuel financement illicite de la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Et ce, en pleine campagne présidentielle… Patrice de Maistre, qui est poursuivi pour « abus de faiblesse, abus de biens sociaux et escroquerie aggravée », reste donc en prison.
Patrice de Maistre, un bouc émissaire ?
Au coeur de l’enquête des juges : deux sommes de 400.000 euros, qui auraient pu servir à financer la campagne de Nicolas Sarkozy il y a cinq ans. L’ancien homme de confiance de Liliane Bettencourt ne nie pas les faits mais assure qu’il ne sait pas où est allé l’argent. Le premier retrait de 400.000 euros, le 5 février 2007, précède de deux jours une rencontre entre Patrice de Maistre et Eric Woerth, alors trésorier de l’UMP et de la campagne Sarkozy. Patrice de Maistre était membre du « Premier cercle », club des donateurs fortunés de l’UMP. « Une chose est sûre, ce n’était pas pour lui », a déclaré en avril son avocate, Jacqueline Laffont. « On fait, à un moment très précis, qui n’a échappé à personne, porter un chapeau », avait-t-elle dénoncé. En outre, dans un carnet saisi par la police, le photographe François-Marie Banier, le confident de Liliane Bettencourt, rapporte à la date du 26 avril, qui correspond à l’autre retrait de 400.000 euros, une phrase de la milliardaire: « De Maistre m’a dit que Sarkozy avait encore demandé de l’argent. J’ai dit oui ». Une première demande de libération avait été rejetée le 30 mars, mais un examen médical a alors été ordonné. Les conclusions de cette expertise ont été présentées à l’audience aujourd’hui. Les médecins estiment que son état est compatible avec la détention. A noter, que Patrice de Maistre n’était pas présent à l’audience.
Affaire Bettencourt : Patrice de Maistre reste en prison à Bordeaux
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