Le chiffre d’affaires lié aux activités aérospatiales augmente de 5,7% en 2021, c’est loin de pouvoir rattraper le recul de 33% enregistré en 2020 suite à l’arrêt brutal de la filière pour cause de pandémie. Le chiffre d’affaires de la filière dans le Grand Sud Ouest reste donc très en deçà de son niveau d’avant-crise, 30% inférieur à celui de 2019. Les reprises d’activité sont à divers rythmes selon les secteurs. « Aucun secteur ne retrouve totalement son niveau d’activité d’avant-crise », constate l’INSEE. Et ce constat se vérifie aussi au niveau des entreprises : « les grandes entreprises n’ont pas non plus retrouvé leur niveau d’activité d’avant-crise, pas plus que les entreprises de taille intermédiaire et les PME », analyse l’Insee.
Une dynamique plus vive en amont de la filière
Côté industrie, le secteur de la construction ne reprend que « modérément » annonce l’Insee avec un chiffre d’affaires en hausse de 5,1 % par rapport à 2020. En cause notamment, les difficultés rencontrées par Boeing qui freine la reprise chez les motoristes et les spécialistes en aérostructure, côté aéronautique. La dynamique est plus vive en amont de la filière avec un chiffre d’affaires « nettement à la hausse » pour les équipementiers électroniques et électriques à + 22,3 %. Pour les acteurs du tertiaire, l’élan côté aéronautique (+ 11,5 %), ne se vérifie pas pour le spatial, posant un moyenne à +6,8%. D’ailleurs, seule la fabrication d’équipements (matériels électriques et électroniques, machines) et les activités informatiques, voient le chiffre d’affaires 2021 se rapprocher du niveau d’avant-crise (respectivement – 4 % et – 2 %).
Le secteur de la métallurgie continue à essuyer les effets de la crise avec un chiffre d’affaires qui diminue encore (-15,1 % en 2021).
La métallurgie à la peine
Du côté des freins sur les activités, deux marqueurs de la crise sanitaire perdurent sur l’année 2021 : la chute de la demande, pour 2 entreprises sur 3, et les contraintes sanitaires, pour 1 entreprise sur 2. Outre ces deux obstacles, certaines entreprises commencent à pointer les problèmes de disponibilité des fournisseurs et des difficultés d’approvisionnement, relaie l’étude. Particulièrement dans la métallurgie qui affronte une très forte tension sur ses matières stratégiques (titane, aluminium, acier, inox). Une tension qui existe aussi sur les semi-conducteurs nécessaires dans la fabrication d’équipements électriques et électroniques. Dans ces deux secteurs, les entreprises sont deux fois plus nombreuses qu’en 2020 à mettre en avant ces contraintes d’approvisionnement.
A cela s’ajoute, encore dans la métallurgie, qui n’est décidément pas épargnée, mais aussi dans la construction aéronautique et spatiale, une hausse des prix et de matières premières à laquelle elles sont particulièrement sensibles. Dans ces deux secteurs, 40 % des entreprises déclarent connaître des difficultés de trésorerie, contre 32% au niveau de la filière dans son ensemble.
Quant à l’emploi, les effectifs au sein de la filière aérospatiale du Grand Sud Ouest restent stables en 2021 (+0,3%). Ils se redressent dans le tertiaire (+7,7%) mais diminuent à nouveau dans l’industrie (-3,3%) dans l’industrie où l’emploi baisse particulièrement dans la métallurgie (– 8,6 %) dont l’activité est fortement ralentie.
Les embauches envisagées pourraient ne pas aboutir
Pour autant, l’heure se veut à l’optimisme. Globalement, les chefs d’entreprise (interrogés en juillet 2022) anticipent une accélération de la reprise dans l’aéronautique et dans le spatial sur toute l’année 2022, avec des soldes d’opinion encore plus élevés au second semestre 2022, quels que soient la taille de l’entreprise et le secteur d’activité. Pour accroître leurs capacités de production suite à la reprise de l’activité, les entreprises misent d’abord sur la hausse de leur main-d’œuvre.
Un renforcement des effectifs qu’elles souhaiteraient accompagné d’une hausse des investissements des moyens de production et des capacités d’innovation pour soutenir les reprises d’activité. Pour autant en parallèle, quasiment 8 entreprises sur 10 déclarent être confrontées à des difficultés de recrutement « quels que soient le secteur d’activité, la taille de l’entreprise ou le domaine de recrutement ciblé ».
Ainsi, les embauches envisagées pourraient ne pas toutes aboutir, et pourtant, comme de nombreux autres secteurs, « c’est bien un des défis majeurs auxquels doit faire face la filière aérospatiale dans ce contexte de reprise de l’activité », conclut l’Insee.