AEC : Quand la presse a le devoir d’innover


Isabelle Camus

AEC : Quand la presse a le devoir d'innover

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 10/03/2010 PAR Joël AUBERT

Dans le foisonnement actuel retenons surtout le décryptage de Scherer et son inventaire des points de rupture : la baisse de la valeur économique de médias quand on la met en vis à vis avec les nouveaux usages, en particulier ceux des jeunes qui « veulent en avoir pour leur argent », le passage de l’économie de l’offre à celle de la demande,l’arrivée d’une sorte d’économie dictée par l’attention une manière de«temps de cerveau disponible » chère naguère à l’ex-patron de TF1 Le Lay, un phénomène qui concurrence de plein fouet les médias traditionnels, l’énorme fragmentation de la consommation de l’information, la fin du journalisme de surplomb « magistral », le déni de la révolution numérique dans les médias traditionnels. Mais aussi l’émergence de concurrences inattendues, celle de petites équipes qui créent leur média.

La révolution marxiste pour la première fois…
Et Eric Scherer de risquer cette affirmation pour expliquer la désintermédiation en marche : la révolution marxiste réussit pour la première fois, dans la mesure où le public, privé des moyens de production s’en est emparé. Que reste-t-il aux journalistes dont le nombre d’emplois diminue partout dans la presse occidentale ? Réponse : la collecte de l’information, l’enquête, l’investigation, le tri de l’information, l’analyse. Un tableau dans lequelchacun qui aime ce métier et le pratique avec un corpus de valeurs bien chevillées peut se reconnaître. Encore faut-il savoir protéger ses contenus et trouver les moyens de vivre, ce fameux modèle économique que la presse internet tente de construire, le plus souvent sur le mode de la gratuité et sur fond de crise économique.

Sud Ouest : le changement en marche
Difficile challenge à relever pour des groupes qui doivent changer de braquet au moment où la presse quotidienne, régionale en particulier, subit l’érosion continue de sa diffusion et des pertes au sein de son activité de médias gratuits d’annonces qui s’évade vers le net. Yann Chapellon, sans nier ses difficultés, n’a pas tardé à les dépasser, en soulignant le potentiel du groupe Sud Ouest et la valeur d’une rédaction sans laquelle la mutation en cours vers le net serait plus aléatoire : « nous avons arrêté de reproduire le journal en ligne, nous renforçons des équipes, installons un « desk » spécifique au journal en ligne, au cœur de l’information en continu ». Un nouveau site va donc voir le jour entre le 25 mars et le 3 avril, l’information locale étant organisée autour d’un tryptique : actualité, sport, fait divers. L’ancrage géographique s’organisant à partir des«bassins de vie et des lieux de vie ». Et, à terme, chaque correspondant du journal disposera de son blog. Ce bloggeur dont Ternisien craint, au passage, la « lassitude ». La connexion aux réseaux sociaux devrait être l’un des objectifs majeurs de la refonte en cours à Sud Ouest, et ceci à partir du constat de Chapellon : un lecteur internaute passe 45 minutes par jour sur Facebook 

« Ayez des projets! »
A l’heure du débat avec la salle, à l’IJBA, c’est encore la délicate question du modèle économique de la presse numérique qui a principalement refait surface. Sur un site de presse, où faut-il placer le curseur des éléments que les internautes accepteront de payer et ceux qui devront rester gratuits ? La vision de l’information comme un bien public peut-elle justifier des financements de grand reportage d’investigation par de grandes fondations, des ONG ou suite au vote des internautes en faveur de tel ou tel sujet ?
Mais, de façon assez paradoxale ces questions et interventions n’étaient pas celles des étudiants de l’Ijba, mais du public extérieur à l’école. Le silence de ces futurs journalistes provient-il, comme l’a suggéré Eric Scherer de leur vision trop attachée à un journalisme « à l’ancienne » ? Face à cela, le Directeur Stratégie et Relations extérieures de l’AFPles exhorte : « ne rêvez pas d’aller bosser pour Libé ou TF1 ! Au contraire, ayez des projets ! Vous pouvez venir concurrencer Sud Ouest avec quelques idées innovantes. Les coûts de production sont quasi nuls, il n’a jamais été aussi facile d’essayer de se lancer ! » Peut-être a-t-il fait naître quelques ambitions numériques ?

Photo : I. Camus

Joël Aubert et Solène Méric

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